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Le cardinal. C'eft notre commune créance à tous,

AN. 1563. ce font nos communs fentimens, que nous souscrivons

IX.

On ordonne la foufcription des actes aux peres.

tous d'un même accord & d'une même affection; c'eft la foi de faint Pierre & des apôtres, c'est la foi des peres, c'est la foi des orthodoxes.

Les peres. Oui, c'eft notre créance, ce font nos fentimens, c'est à quoi nous foufcrivons tous.

Le cardinal. Que ceux qui fe tiendront à ces decrets, foient rendus dignes de la miféricorde & de la grace du premier & du grand prêtre fouverain Jesus, Point de Dieu, par l'interceffion de Notre-Dame, la fainte mere de Dieu toujours vierge, & de tous les; faints.

Les peres. Amen, amen, qu'il soit ainfi, qu'il soit ainfi.

Le cardinal, Anathême à tous les heretiques.
Les peres. Anathême, anathême,

Ainfi finirent les acclamations. Les François blâmerent le cardinal, de ce qu'après celles des peres & des: empereurs fous lefquels le concile avoit été célebré, il avoit nommé tous les rois enfemble, fans faire aucune mention particuliere du roi de France, comme on avoit fait au commencement du concile du vivant

de Charles V. afin fans doute, de ne pas déplaire au roi d'Espagne Philippe II. mais le cardinal réponsi dit, lorfque le confeil du roi lui en fit des reproches à fon retour, qu'il n'en avoit agi ainsi que pour conferver la paix entre deux puiffans rois, & procurers par cette union le bien de toute la chrétienté.

Les acclamations finies, les légats défendirent à tous les peres fous peine d'excommunication de fe Pallav. ut fup retirer de Trente fans avoir figné de leur propre

24.c. 8. n. 31.

main les

les actes du concile, & fans les avoir tous approuvez. AN. 1563. Le promoteur chargea tous les fecretaires qui étoient préfens de les infcrire; & après que le Te Deum eut été chanté, le légat Moron qui l'avoit entonné, donna la benediction aux peres, & leur dit: Allez en paix. Le fecretaire Maffarel joint à d'autres, eut foin de ramaffer tous les decrets, & de recevoir les fignatures des peres, comme il lui avoit été enjoint. Le nombre de ceux qui fouscrivirent se montoit à deux cens cinquante-cinq; fçavoir, quatre légats, deux cardinaux, trois patriarches, vingt-cinq archevêques, cent foixante-huit évêques, trente-neuf procureurs revêtus de pouvoirs pour les abfens, fept abbez, un de Clairvaux, quatre du Mont Caffin, le fixieme de Clugny, & le feptieme de Bertranda, dans la province de Tarragone en Espagne; fept generaux d'ordres; fçavoir, des Dominicains, des Mineurs obfervantins, des Mineurs conventuels, des Hermites de S. Augustin, des Servites, des Carmes & des Jefuites. Tous à ce mot, J'ai fouferit, ajouterent, en définiffant, exceptez les procureurs, qui n'avoient jamais joui du droit de fuffrage.

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Après toutes ces foufcriptions ces actes furent attestez comme vrais & finceres par Ange Maffarel évêque de Telese, sécretaire du faint concile de Trente, Marc-Antoine Peregrin de Côme, greffier du même concile, Cinthius Pamphile, clerc du diocefe de Camerin, auffi greffier.

Deux jours après que le concile eut été terminé, tous les ambassadeurs qui étoient à Trente, à l'exception du comte de Lune, reçurent les decrets dans la forme la plus ample, & y foufcrivirent sépareTome XXXIV.

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ment des foufcriptions des peres. On reçut leurs fouf

AN. 1563. criptions, non felon l'ordre de leur arrivée, comme on l'avoit d'abord projetté, mais en quelque maniere felon l'ordre de la féance & des places. De plus, la fignature de l'ambaffadeur des Suiffes fut faite féparement, & certifiée par un autre fécretaire, fans qu'on en fçache la raifón; de forte qu'il y eut quatre écrits différens; le premier qui fut figné par les ambassadeurs eccléfiaftiques, c'est-à-dire, les Impériaux, qui représentoient la perfonne de l'empereur, & les autres qui représentoient celle du roi des Romains, & du prince héreditaire ; ceux de Pologne, de Savoye, de Florence, & le patriarche de Jérufalem, parmi lefquels il y eut un laïc collegue d'un eccléfiaftique, fçavoir, Sigifmond de Turin, fur lequel il n'y eut aucune difficulté, perfonne ne lui difputant fa prérogative. Dans le fecond écrit étoit la signature feule de Joachim ambassadeur du clergé des Cantons Catholiques. Dans le troisieme étoit confirmée l'acceptation des ambassadeurs de Portugal & de la République de Venife; & le dernier étoit figné par Melchior Luffi, autre ambassadeur des Suiffes laïc, tous s'obligerent au nom de leurs princes.

Dès que le pape eut la nouvelle de la coneut reçu clufion du concile, il affembla auffi-tôt chez lui'les cardinaux pour leur en faire part, & il ordonna que le lendemain treizieme de Novembre, on feroit une proceffion en actions de graces, depuis l'églife de faint Pierre jufqu'à celle de la Minerve. Il accorda des indulgences à ceux qui y affifteroient. 'Pendant ce tems-là les prélats & les autres députez au concile

a

s'en retournerent, & les légats Moron & Simonette prirent la route de Rome dans le deffein de rendre compte au pape de ce qui s'étoit paffé au concile, c'est-à-dire, de lui repeter ce qu'il fçavoit déja.

AN. 1563.

Arrivée des deux

me.

1

Ils arriverent à Rome quelques jours avant Noël, X & le pape leur donna plufieurs audiences, dans lef- légate Moron & quelles il leur témoigna toujours beaucoup d'amitié, Simonette à RoDans l'une il mit en délibération s'il confirmeroit. les Pallavic. ibid. décifions du concile, & le trentieme Decembre il tint un confiftoire dans lequel il dit : qu'il rendoit graces à Dieu d'avoir procuré au concile une fin fi heureufe; qu'après Dieu on en étoit redevable à la pieté de l'empereur, qui l'avoit toujours protegé de fon crédit, & honoré de fa bienveillance; qu'à ce prince il falloit joindre les rois catholiques, & les légats qu'il ne pouvoit affez louer de leur fageffe, de leur vigilance, & de leur courage dans tous les travaux qu'ils avoient effuyez pour furmonter les difficultez les plus embarrassantes, & maintenir la dignité du siege apoftolique,

Il s'étendit enfuite fur la réfolution où il dit être, de faire observer ces decrets pour introduire une parfaite réformation dans les mœurs, & pour diffiper en particulier la mauvaise opinion qu'on avoit conçue de fa conduite & de fes intentions, en publiant qu'il avoit toujours été très éloigné de cette réforme & qu'il avoit toujours empêché le concile de la faire entiere & parfaite. Il ajouta que fon deffein étoit même d'aller plus loin que le concile, dont il trouvoit les reglemens trop moderez, & de montrer qu'il ne craignoit rien tant qu'une lâche condefcendance, Rij

XI.

Mesures du pape

ne.

Il déclara qu'il vouloit que les cardinaux Moron AN. 1563. & Simonette priffent foin de veiller à ce qu'on fit aucun reglement qui pût donner atteinte à ses depour confirmer le crets, & il dit qu'il vouloit changer les légats des exécuter. provinces de l'état ecclefiaftique, & les vifiter luiPallav. ut fap. même, & que pour contribuer davantage à l'obserĮ. 24. 6. 9. th. 6. vation des decrets du concile, il falloit que tous les

concile & le faire

évêques fe rendiffent inceffamment dans leurs diocefes pour y réfider : il ordonna que fi quelques cardinaux après avoir renoncé à leurs évêchez, en retenoient les revenus & l'administration, les évêques en titre qui rempliffoient leur place, en jouiroient dans leur entier; il loua fort comme un decret infpiré par le Saint-Esprit, l'établissement des séminaires, & dit, qu'il vouloit lui-même donner le premier exemple, en faisant un tel établissement. Pour faciliter le travail aux deux cardinaux Moron & Simonette, chargez de l'exécution des decrets du concile, il nomma trois autres cardinaux, fçavoir, Cicala, Vitelli & Borromée, pour deliberer avec eux fur la maniere de confirmer le concile, & de le faire entierement exécuter. Il affura que fon deffein étoit de revêtir le concile de l'autorité pontificale, afin que fes actes & fes decrets fuffent inviolablement gardez, & que ni la faveur ni le crédit des grands n'y puffent donner aucune atteinte : Il ajouta que fi l'on fe trouvoit obligé fur quelque point de s'éloigner de fes décifions, fon intention étoit que les cardinaux nommez ne décidaffent rien qu'après avoir reçu les ordres. Enfin il protefta que comme tous les défordres venoient de ce qu'on nommoit aux évêchez des perfonnes peu capables de les rem

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