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font des difcours qu'il avoit prêché avant que de quitter l'état religieux. Comme il s'en faut, qu'on y trouve les erreurs des Protestans sur la justification, les bonnes œuvres, la confession, &c. on prefume qu'ils ont été retouchez en Allemagne où ils ont été imprimez. On a encore de lui des fermons fur l'épître de faint Paul aux Galates; une expofition de l'épître aux Romains; des fermons fur le libre arbitre, la predeftination, la liberté de Dieu, fes apologues contre l'églife Romaine en cinq livres, qui ont été traduits en Latin par Sebastien Castalion, un dialogue fur le purgatoire, une dispute fur la prefence réelle de Jesus-Chrift fur l'euchariftie, un catéchifme. Tous ces ouvrages font en Italien, & tous ont été traduits foit en Allemand, soit en Latin, & plufieurs en l'une & l'autre langue. Les dialogues d'Ochin au nombre de trente sont aussi originairement en Italien, & la traduction Latine eft de Caftalion. Il n'a point fait de traité particulier fur la polygamie, comme plufieurs auteurs l'ont avancé. Ochin n'a écrit de cette maniere que dans le vingt-unieme de ses dialogues, & ce fut ce dialogue qui lui fit tant d'affaires. Il étoit veuf & âgé de foixante-fix ans quand il le publia avec les autres dialogues, Enfin on a encore de lui trois difcours, où il traite du devoir d'un prince chrétien, & cinq declamations facrées.

Au commencement de cette année 1564. Pie IV. l'ayant enfin emporté fur ceux qui vouloient empêcher qu'il ne confirmât le concile de Trente, fit dreffer une bulle de confirmation, qui fut publiée folemnellement dans un confiftoire le vingt-fixieme de Janvier en présence de tout le facré college. Elle eft conçue en ces termes.

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AN. 1563.

&

Pie évêque, ferviteur des ferviteurs de Dieu, pour memoire perpétuelle. Béni foit Dieu pere de notreSeigneur Jefus-Christ, le pere des mifericordes, le Dieu de toute confolation, qui a daigné jetter les yeux fur la fainte église battue & agitée de tant d'orages & de tant de tempêtes, & qui a procuré enfin aux maux qui la travailloient tous les jours de plus en plus, le remede dont elle avoit befoin, & qu'elle attendoit depuis fi longtems. Paul III. de pieuse mémoire notre prédecesseur dans le défir d'extirper plufieurs herefies pernicieuses, de corriger les mœurs, de retablir la difcipline, & de procurer la paix & la concorde entre les chrétiens, auroit, il y a longtems, convoqué dans la ville de Trente un concile œcuménique & géneral, qui deflors auroit été ouvert, & où fe feroient tenu quelques feffions. Le même concile ayant été depuis convoqué de nouveau dans la même ville par Jules fon fucceffeur, après quelques autres feffions qui s'y feroient tenues n'auroit pû encore être pour lors achevé, à caufe de divers obftacles & embarras qui feroient furvenus : de forte qu'au grand déplaifir de tous les gens de bien, il auroit été longtems discontinué, pendant que tous les jours l'église imploroit de plus en plus ce remede. Mais auffi-tôt que nous ferions entrez au gouvernement du fiege apoftolique, nous aurions incontinent commencé selon le zéle pastoral que notre devoir nous inspiroit, de travailler avec confiance en la miféricorde de Dieu, à la conclufion de cet ouvrage si saint & si neceffaire; & favorifez des pieufes inclinations de notre cher fils en Jefus-Chrift Ferdinand empereur élu des Romains, & de tous les autres rois, républiques &

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princes de la chrétienté, nous aurions enfin obtenu ce que nous avions tâché fans ceffe de procurer par nos foins & par nos veilles continuelles, & ce que nous avions tant demandé par nos prieres jour & nuit au pere des lumieres. De maniere que plufieurs évêques & autres prélats confiderables fur nos lettres de convocation, & par leur propre zele fe feroient rendus de toutes les nations de la chrétienté dans ladite ville en nombre très-grand, & digne d'un concile œcumenique, outre plusieurs autres grands personnages recommandables par leur pieté, par leurs connoiffances des loix divines & humaines.

Les legats du fiege apoftolique préfidant audit concile, & nous de notre part, favorifant encore la liberté de l'affemblée, jufques-là que par nos lettres écrites à nos legats, nous lui aurions laiffé volontiers l'entiere liberté de fes fentimens dans les chofes mêmes qui font proprement refervées au fiege apoftolique : tout ce qui reftoit à traiter, definir & ordonner touchant les facremens & autres chofes qui avoient paru néceffaires pour detruire les herefies, ôter les abus, & corriger les mœurs, auroit été difcuté avec tout le foin poffible, & dans une entiere liberté par le faint concile, & defini, expliqué & ordonné avec toute l'exactitude & toute la circonfpection qu'on y pouvoit apporter. Toutes ces choses étant ainfi achevées, le concile auroit eté conclu & terminé dans une fi grande concorde & union de tous ceux qui y affiftoient, qu'il auroit paru vifiblement qu'un confentement fi unanime étoit l'ouvrage du Seigneur, dont nos propres yeux & ceux de tout le monde étoient avec nous dans l'admiration. Auffi-tôt nous

AN. 1563.

aurions ordonné des proceffions publiques dans cette AN. 1563. fainte ville, où le clergé & le peuple auroient afsisté folemnellement avec beaucoup de devotion ; & nous nous ferions appliquez à faire rendre graces à Dieu, & à lui témoigner nos juftes reconnoiffances pour une faveur fi finguliere, & pour un fi grand bienfait de fa divine majesté; puisqu'en effet le fuccès fi favorable du concile nous donne une très-grande espérance & presque assurée, que de jour en jour l'église tirera de plus grands avantages de fes décrets & de fes ordon

nances.

Cependant ledit faint concile par le refpect qu'il a eu pour le fiege apoftolique, & fuivant les traces des anciens conciles, nous ayant demandé par un décret rendu à ce sujet dans une feffion publique, la confirmation de tous les décrets qui ont été rendus fous notre pontificat & du tems de nos prédeceffeurs : nous ayant été informez de la demande dudit concile, premierement par les lettres de nos légats, & ensuite depuis leur retour, parce qu'ils nous ont fidelement rapporté de la part dudit concile: après une mûre déliberation à ce fujet avec nos vénerables freres les cardinaux de la fainte église Romaine, & après avoir, avant toutes choses, invoqué l'affistance du Saint-Esprit, ayant reconnu tous lesdits décrets catholiques, utiles & falutaires au peuple chrétien: A la gloire de Dieu toutpuiffant, de l'avis & du confentement de nofdits freres, aurions, de l'autorité apostolique, confirmé aujourd'hui dans notre confiftoire fecret, tous & chacun desdits décrets, & ordonné qu'ils feroient reçus & gardez par tous les fideles, comme par la teneur des préfentes, & pour un plus ample éclaircissement,

nous les confirmons & ordonnons qu'ils foient & obfervez.

reçus

AN. 1563. Mandons en vertu de la fainte obéiffance & fous les peines établies par les faints canons, & autres plus grieves, même de privation, & telles qu'il nous plaira de les decerner, à tous & chacun nos vénerables freres, les patriarches, archevêques, évêques & quelques autres prélats de l'églife que ce foit, de quelque état, dégré, rang & dignité qu'ils foient, quand ils feroient honorez de la qualité de cardinal, qu'ils ayent à observer exactement lefdits décrets & ftatuts dans leurs églifes, villes & diocefes, foit en jugement ou hors de jugement, & qu'ils ayent foin de les faire obferver inviolablement, chacun par ceux qui leur font foumis, en ce qui pourra les regarder; y contraignant les rebelles, & tous ceux qui y contreviendront, par fentences, cenfures & autres peines ecclefiaftiques, même fuivant qu'elles font portées dans lefdits décrets, sans égard à aucune appellation ; & implorant même pour cela, fi on le juge néceffaire, l'affiftance du bras feculier.

Avertiffons pareillement & conjurons par les entrailles de la mifericorde de notre Seigneur JefusChrist, notre très-cher fils l'empereur élu, & tous les autres rois, republiques & princes de la Chrétienté ; qu'avec la même pieté, avec laquelle ils ont favorisé le concile par la présence de leurs ambaffadeurs, & avec la même affection pour la gloire de Dieu & pour le falut de leurs peuples, comme par le respect qui eft dû au fiege apoftolique & au faint concile; ils veuilfent appuyer de leur fecours & affiftance les prélats qui en auront befoin, pour exécuter & faire obferver les

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