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qu'ils ne puiffent avoir, ni vendre d'autres livres fans

AN. 1564. la permiffion des mêmes députez, fur peine de la perte de leurs livres, ou d'autres au choix de l'évêque ou de l'inquifiteur, qui puniront de même ceux qui achetent ces fortes de livres, qui les livrent ou qui les impriment. Que fi quelques-uns apportent des livres étrangers dans les villes, ils les déclareront aux mêmes députez; & on ne pourra les expofer en vente fans leur permiffion. Aucun n'ofera donner à lire, prêter ou vendre fes livres, qu'ils n'ayent été auparavant montrez à ces députez, dont on aura obtenu la permission, à moins qu'il ne conteste évidemment que la lecture de ces livres est permise à tout le monde. Quant aux héritiers & exécuteurs teftamentaires, ils ne pourront faire aucun usage des livres d'un défunt, que la même permiffion ne leur ait été accordée, fous les mêmes peines de la confifcation defdits livres, ou d'autres que l'évêque & l'inquifiteur jugeront à propos d'impofer fuivant la qualité du délit.

A l'égard des livres que ces députez auront examinez, corrigez avec certaines conditions pour être reimprimez, les libraires & les autres feront tenus de les obferver. Il fera néanmoins libre aux évêques ou aux inquifiteurs generaux, felon la faculté qu'ils en ont, de défendre les livres qui femblent être permis dans fes regles, s'ils le jugent néceffaire au bien du royaume, de la province ou du diocese. Enfin il est enjoint à tout fidele de n'avoir & de ne lirè aucuns livres, contre ce qui eft prefcrit par ces regles, & la défense de l'index, fous peine d'excommunication qu'il encourera auffitôt qu'il retiendra ou lira des ouvrages défendus & condamnez, faits par des auteurs heretiques ou foup

çonnez

çonnez d'erreurs ; & ceux qui liront ou auront des livres interdits fous un autre nom, outre le péché mortel qu'ils commettront seront severement punis au jugement des évêques.

Il faut remarquer que cet index n'a aucune autorité en France, & que les livres qui y font condamnez peuvent être lûs dans ce royaume fans aucun péché, supposé qu'ils ne foient pas dangereux par eux-mêmes, & alors ce n'eft pas, parce qu'on les a mis à l'index à Rome, qu'on doit s'abstenir de les lire, mais à caufe du danger qui fe trouve dans leur lecture.

AN. 1564.

XC. Confrairies éta

Bullar. vet.

edit. conftit. 13.

Ciacon. vit. Pontif. t. 3.p.889.

Par une autre bulle Pie IV. confirma la confrairie du nom de Jefus, celebre en Espagne, & lui accorda blies & confirmées de grands privileges pour Burgos, & quelques autres par le pape. villes de ce royaume. Le devoir de ceux qui s'y engageoient, étoit d'empêcher qu'on ne jurât, sinon dans une grande néceffité & pour des fujets graves. Il confirma encore une autre confrairie déja établie dans l'églife des douze apôtres, deffervie par les Cordeliers conventuels à Rome, en l'honneur du faint facrement, & en faveur des pauvres honteux ou opprimez, au foulagement defquels les confreres étoient employez, Le pape voulut que cette confrairie fût fous l'invocation des douze apôtres, mais peu de tems après la fainteté lui laissa seulement le foin des pauvres qu'elle exerce encore aujourd'hui avec beaucoup de zele, & elle réunit le culte qu'on y rendoit au faint facrement à une autre confrairie appellée du Corps de Christ, autrefois établie par Paul III. chez les religieux Dominiquains de la Minerve. Enfin sa sainteté s'appliqua à l'établissement des feminaires dans tous les archevêchez & évêchez, fuivant les decrets du concile de Trente, Tome XXXIV. Dd

afin que les jeunes clercs puffent être inftruits dans la AN. 1564. pieté & dans les lettres. Il en écrivit à Jean patriarche de Venife, le quatorzieme de Juillet, & le vingtdeuxieme du même mois à Antoine d'Albon nommé archevêque de Lyon ; & pour les engager à cette bonne œuvre par fon propre exemple, il établit le feminaire Romain dont il crut pouvoir confier le foin aux Jefuites.

XCI.

de l'oratoire de S.

Raynald. ad

hunc ann. n. 5.

S. Philippi an. 1564.

Pie IV. ne borna pas fon zele à ces feules œuvres ; Commencement il aida encore faint Philippe de Neri dans l'établissePhilippe de Neri, ment de fa congrégation, qui commença à prendre une forme reguliere dans cette année 1564. Če saint Gallonius in vita étoit né à Florence le vingt-deuxieme de Juillet 15is. d'une famille affez confiderée dans la Tofcane. Après avoir fait ses humanitez dans sa patrie, il vint à Rome, où il fit de fi grands progrès dans la philofophie & dans la theologie de l'école, qu'il y eut peu de perfonnes diftinguées dans Rome qui ne vouluffent le connoître: mais la vertu le rendit encore plus estimable que fa science. Des études de l'école il paffa à celle du cabinet, où il acquit une connoiffance profonde des faintes écritures, des anciens peres & des canons de l'églife. De fi grands talens ne fervirent qu'à le rendre plus humble. Il les employa pour retirer beaucoup de jeunes gens de leurs dereglemens, & les porter enfuite à la véritable pieté. En 1550.avec le fecours de Perfiano Rofa fon confeffeur, il établit la celebre confrairie de la Trinité dans l'église de faint Sauveur del Campo pour le foulagement des pauvres de dehors, des pelerins & des convalefcens, qui n'avoient point de retraite. Le grand nombre de bonnes œuvres qu'il fit dans cet établissement, & le grand fruit que fa charité produi

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foit dans l'églife, demandoient qu'il entrât dans les ordres AN. 1564. pour fe rendre encore plus utile. Son confeffeur l'y força; & en moins de deux mois & demi il reçut la tonfure & tous les ordres facrez, ayant été ordonné prêtre le vingt-troisieme de Mai 1551. Il étoit alors âgé de trente- fix ans; peu de tems après il entra chez les prêtres de faint Jerôme, qu'on appelloit de la charité, pour y entendre les confeffions.

par

Ce fut en 1556. que parmi les conversions nombreuses qui fe faifoient fon miniftere, il gagna à Dieu Jean-Baptifte Salviati frere du cardinal, & coufin de Catherine de Medicis reine de France, FrançoisMarie Tarugio, depuis cardinal neveu du pape Jules III. Conftance Taffoni Jean-Baptiste Modi, Antoine Fuccio, & d'autres excellens fujets qui s'attacherent à lui pour le fuivre dans les hôpitaux. Ils étoient au nombre d'environ vingt, tous animez du même défir d'étendre les limites du royaume de JefusChrift fur la terre. Baronius depuis cardinal, le celebre auteur des annales ecclefiaftiques, Bordini depuis archevêque d'Avignon, & Alexandre Fedeli se joignirent à eux, & c'est ce qui donna naiffance en 1558. à la communauté des prêtres de l'Oratoire à Rome, qui ne commença qu'en cette année 1564. à fe former en congrégation. Le magiftrat & le peuple de la ville de Florence prefferent alors Philippe de Neri de prendre la conduite de l'églife, qui appartenoit à la nation Florentine à Rome, fous le nom de faint Jean-Baptifte, on lui donna une maison qui joignoit cette églife pour y 'loger fa communauté; on y ajouta même quelques revenus pour fon entretien. Jufques-là les difciples du faint étoient demeurez dans

l'état des laïques: mais la confidération de ce nouvel AN. 1564. établissement, & les avis de quelques perfonnes de pieté le porterent à faire promouvoir les principaux d'entr'eux au facerdoce; il jetta d'abord les yeux fur trois feulement, qui furent Baronius, Jean-François Bordini & Alexandre Fedelli. Les disciples de Philippe de Neri commencerent deflors à vivre en communauté, & fa congrégation se trouva en peu de tems pourvue de prêtres qui fe virent auffi-tôt chargez des confeffions du peuple, & de la prédica

XCII.

Armeniens en

voye un député aur pape. Raynald.ad hunc

an. n. sre

tion.

Ce fut auffi fous le pontificat de Pie IV. que le Le patriarche des patriarche des Armeniens, qu'on croit avoir été AbidJehu fucceffeur de Salaca, fit profeffion de la créance de l'église Romaine, & reconnut la primauté du pape. Il lui deputa un internonce nommé Abagaro avec deux lettres; par l'une il se soumettoit au vicaire de Jefus-Chrift, au nom de tous ceux qui lui étoient foumis; & par l'autre il lui demandoit sa benediction & le prioit de renouveller, & confirmer la protection que le pape faint Silveftre & l'empereur Conftantin avoient, felon lui, autrefois accordée à leur roi Tartare & à Gregoire leur premier patriarche, pour ne faire tous enfemble qu'une bergerie, & un pafteur ces lettres étoient datées d'Etchemiazin, vulgairement les Trois-Eglifes, proche d'Erivan, ville de l'Armenie, ou Turcomanie, fous la puiffance du roi de Perfe, le premier d'Avril 1563. & furent préfentées au pape le vingtieme Mars de l'année fuivante avec la profeffion de foi du patriarche, qui contient plufieurs articles, & qui fut interprêtée par un certain Jean-Baptiste Ethiopien qui étoit à Rome.

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