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AN. 1564.

lement élevé contre la reception des mêmes decrets par un ouvrage auquel Joffe Ravenftein théologien de Louvain, répondit. Il ne s'agiffoit donc que des pays catholiques : l'empereur Ferdinand qui avoit fait fouvent demander au concile la communion fous les deux efpeces par les ambaffadeurs, & qui l'avoit demandée lui-même à Infpruck dans les diverfes conferences qu'il avoit eues avec les cardinaux Moron & de Lorraine, voyant qu'on ne lui avoit rien accordé, fit pour l'obtenir de nouvelles inftances au pape, tant en fon nom, qu'en celui du duc de Baviere son gendre. Ses lettres, font du quatorzieme de Fevrier. Il y joignit un petit écrit compofé par quel- Raynaldus hoc ques docteurs catholiques, pour montrer qu'en l'é- anno n. 29. tat où fe trouvoit l'Allemagne, on ne pouvoit refufer fa demande; que d'ailleurs les cardinaux Moron & de Lorraine lui avoient fait efperer qu'on auroit cette condefcendance, & que les archevêques électeurs le fouhaitoient fort.

On trouve cette lettre dans

LXIX.
Il propose aux

cardinaux la de-
mande de l'empe-
calice.

reur fur l'usage da

Pallav. ut fup.c.

12.7.8.

Le pape ayant affemblé le facré college le quatorzieme de Juillet, propofa aux cardinaux cette demande de l'empereur, & s'étendit fur les motifs fur lefquels elle étoit appuyée, entr'autres qu'en la refufant on expofoit toute la nation à abandonner nonfeulement la foi catholique, mais encore la religion ehretienne, & à devenir payenne. Qu'on avoit prié plufieurs cardinaux & évêques de donner leur avis en fecret, & que fuivant leur confeil, quelque éloignement qu'il eût des nouveautez, il avoit accordé à quelques évêques d'Allemagne, la permiffion d'ufer du calice pour leurs diocefains, non pas en general cordé aux & absolument, mais dans les endroits feulement, mands.

LXX.
Cet ufage eft ac-

Alle

Raynald. ad

Boffuet, traité de

où cela feroit abfolument néceffaire pour les raisons AN. 1564. alleguées, & en leur prefcrivant certaines conditions. Pallav, ut fup: Il ajouta que cette conceffion avoit été reçue à Vienne hunc ann. n. 35. avec beaucoup de joie, & que fon nonce lui manLa communion fous doit que depuis ce tems-là les deux tiers des heretipart. art. 7. fur la ques étoient rentrez dans le fein de l'église. On approuva ces vûes du pape, & pour les remplir entierement, Pie IV. envoya un bref à l'empereur, par lequel il lui accordoit la demande.

Les deux efpeces, 1.

fin.

LXXI. L'empereur de

encore

prêtres convertis

leurs femmes.

De Thou, L. 36.

Pallav. l. 24.

C. 12. n. 9.

hunc ann. n. 29.

:

Mais le pape n'eut pas la même indulgence à l'émande gard d'une autre demande que Ferdinand avoit enqu'on laiffe aux core faite, c'étoit qu'on accordât aux prêtres qui s'étoient mariez après leur apoftafie, la permiffion de n. 9. verf. finem. retenir leurs femmes en rentrant dans le fein de l'églife Pie IV. fentoit mieux que ce prince à quels Raynald. ad inconveniens on feroit expofé, fi on accordoit sur ce point ce qu'il defiroit, il prévoyoit combien cette indulgence éloigneroit les miniftres du sanctuaire de l'application qu'ils doivent apporter à leurs devoirs, qu'ils ne confulteroient plus que la chair & le sang, pour augmenter leur bien, pour laisser des enfans riches, & que par-là les benefices deviendroient hereditaires, un pere n'oubliant rien pour voir fon fils dans la même place qu'il occuperoit. Qu'enfin bien que le celibat ne foit pas attaché de droit divin aux ordres facrez, c'eft-à-dire, qu'il n'y ait point de loi divine qui défende d'ordonner prêtres des perfonnes mariées, ni aux prêtres de se marier; cependant la loix ecclefiaftique qui prefcrit le célibat aux clercs, étoit trop ancienne, & trop bien autorisée pour y donner la moindre atteinte. L'empereur n'eut pas le tems de faire de nouvelles inftances contre le refus

du

du pape, parce qu'il mourut le vingt-cinquieme de
Juillet, mais fon fils Maximilien II. qui lui fuc-
ceda, ne fut pas plûtôt en poffeffion de l'empire
qu'il revint à la charge, & en écrivit fortement
fa fainteté.

AN. 1564.

LXXII. Nouvelles inftan

de Maximilien

II. fur le même
Lujet.

De Thou, loco
Raynald. ad hune

fuprà citato.

La lettre de ce nouvel empereur eft du vingthuitieme de Novembre; il y prie Pie IV. de relâ- ces cher quelque chofe de la févérité qu'on gardoit contre les prêtres mariez, & qu'on eût en cela quelque égard, furtout aux demandes de ceux de Silefie, de Moravie, de Bohême & d'Autriche, où fans cette an. n. 38. condescendance, on manqueroit bientôt entierement de miniftres. Ses lettres étoient accompagnées d'une courte expofition des raifons qui paroiffoient favorables au mariage de prêtres. On y difoit entr'autres, qu'on ne pouvoit nier que fuivant l'ancien & le nouveau teftament il ne fût permis aux prêtres de se marier, & qu'il étoit conftant que les apôtres, à l'exception de quelques-uns avoient des femmes. Qu'on fçavoit auffi que dans la primitive église, tant en Orient qu'en Occident, les mariages des prêtres avoient été libres & permis, jufqu'au tems de la défense faite par le pape Calixte Que Denis évêque de Corinthe dans une lettre qu'il écrit aux Gnoffiens, y exhorte Pinirhus leur évêque, de ne point impofer le rude joug de la continence à fes freres, c'eft-à-dire, à fes clercs mais d'avoir égard à leur foibleffe.

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On n'oublioit

LXXIII. Raifons de l'empereur en faveur du mariage des prêtres.De Thou, ibid. Socrat. hift. ec

pas dans cet écrit la fameuse hiftoire de Paphnuce rapportée par Socrate & Sozomene qui paroît pour le moins fufpecte à plufieurs, & l'on ajoutoit qu'il y avoit beaucoup plus de raison aujourd'hui à laiffer aux prêtres une liberté honnête fur clef.1.1.c.8. Tome XXXIV,

A a

AN. 1564.

LXXIV.

Le pape penfe à

, que

cet article, que dans un fiécle où la pieté & la fer-
veur du clergé difpenfoient de cette indulgence. On
difoit encore que la défense du mariage rendoit les
prêtres fi rares les écoles de théologie étoient
vacantes, & que chacun, au mépris des évêques
alloit à celle des Proteftans, où l'on recevoit l'impo-
sition des mains telle quelle, pour se répandre en-
suite de tous côtez: ce qui étoit honteux à l'église ca-
tholique: Qu'on croyoit donc qu'il étoit de l'avan-
tage de la religion, que contre la feverité de la regle
le pape accordât quelque chofe, & qu'on permît aux
ecclefiaftiques ou de demeurer dans le célibat, où de
fe marier qu'enfuite ceux qui avoient honnêtement
épousé des femmes, & qui d'ailleurs étoient de bon-
nes mœurs, & fçavans dans les matieres ecclefiafti-
ques,
fuffent admis aux ordres majeurs; qu'enfin dans
une fi grande difette de prêtres, on difpenfât ceux qui
avoient contracté mariage contre les conftitutions,
qu'on les fouffrît avec bonté dans l'églife, qu'on laif-
fat à leur confcience le foin de la fervir, & de faire
leurs fonctions; que fi l'on croyoit devoir obliger les
prêtres au vou de chastété, du moins l'on ne devoit
ordonner que ceux qui feroient avancez en âge, & de
qui l'on devoit efperer qu'ils obferveroient faintement
& inviolablement le célibat: mais quelques inftances
que fit l'empereur, il lui fut impoffible de rien obte-
nir du pape fur cet article.

La Pologne n'étoit pas dans un état plus tranfaire recevoir le quille, que les provinces pour lesquelles Maximiconcile en Polo- lien II. follicitoit des graces avec tant de zele. La Pallavic, in hift. foibleffe du nouveau roi, fon peu d'union avec sa 1. 24. c. 13. n. I. mere, & son mariage avec Barbe Radziwill qui me

gne.

AN. 1564.

ann. n. 40.

LXXV.
La discipline de

l'églife renversée

en Pologne. Gratiani in vita

Comm. 1.2.6.7.

noit une vie fort licencieuse, en affoiblissant l'autorité des loix, donnoient chaque jour de nouvelles forces aux heretiques, qui profitoient de cette mé-Raynald in hoc fintelligence pour s'agrandir & pour s'affermir. Chacun fe fit une religion felon fon caprice; & comme il y a toujours des gens qui profitent des erreurs & de l'aveuglement des autres, plufieurs docteurs travaillerent efficacement à établir & à répandre leurs opinions. On fe mocquoit ouvertement du culte & des ceremonies de l'églife; on profeffoit publiquement les doctrines nouvelles, il fe faifoit tous les jours des affemblées & des caballes, les prieres publiques & le faint facrifice fe faifoient felon les formes nouvellement inventées; la religion ancienne paffoit pour un amas de ceremonies ridicules : Le culte étoit aboli en plufieurs endroits; on fe faififfoit des temples, les prêtres étoient chaffez de leurs maisons, & depoüillez de tous leurs biens: les principaux de la cour & une partie du fenat étoient ou fufpects, ou frappez de cette malheureuse contagion, & le parti étoit déja affez fort pour ne craindre ni le pouvoir des loix, ni l'autorité du roi même. Telle étoit la Pologne, lorsque Commendon y arriva. Les évêques seuls capables de refifter aux heretiques, étoient désunis entr'eux & ne fongeant qu'à leurs intérêts particuliers, ils n'avoient aucune communication, & laiffoient opprimer la juftice & la religion. Deux de ces évêques avoient plus de crédit que tous les autres & dans le fenat & les évêques caufe dans le clergé: Jacques Ucange archevêque de Gnef- de la religion en ne, & primat du royaume, & Philippe Padnevi évê- Pologne, que de Cracovie. L'un étoit confidérable par fes di- ut fup. gnitez & par fes honneurs ; l'autre par fon efprit & par...

,

LXXVI.

La divifion entre

le renversement

Pallavic. ibid.

Gratiani ibid. l.

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