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nité du concile, & l'autorité du faint fiege avec ardeur, & de faire comprendre à ses sujets qu'il n'avoit rien plus à cœur que de defendre fes dogmes & fes reglemens fur la discipline avec une integrité invio

lable.

Les Venitiens furent auffi des premiers à recevoir les décrets du concile, qui furent publiez folemnellement à la grande messe dans l'église de saint Marc, & l'on enjoignit à tous les curez des villes de les faire exactement obferver. Le pape en reconnoiffance d'une fi prompte foumiffion donna aux ambassadeurs de Venise à Rome le magnifique palais que Paul II. qui étoit fujet de la république, avoit fait bâtir auprès de l'église de faint Marc patron des Venitiens, & il accompagna cette donation d'une bulle dans laquelle il loue beaucoup le fénat, & releve en termes pompeux leur refpect envers le faint fiege. Mais le concile ne fut

pas

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Conduite du roi

d'Espagne pour le recevoir.

Spond. ad hunc an. n. 4. Fra-Paolo, hift.

794.

LVII. fi ailement reçu dans les autres royaumes. Le roi d'Efpagne fâché qu'on l'eût terminé contre fes intentions, delibéra d'abord d'afsembler en sa présence les évêques & les agens de fon clergé, pour examiner de quelle maniere on s'y du concile, 1.8.p. prendroit pour en exécuter les décrets, & › pendant toute cette année 1564. tout ce qui fe fit en Espagne au fujet des décrets fut fait par l'ordre du confeil royal. Philippe II. envoya même fes commiffaires à tous les differens fynodes qui fe tinrent à Tolede, à Seville, à Salamanque & à Sarragoffe, pour y propofer ce qui concernoit fes interêts, & delibérer fur ce qu'il étoit à propos qu'il fit en cette occafion. Cependant ce prince conclut la même année dans fon confeil que le concile feroit recu & publié dans fes états, fans aucune

AN. 1564,

LVIII.

difficulté de le recevoir,

"De Thou, hift. l. 35. versùs fin.

conc. l. 24. c. II.

7.2.

LIX.

dinal de Lorraine.

Trente

794.

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1. 8.

P.

restriction formelle, avec un tempérament toutefois qui mettoit à couvert les droits du prince & du royaume; c'est ainsi qu'il fut publié non-feulement en Espagne, mais encore en Flandre, & dans le royaume de Naples & de Sicile.

La France fit beaucoup plus de difficulté. La reine La France fair régente répondit d'abord aux follicitations du nonce Santa-Crux, qu'elle n'avoit point encore yu la bulle de confirmation; que d'ailleurs il étoit bon d'exaPallavic. hift. miner les décrets avant de les recevoir, & qu'elle atten, doit pour cela le retour du cardinal de Lorraine ; & lorfque la bulle fut arrivée, elle chercha encore d'auOn s'y plaint de tres prétextes pour éluder. Lorfque le cardinal de la conduite du car- Lorraine fut de retour, on lui fit bien des reproches Fra-Paolo, fur fa conduite dans le concile. On lui dit, qu'il hift, du concile de avoit laiffé paffer des décrets préjudiciables au royaume, comme on comme on le voyoit par les apoftilles que du Ferrier avoit faites à Venife fur les chapitres de la réformation des deux dernieres feffions. Qu'en * Sollicitudinem laiffant ces paroles, le foin de l'églife univerfelle, il avoit cedé un point que lui, & tous les évêques François avoient fi fortement combattu; comme contraire à l'opinion de toute la France touchant la fupériorité du concile au-deffus du pape : qu'il eût pû y remédier par une feule parole, en faifant mettre ces termes de faint Paul le foin de toutes les églifes, à quoi perfonne n'auroit contredit: Que l'opinion de la fupériorité du concile étoit encore bleffée par la claufe du vingt-uniéme chapitre : * Salva femper Que l'autorité du fiege apoftolique foit & demeure apoftolica & fu & en fon entier & fans atteinte, & par le décret de la intelligatur. demande la confirmation du concile au pape. On lui

univerfæ ecclefiæ.

Euctoritas fedis

reprochoit encore que le roi & l'églife Gallicane ayant AN. 1564.
fait tant d'instances, pour faire dire que le concile
convoqué par Pie IV. en étoit un tout nouveau, &
non point une continuation de celui que Paul III. &
Jules III. avoient fuspendu; néanmoins par un défaut
de fermeté, il avoit laiffé déclarer la continuation dans
le même chapitre vingt-unieme, & dans le décret qui
ordonnoit de lire les actes des feffions tenues fous ces
deux papes, après deux années de resistance de la
part
du roi. L'on ajoutoit que la protestation faite par
Henri II. contre Jules III. ne permettoit pas d'approu
ver les décrets faits fous fon pontificat. Le cardinal
s'excufa comme il put. Mais toutes fes raisons ne diffi-
perent pás la prévention où l'on étoit, que tout ce
qu'on avoit fait dans le concile, quant aux décrets
de reformation, étoit contraire aux droits de la France
& à l'autorité du ròi.

Le nonce eut beau faire de nouvelles inftances, on ne voulut point l'écouter. La reine foutenue du chancelier reduifit, toute l'affaire à deux difficultez qui furent propofées par le même chancelier. La premiere étoit fondée für la défenfe qu'on avoit faite au concile de donner les benefices des reguliers en commende, ce qui retranchoit, dit-on, dans l'état unê par laquelle le fouverain attachoit à fes intérêts beaucoup de grands Seigneurs, du secours defquels il avoit befoin dans les conjonctures préfentes.

voie

L'autre difficulté plus generale étoit, qu'il ne falloit pas irriter les Calviniftes deja fort choquez de tous les anathêmes prononcez contr'eux dans le concile. La crainte de la reine fur ce point étoit telle qu'elle ne voulut pas permettre au nonce de distri

LX.
Difficultez propo

concile.

fées au nonce con-
tre la réception do
Pallav.hift. conc:
24 11. n. 3.

1. c. & 4.

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buer aux évêques les actes & les decrets du concile, AN. 1564. qui étoient imprimez, difant, qu'ils ne laifferoient pas de les avoir d'ailleurs fans ufer d'un fi grand appareil. Mais le nonce n'eut aucun égard à cette défenfe, & diftribua ces exemplaires.

LXI. Ambaffades du

pour

Le roi & fa cour étoit alors à Fontainebleau roi d'Elpagne & y paffer l'hiver, lorfqu'on vit arriver dans le mois du duc de Savoye de Fevrier les ambaffadeurs du roi d'Espagne & du duc de Savoye, qui fe joignant au nonce, prierent De Thou, in hift. fa majefté de faire foigneufement obferver par tout Spond. ad hunc fon royaume les decrets du concile de Trente, &

au roi pour ce fu

jet.

l. 36. n. 6.

an. n. 4.

d'envoyer quelqu'un des fiens à Nancy en Lorraine pour affifter à la lecture qui devoit s'en faire le vingt cinquieme de Mars. Tous les ambaffadeurs des autres princes devoient s'y trouver pour confulter ensemble fur le moyen d'extirper les herefies qui troubloient le repos de la chretienté. L'on demandoit auffi que le roi défendît l'aliénation des biens ecclefiaftiques; & afin qu'il ne s'excufat pas fur le befoin où il fe trouvoit de payer fes dettes, le roi d'Espagne & le duc de Savoye firent connoître qu'ils étoient prêts, autant qu'il dependoit d'eux, de remettre en faveur du clergé leur droit pour la dot de leurs époufes, & que Charles IX. devoit être content d'un don fi gratuit. L'on ajouta qu'il étoit obligé de punir les feditieux & les fchifmatiques de l'exil, ou de quel qu'autre peine, & d'employer l'exemple d'une fevere punition contre ceux qui avoient ruiné les églifes, pillé les biens ecclefiaftiques, & introduit dans la France les ennemis du royaume, de revoquer les graces accordées aux rebelles par le dernier traité de paix fait avec les Calviniftes, & particulierement à

ceux

ceux qui feroient criminels de leze-majesté divine : de donner ordre que la justice fût rendue à ses sujers, & de faire feverement punir fans aucun delai les coupables & les auteurs du meurtre du duc de Guife. Au refte ces princes promettoient d'affister sa majesté, & d'employer leur credit & leurs forces pour fon fervice.

AN. 1564.

LXII. Réponse du roi à

Le roi inftruit la reine fa mere & par le chanpar celier de l'Hôpital, répondit à ces ambaffadeurs qu'il ces ambassadeurs. remercioit leurs maîtres du confeil falutaire & loua- De Thou, ut fup. ble qu'ils lui donnoient, & eux particulierement, qui avoient bien voulu le venir trouver pour ce fujet. Je vous affure, leur dit-il, que je fuis entierement resolu de suivre l'ancienne religion observée dans l'églife Romaine, & de faire en forte que mes peuples vivent fuivant ces mêmes loix. J'ai fait la paix afin de chaffer les ennemis de mon royaume; & maintenant je ne souhaite rien davantage que de faire rendre justice à tous mes fujets. Pour le refte je prie vos maîtres de vouloir m'excufer pour des raifons que je ferai mettre par écrit, & qui vous feront remises après que j'en aurai communiqué avec mon conseil. Mais comme cette réponse ne satisfaisoit pas les ambassadeurs, ils en reçurent une autre le vingt-septieme de Fevrier qui ne fut pas plus decifive.

Le parlement de Paris forma de fon côté de grands obftacles à la reception du concile de Trente, principalement au fujet des deux dernieres feffions. Cet augufte tribunal pretendoit que l'autorité ecclefiaftique avoit été étendue aux depens de la temporelle, en donnant pouvoir aux évêques de proceder contre les feculiers par amendes, & par emprisonnement, Tome XXXIV.

LXIII.

Le parlement de Paris met obstacle

à la réception du concile.

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