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monies anciennes & accoutumées ; de rompre ni croix, AN. 1564. ni images; de prendre ni reliques, ni ornemens de l'églife ; & d'empêcher lefdits ecclefiastiques en aucune maniere dans la jouiffance & perception des fruits & revenus de leurs benefices. Nous défendons pareillement à tous hauts jufticiers, de quelque qualité qu'ils foient, de permettre ou confentir qu'aucun exercice de ladite religion foit fait en leurs maifons, châteaux ou fiefs, autres que ceux où il est permis par les édits, & lettres de déclaration, à peine de cinq cens écus d'amende pour la premiere fois, & de confiscation defdites maisons, châteaux ou fiefs pour la feconde : nous leur défendons auffi de recevoir ni affembler pour faire ledit exercice autres que leurs sujets, & ceux qu'il leur eft permis d'y admettre, à peine d'être privez du benefice de nofdits édits & déclarations. Et à l'égard de tous autres, de quelque qualité ou condition qu'ils foient, faifant profeffion de ladite religion prétendue reformée, foit dans les villes par eux retenues jufqu'au feptieme de Mars que l'édit de pacification fut conclu, foit dans les autres, nous ordonnons qu'ils n'uferont de l'exercice de leur religion, que felon la forme qui leur eft prefcrite par nofdits édits, & lettres de déclaration, à peine de cinq cens livres d'amende pour la premiere fois, & de punition corporelle pour la feconde, tant à l'encontre des auteurs, que de ceux qui fe trouveront y avoir affifté.

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Ordonnons auffi que les miniftres de la religion pretendue reformée qui auront prêché, ou fait prêcher, ou fait d'autre exercice de ladite religion, hors les lieux destinez, & autrement qu'il leur eft permis

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par nos édit & déclaration, foient punis par nos juges de la peine de banniffement hors du royaume pour la premiere fois, & de punition corporelle pour la feconde; leur défendant & à tous ceux de ladite religion, fous pareilles peines, toutes assemblées en forme de fynodes, & toute cottisation & levée de deniers. Que tous les prêtres, moines, religieux profez, qui durant les troubles, ou depuis, ont abandonné leur profeffion & fe font mariez, foient contraints, & même par prison, de laisser leurs femmes & retourner dans leurs monafteres, & reprendre leur premier état, pour y vivre fuivant notredite déclaration, ou fe retirer hors du royaume dans tel tems qu'il fera reglé par nos juges, qui ne fera pas plus long que de deux mois, autrement feront punis extraordinairement de la peine de galere perpetuelle, ou autrement felon l'exigence des cas. Et les religieufes profefles qui femblablement devant ou depuis lefdits troubles ont renoncé à leurs vœux, & fe font mariées, feront auffi contraintes de laiffer leurs maris, & de retourner dans leurs monasteres, pour y vivre felon notredite déclaration, ou fortir du royaume dans le même tems que deffus, fur peine de prifon entre quatre murailles. Tel fut le fameux édit de Rouffillon.

AN. 1564.

XCVII. Plaintes des Cal

édit.

Les Calvinistes murmurerent beaucoup contre cet édit, & fe plaignirent hautement du prejudice qu'il viniftes contre cet leur portoit; puifqu'on leur refusoit leur par pre- De Thou, hift. mier article une entiere liberté d'entendre les prêches, 436. & que l'on expofoit au peril ceux qui viendroient de loin aux lieux destinez pour les affemblées publiques; qu'en défendant de tenir des fynodes, & de

contribuer en argent, on les mettoit hors d'état de AN. 1564 conferver la difcipline; & qu'en retranchant ce qui fert à la fubfiftance des miniftres, on detruifoit le miniftere. Qu'enfin par la diffolution violente des mariages deja contractez, l'on ruinoit la liberté accordée par l'édit, & l'on impofoit aux consciences une dure fervitude en obligeant de retourner dans le facerdoce, & de reprendre les voeux aufquels on avoit renoncé. Le prince de Condé, qui étoit alors dans le château de Valery que la marechale de SaintAndré lui avoit donné, ayant appris ce nouvel édit, s'en plaignit par lettres à la reine, & lui envoya un long écrit qui juftifioit les plaintes des Proteftans; il lui représenta les vexations des gouverneurs, & l'impunité des meurtres, cent trente-deux perfonnes ayant été cruellement maffacrées depuis la paix faite, pour caufe de la religion. Le roi qui craignoit, que pendant fon abfence, les Calviniftes ne remuaffent, répondit favorablement au prince de Condé, & lui manda qu'il ne souhaitoit rien tant que de faire rendre justice à tout le monde : que pour ce qui concernoit l'interprétation de l'édit, il avoit eu de trèsgrandes raisons d'en user ainfi, & qu'il ne doutoit pas que ce prince qui confideroit le bien & les interêts de l'état, ne les approuvât lui-même. Que de plus il étoit perfuadé, qu'il n'étoit jamais venu dans l'efprit du prince de Condé de vouloir difpofer de la volonté du roi à sa fantaifie. Que fi fes gouverneurs & fes autres miniftres avoient manqué à leur devoir, il les feroit punir de telle forte, que tout le monde reconnoîtroit qu'il vouloit maintenir la paix; que l'édit de pacification fût conftamment & fince

rement obfervé, & qu'on rendît également justice à tous ses sujets sans distinction de religion. Le prince de Condé qui ne devoit pas être content de cette réponse, fçut toutefois diffimuler.

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Les cardinaux de Carpi, de Monti & Sforce moururent cette année 1564. Le premier fils de Leonelle comte de Carpi, vint au monde en 1500. le premier de Mai, & embrassa l'état ecclefiaftique, dans lequel il fit toujours paroître beaucoup de pieté. Après avoir fait fes études de philofophie & de théologie à Padoue, il alla à Rome fous le pontificat de Clement VII. qui en faveur de Leonelle fon fort aimé, de Leon X. & de tous les Medicis, lui donna l'évêché de Faenza en 1528, & fept ans après il fut envoyé nonce extraordinaire en France auprès de François I. tant pour l'indiction du concile que pour porter ce prince à la paix. Au retour de cette légation qui dura une année, il fut declaré par le pape nonce ordinaire; & Paul III. fucceffeur de Clement l'y confirma, & le fit cardinal, quoiqu'absent, en 1536. ce qui l'obligea de revenir à Rome pour recevoir le chapeau le feptieme Juillet 1537. Quoiqu'il y eût beaucoup d'antiphatie entre l'empereur & le roi de France, Carpi fçut toutefois plaire à ces deux princes, & fe concilia tellement leur bienveillance, que dans toutes les occafions où il fut envoyé vers eux, ils le regarderent comme un ange de paix : & ce fut lui qui contribua à l'entrevûe que ces deux monarques eurent à Buffeto en 1539. Il eut fucceffivement les évêchez de Gergenti, de Nole, & l'archevêché de Salerne. On lui confia enfuite la légation de la Marche d'Ancone, où il fit voir par

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AN. 1564.

XCIX.

Gui-Alcagne Sfor

ce.

fon exemple, quelle devoit être la conduite d'un gouverneur ecclefiaftique; il augmenta l'églife de Lorette, fit fortifier le port d'Ancone, reforma les abus qui s'étoient introduits dans l'administration de la juftice, la fit rendre exactement aux pauvres, que les juges sembloient mepriser, rétablit la police, & pourvut avec foin à tout ce qui pouvoit affurer le repos & le bonheur de cette province. On l'en tira pour venir commander à Rome pendant l'absence du pape qui étoit allé s'aboucher à Buffeto avec l'empereur. Le fouverain pontife le chargea enfuite du foin de l'ordre de faint François, & de la societé des Jesuites, à laquelle il fut toujours très-favorable, ayant beaucoup contribué à placer ces peres à Lorette, & il fut même leur protecteur après la mort du cardinal Contarin. Le pape Sixte V. qui d'abord n'étoit qu'un fimple religieux Cordelier lui fut redevable de toute fon elevation, puifqu'il le prit chez lui pour être fon théologien, l'envoya à Venise en qualité d'inquifiteur, le fit élire general de fon ordre, & lui procura un évêché. Enfin fon mérite & l'eftime generale qu'on avoit pour fa vertu, l'auroient placé fur le fiege de faint Pierre, s'il eût vêcu plus long-tems; mais il mourut le deuxieme de Mai de cette année, âgé de près de soixantecinq ans & fut inhumé dans l'églife de la Trinité du Mont.

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Le fecond cardinal fut Gui-Afcagne Sforce, fils Mort du cardinal de Bofio Sforce II. du nom, comte de Santafiore & de Castel- Arquato, & de Conftance Farnese fille du pape Paul III. Il étoit né le vingt-cinquieme de Novembre 1518. Après avoir achevé les études à Bouaddit ad Ciac. logne à l'âge de feize ans dans le college des Farneses,

Ciacon. in vit. pont. & card. t. 3. P.566.

Andr. Victorel in

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