Le secret

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Nouvelle revue française, 1919 - 196 pages
 

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Popular passages

Page 173 - Et même, jeter sur le pavé un pauvre hère ; Parce que, maintenant, je sais que de l'or, De l'or, il y en a plein le monde, Et que ça appartient aux gens raisonnables Qui couchent tous les soirs avec leurs épouses, Et, de temps en temps, avec la bonne aussi ; Parce que je suis gras d'être assis, Que mes gestes sont lourds sur mes mollets maigres, Que j'ai le front ridé de petits soucis, Le teint jaune, les pommettes bouffies, les lèvres pâles, Et des pochons sous les yeux, Ils croient que...
Page 176 - Mais qui a tant appris sur les routes du monde Qu'il n'aura plus peur de son vieux péché, Et qu'il laissera ses yeux indulgents Jouir des mouvements, des lignes, des formes Que jadis il nommait une abomination. Un Peuple où il y aura des pères et des mères, Mais aussi des garçons amoureux Et des jeunes filles dansantes...
Page 95 - Il ya trop de rouge gras entre nous. Enfants, Qu'est-ce que j'ai à vous dire ? Je ne suis pas parti vers vous. Aucun de vous n'a fatigué mes bras ni mes genoux. Aucun de vous n'a détourné ma main qui écrivait Et n'a jeté de l'encre sur ma page. Enfants, petits enfants, Qu'est-ce que j'ai à vous dire ? Il ya trop de baisers, pas donnés, entre nous.
Page 178 - L'un était pharisien, et l'autre publicain. Le pharisien debout disait en lui-même : « O Dieu, je te rends « grâces de ce que je ne suis pas comme les autres « hommes (par exemple, comme ce publicain),
Page 94 - Qu'est-ce que j'ai à vous dire ? Je vous aimais. Mes livres, mon Dieu, m'avaient parlé de vous. Je suis parti vers vous pour vous porter ma force. Mais j'ai vu vos dos ronds, vos genoux arqués, Vos yeux de chien battu qui guettaient ma main. Qu'est-ce que j'ai à vous dire ? Il ya votre paume creuse entre nous. Riches, Qu'est-ce que j'ai à vous dire ? Je vous aimais. Mes poètes, mes peintres m'avaient parlé de vous. Je suis parti pour vous porter mes chants. J'ai vu vos cols glacés sur vos...
Page 83 - Acacias, parfumez le soir du jardin ! Filez, nuages, avec du feu plein vos carrosses! Mésanges gourmandes gavez, Gavez vos petits de chenilles! Pucerons, sucez les rosiers, Et, nous, mes amis, des pastilles ! Jouons aux billes ! Jouons aux billes!
Page 170 - Sous la lumière colchique des bougies Jablochkov, Eux trouvaient des danseuses au bal des Femmes de France. Des filles de juge, d'officier, d'avocat, d'avoué. Pour dégourdir mes jambes il fallait me rabattre Sur Clotilde, la fille blonde du professeur de gymnastique, Une excentrique qui mettait des gratte-culs dans ses cheveux. Et le souper, j'allais le prendre à la brasserie du Centre. Avec le gros van Pohr, le fils du ferblantier. D'avoir bu trop souvent trop de bocks Van Pohr est mort. Clotilde...
Page 172 - Innocents ! Ils croient que j'oublie ! Parce que, vers ce pays béat, une guerre me ramène Comme un gibier chassé revient à son lancé ; Parce qu'au milieu d'eux j'ai appris à dire : Mon cher président, mon cher directeur ; Qu'aux blagues des représentants je sais m'esclaffer Et fais queue, dans les antichambres, Des acheteurs des grands magasins ; Que je sais serrer un prix de revient, Glisser dans un marché des clauses ambiguës, Dicter un courrier, lire un inventaire, Et même, jeter sur...
Page 53 - ... sera blanche; Moi, dans ta fossette pleine d'ombre, Je voyais le pli invisible Qui devait se creuser en ride. Chère tête, Par la fenêtre ouverte, Monte le bruit des pas des paysans qui rentrent; La chaîne du puits sonne comme tous les soirs; Et, du vieux mur, fleuri de valérianes roses, Montent dans la lumière orange, Le chant du merle et le cri des mésanges. Chère tête blanche, Que je tiens ce soir dans mes mains plus lentes, Je songe à tes cheveux dorés... Tu songes à mon jeune...
Page 109 - DES ORDRES Mon cœur est si intelligent, mon cœur a tant d'esprit, qu'il en est tout saignant dans ma poitrine. HENRI HEINE. J'ai tant aimé de choses : Chemins creux et villages, Scarabées confiants, qui trottiez sur ma main, Rayés de rouge et vert, comme un jouet d'enfant, Et vous ruisseaux chantants; Et vous, herbes si hautes, Qu'étendu parmi "vous, vous me cachiez le ciel; Le tilleul parfumé, avec le banc au pied, Et la fontaine, et l'auge toujours pleine, Et, sur le roc, au bord du lac,...

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