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1527. qu'on l'élut prieur: mais comme la lecture des
ouvrages des Proteftans l'avoit fort degoûté du cloî-
tre, il refusa cette charge, quitta l'habit religieux,
& se maria le vingt-feptieme Decembre avec Mar-
guerite Bart. Il fe retira enfuite à Strasbourg, où
réduit à la derniere pauvreté, il apprit le mêtier de
tifferand, & obligea fa femme à entrer en service
dans la maifon d'un miniftre. Le tifferand chez le-
quel étoit entré Mufculus, fe trouvant Anabaptiste,
Musculus lui en fit des reproches fi vifs, que fon
maître le chaffa de fon logis. Mufculus fe vit alors
obligé de fervir de manoeuvre aux fortifications de
Strafbourg. Un état fi humiliant pour un homme
qui avoit de l'érudition & de la capacité, toucha
Martin Bucer, qui lui procura la place de maître
d'école dans le village de Dorlisheim, le retira chez
lui enfuite & le nourrit, l'occupant à tranfcrire fes
ouvrages. Ce fut à Strasbourg, que fe trouvant au
fermon d'un religieux, qui prêchoit contre les nou-
velles erreurs, il apoftropha le prédicateur, l'obligea
de defcendre de chaire, y monta à fa place, com-
battit ce que le religieux avoit avancé, & le fit fi
bien écouter du peuple, que les Lutheriens de cette
ville le demanderent pour leur miniftre en 1531.
Etant dans cet emploi, où il demeura près de dix-
huit ans, il apprit la langue Grecque, mais fort
imparfaitement il ne fçavoit gueres mieux la lan-
gue Latine. On dit qu'il poffedoit mieux l'Hébraï-
que. En 1548. il paffa en Suiffe, où après s'être
arrêté quelque tems à Conftance, à Bafle, à Saint-
Gal & à Zuriche, il fut pourvu d'une chaire de
professeur en théologie à Berne, où il mourut le
Tome XXXIV.
V

:

AN. 1563.

vingt-neuvieme d'Août de cette année 1563. âgé de

AN. 1563. foixante-fix ans.

XXXVIII.

par cet auteur.

in vit theol. Germ. pag. 381.

C'étoit un homme laborieux & fçavant. Les ouOuvrages publiez vrages qu'il a publiez font en grand nombre. Ses Ex Melch. Adam traductions de Grec en Latin n'ont d'autre merite que la fimplicité & la fidelité : il exprimoit, comme il pouvoit, ce qu'il entendoit, comme ce qu'il n'entendoit point; mais il ne prêtoit rien aux auteurs qu'il traduifoit, ni n'en diminuoit rien. Il a traduit ainfi les commentaires de faint Chryfoftome fur les épîtres de faint Paul aux Romains, aux Ephefiens, aux Philippiens, aux Coloffiens & aux Theffaloniciens; une partie des œuvres de faint Bafile, les fcholies du même pere fur les pfeaumes, & plufieurs traitez de faint Athanafe & de faint Cyrille; l'hiftoire ecclefiaftique d'Eusebe, de Socrate, de Sozomene, de Théodoret & d'Evagrius. Les autres ouvrages qu'il compofa de fon chef, furent deux fermons de la meffe papiftique, prononcez pendant la diéte de Ratisbonne en 1541. Ils furent imprimez à Wittemberg, puis à Aufbourg, avec une addition fur les abus de la meffe. Cochlée écrivit contre cet ouvrage en 1544. & le refuta folidement; ce qui procura l'Anticochlæus, que Mufculus publia en Latin & en Allemand à Aufbourg dans la même année. Il publia quatre dialogues cinq ans après sous le nom d'Eutychius Myon, & fous le titre de Profcerus, fur la question, si un Protestant peut communiquer exterieurement aux fuperftitions papales? Son commentaire fur les pfeaumes fut imprimé en 1550. Celui qu'il fit fur la Genese fut publié l'an 1554. Un n autre fur l'épître de faint Paul aux Romains en

1555. fur les deux épîtres aux Corinthiens en 1559. AN. 1563. fur l'épître aux Galates & fur celle aux Ephefiens en 1561. Son commentaire fur les épîtres aux Philippiens, aux Coloffiens & aux Theffaloniciens, & fur les premiers chapitres de la premiere à Timothée, fut publié après la mort par fes heritiers. Les lieux communs font un ouvrage auquel il travailla pendant dix ans, & qu'il mit au jour en 1560. On remarque qu'il varia dans fes fentimens, & qu'après avoir renoncé à la doctrine de Zuingle dans le concordat de Wittemberg, il l'embrassa tout de nouveau après qu'il fe fut retiré d'Aufbourg.

XXXIX. Mort de Sebaftien Caftalion.

De Thou, L35. claris interpret.

Dan. Huet, de

Beze, in vita Calvini ad an.

Sebastien Caftalion ou Caftillion étoit du pays des Allobroges, c'est-à-dire, ou du Dauphiné ou de la Savoye. Calvin l'ayant connu pendant le sejour qu'il fit à Strasbourg dans les années 1540. & 1541. Î'eftima, le logea même chez lui, & lui procura une régence dans le college de Genêve, qu'il exerça pendant trois ans. Il fut contraint de l'abandonner en 1544. & de chercher une autre demeure, pour avoir foutenu quelques opinions particulieres. On voit néanmoins dans l'atteftation que lui donna Calvin, qu'il fe défit volontairement de fa régence, qu'il s'y étoit comporté de telle forte, qu'on l'avoit jugé digne d'être pasteur, & que rien n'avoit empêché qu'il ne fût promu à cette charge, que l'opinion particuliere qu'il avoit touchant le cantique des cantiques, & l'article de la descente de Jefus - Chrift aux enfers; que ce fut-là l'unique raison pour laquelle il quitta Genêve. Comme il fçavoit bien les langues, & furtout l'Hébraïque, il entreprit une traduction ou verfion La- Sa verfion Latine tine & Françoise de l'écriture-fainte, qu'on a beaucoup bible.

1544 p. 3 7 2.

LX.

& Françoise de la

apolog. d'Herodo

96.

rigi du V. teftam.

louée & beaucoup blâmée. Le défaut qui a été con ̈ ̈ AN. 1563. damné le plus generalement dans fa traduction Latine, Henri Etienne, eft l'affectation de ne fe fervir que des termes de la tel. 1. c. 14. p. bonne Latinité, de genius, au lieu d'angelus; de lotio, Simon. hift. cri- pour baptifmus; refpublica, pour ecclefia; collegium, 1.2.6.25.p.349. pour fynagoga & d'autres. On l'accufa d'avoir pris l'autre extrémité dans fa traduction Françoise, c'est-à-dire, de s'être fervi de termes bas & rampans; mais ce défaut n'eft pas fi fenfible que plusieurs l'ont dit. Il commença la verfion Latine à Genêve en 1542. & l'acheva en 1550. à Bafle, où elle fut imprimée l'année suivante. Il la dedia à Edouard roi d'Angleterre. Il en donna une feconde édition en 1554. & une autre en 1556. L'édition de 1573. est plus estimée que les autres. La verfion Françoife fut dediée à Henri II. & imprimée à Bafle en 1555. & l'an 1697. on a réimprimé à Leipfik la verfion Latine avec des additions.

XLI.

Autres ouvrages

du même auteur.

En quittant Genêve, Caftalion fe retira à Bafle, où il fut pourvu de la charge de professeur en langue Grecque. Il y paffa le refte de fa vie, & y finit fes jours le vingt-neuvieme Decembre, âgé de quarante-huit ans. Il mourut de la peste, qui fut fi grande en Allemagne dans cette année, qu'il perit, dit-on, plus de trois cens mille perfonnes, tant à Francfort qu'à Nuremberg à Magdebourg, à Dantzic & ailleurs. Il fut enterré dans la grande église de Bafle, par les foins de trois gentilshommes Polonois, qui avoient été fes difciples, & qui firent mettre fur fon tombeau une épitaphe honorable.

2

a

Il fit imprimer à Bafle en 1545. quatre livres de dialogues, qui contiennent en beau Latin les prin

Epitome, bibl.

cipales hiftoires de la bible. Cet ouvrage a été fouvent réimprimé dans la fuite. Il publia en 1546. AN. 1563. avec des notes la verfion qu'il avoit faite des vers Gefneri, p. 745. Sibyllins en vers Latins héroïques, & des livres de Moïfe; ce qui fut fuivi en 1547. de la traduction Latine des pleaumes de David, & de tous les autres cantiques qui se trouvent dans l'Ecriture. Il fit imprimer en 1548. un poëme Grec fur la vie de faint Jean-Baptifte, & un poëme Latin, qui eft une paraphrase du prophête Jonas. Il mit en Latin plusieurs traitez Italiens du fameux Ochin, & nommement fes trente dialogues, qui ont fait un fi grand bruit. Ses notes fur l'épître aux Romains furent condamnées par le confiftoire de Bafle, qui y trouva des erreurs fur la prédestination & la grace : Il ne laissa pas d'en procurer le debit dans cette ville, après qu'on les eut traduites en François. On l'accufa de favorifer les Enthoufiaftes à l'occafion de la traduction qu'il fit en Latin fous le nom de Joannes Theophilus, du livre intitulé Theologia Germanica, qui eft tout rempli de fanatifme, & qui gâta plufieurs perfonnes dans les Pays-Bas. Il compofa une apologie en 1558. où il fe plaint de deux écrits de Calvin: l'un étoit intitulé: Réponses à certaines calomnies & blafphêmes, &c. & parut l'an 1557. l'autre en Latin avoit pour titre : Calomnies d'un certain fripon, & fut imprimé l'année suivante. Il soutient qu'il n'a jamais vû les deux ouvrages que Calvin lui attribuoit; il lui reprefente non-feulement ce que l'évangile prononce contre celui qui dit des injures à fon frere, mais auffi ce que lui-même Calvin avoit écrit dans la vie du chrétien. Il fe justifie en parti

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