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AN. 1564.

Sacra.

établi par le jurifconfulte Ancharanus de la même famille, fa grande jeuneffe n'empêcha pas le pape Paul III. de le créer cardinal dans la promotion qu'il fit leghel. in Ital dix-huit de Décembre 1564. Ille mit au rang des diacres avec le titre des faints Vite & Modefte, & on le nomma le cardinal de Santafiore. Il changea fucceffivement son titre en ceux de fainte Marie in Cofmedin, & de faint Eustache, & de fainte Marie in via lata. On lui donna tout de fuite l'administration des églifes d'Anglone, de Montefiafcone, de Corneto, de Chiufi & de Parme; il fut fait patriarche d'Alexandrie, & chargé de la légation de Boulogne; enfin camerlingue de la fainte églife, & envoyé par le pape en Hongrie en qualité de fon légat à l'occafion de la guerre contre les Turcs. Sous Jules III. il fut envoyé à Parme auprès d'Octave Farnese pour le porter à la paix. Sous Pie IV. il fut protecteur des affaires d'Efpagne, & s'employa fort à reconcilier Philippe II. avec le pape. Il mourut le septieme d'Octobre 1564. en faifant, la vifite des églises du diocese de Parme, âgé feulement de quarante-cinq ans. Son corps fut porté à Rome & inhumé dans la bafilique de fainte Marie majeure dont il étoit archiprêtre, & où l'on voit fon épitaphe.

C.

de Monti.
Ciacon. ut fup.
t. 3. 768.

Le troifieme fut Christophle de Monti né à Arezzo dans la Tofcane. On prétend que cette famille tiroit Mort du cardinal fon nom de celui d'un bourg appellé Monte-di Sansovino, dans le diocefe d'Arezzo, d'où étoit Jean-Marie "Petrus Juftiniade Monti, fait cardinal par Paul III. & enfuite pape lui-même fous le nom de Jules III. Ce fut ce pape qui adopta dans la famille de Monti, fes coufins fils de fa tante Marguerite de Monti mariée à François Guida

nus.

lotti, & dont le premier des enfans étoit Christophle AN, 1564. dont nous parlons. Jules III. le nomma patriarche d'Alexandrie & le mit au rang des cardinaux prêtres en 1551. fous le titre de fainte Praxede. Pie IV. qui ne l'aimoit pas, lui fit de la peine en beaucoup d'occafions, ce qu'il fouffrit conftamment jusqu'à la mort, qui arriva le vingt-quatrieme de Septembre 1564. au bourg de faint-Angelo-in-vado près d'Urbin, âgé de près de quatre-vingts ans. Son corps fut inhumé en cet endroit devant les degrez du grand autel de l'églife', dont il étoit archiprêtre. Il gouverna l'évêché de Cagli durant trente-sept ans, & affista aux conclaves, où se firent les elections de Marcel II. de Paul IV. & de Pie IV.

CI.
Mort de Barthe-

Valer. André, in bibl. Belgica.

Quelques auteurs ecclefiaftiques moururent auffi lemi Cameratius. dans cette année; les principaux furent Barthelemi Camerarius, Thomas Campege, & quelques autres dont nous allons parler. Barthelemi Camerarius étoit né à Benevent ville d'Italie dans le royaume de Naples. Ses ouvrages de controverses en forme de dialogue, furent imprimez à Paris en 1556. & dans l'année fuivante. Le premier qu'il publia fut un traité de la grace & du libre arbitre contre Calvin, dont il expofe d'abord les variations fur cette matiere. Il y fait confifter le libre arbitre, dans le pouvoir que l'homme a fur fes actions, & ne croit pas qu'il foit néceffaire d'y reconnoître une indifférence de contrarieté pour conftituer fon effence, En accordant que la grace nous fait faire le bien, il fourient que la volonté agit, qu'elle choisit & veut volontairement le bien; que l'homme a toujours le pouvoir de confentir, ou de ne pas confentir, quoique la grace le détermine, & que

fans cette

grace

grace il n'ait pas le fecours nécessaire pour faire actuellement le bien. Cet auteur a encore compofé trois dialogues fur la priere, fur le jeûne, fur l'aumône, dédiez à Diane de Poitiers, ducheffe de Valentinois, un dialogue de la prédestination, deux autres fur le feu du purgatoire, imprimez à Rome en 1557. & un conseil fur le mariage en 1552. il a auffi laiffé quelques décifions de droit. Il mourut à Naples en 1564. Il paroît qu'il avoit bien lû les peres & les théologiens; fon style eft fimple & fans art dans fes dialogues: mais il traite avec beaucoup de fubtilité la matiere de la grace & du libre arbitre.

à

AN. 1564.

Mort de Thomas

Bumaldi, bibl.

Aut. ecclef. in

L'onzieme de Janvier de la même année, Thomas CII. Campege, frere du cardinal de ce nom mourut a Campege. Rome, âgé de foixante-quatre ans ; il étoit de Bou- Bonor. logne en Italie, fils d'un celebre jurifconfulte, & Dupin, bibl. des ayant pris le parti de l'églife, il s'avança à la cour 4. c. x6. p. 73de Rome. Leon X. lui confia le gouvernement des & seq. villes de Parme & de Plaifance, conjointement avec le cardinal fon frere, & le nomma à l'évêché de Feltri fur la demiffion de ce dernier. Paul III. l'envoya à la diete qu'on tint à Wormes en 1540. & au concile de Trente, où il fut un des trois premiers évêques qui fe trouverent à fon ouverture. Il affifta à toutes les feffions tenuës fous le pontificat du même pape. Le plus confiderable de ses ouvrages eft celui de l'autorité des conciles, qu'il dédia à Pie IV. & qui fut imprimé à Venise en 1561. Il y expofe d'abord les caufes pour lefquelles on doit les affembler; & il les reduit à l'extirpation des herefies, & la condamnation des heretiques, à l'extinction d'un fchifme, lorfque deux perfonnes élues par différens partis prennent la qualité de Tome XXXIV.

Ff*

fouverains pontifes; enfin à la reformation de l'églife, ·AN. 1564. des mœurs des ecclefiaftiques & des laïcs : à la paix entre les princes chrétiens, aux croifades contre les infideles, & au fcandale que donneroit un pape à toute l'églife. Quoiqu'il s'explique affez obfcurement sur l'autorité des conciles generaux, on voit cependant qu'il les regarde comme inférieurs au pape, & qu'il prétend, contre toute verité, qu'ils ne peuvent lui imposer de loi, ni le dépofer, mais feulement lui refifter, & ordonner qu'on ne lui obéisse pas dans les chofes qu'il commanderoit contre le bien de l'églife. Il croit que c'est au pape à les convoquer, fonde sur ces raifons. 1°. Que dans l'ancienne loi il n'étoit pas permis de tenir aucune affemblée fans l'autorité du grand-prêtre. 2°. Que comme c'eft au premier d'une eglife à convoquer le chapitre, & au metropolitain à affembler les évêques de la province, c'est auffi à celui qui a la plus grande autorité dans l'églife à convoquer l'assemblée de l'églife univerfelle. 3°. Parce qu'il faut y appeller les patriarches, les évêques, l'empereur, rois, & que le pape feul, felon lui, a jurifdiction fur eux, dans ce qui regarde la foi & la religion ; avouë que les empereurs ont convoqué plufieurs conciles; mais il croit qu'ils l'ont fait du confentement & avec l'autorité des fouverains pontifes. Les cas aufquels les cardinaux peuvent convoquer un concile, font, felon cet auteur, quand un pape d'heresie, le refuse abfolument après plufieurs fommations; quand il y a deux contendans pour le pontificat, & que leur droit eft également douteux; & fi dans ces cas les cardinaux ne vouloient pas convoquer le concile, Campege reconnoît qu'alors c'est à l'empe

les

il

noté

reur à le faire, comme protecteur de l'églife; & que fi le pape refufoit d'y venir, il pourroit le lui ordonner par forme de commandement. Il ne doute point que le pape ne puisse transférer le concile, mais il faut, dit-il, qu'il ait des raisons puiffantes pour le faire. Il veut qu'on y appelle les cardinaux, les abbez, les évêques élus & non confacrez, les évêques in partibus, fans en exclure les curez & les prêtres : les heretiques doivent être auffi invitez. Enfin le pape y doit préfider lui-même, ou en perfonne, ou par fes légats. Parlant de la prefléance, il la donne au roi de France audeffus du roi des Romains, fi ce dernier n'est pas associé à l'empire, & n'eft pas défigné fucceffeur.

y

AN. 1564.

Campege examine enfuite la maniere de proceder dans les conciles. Il n'approuve pas qu'on donne son fuffrage par nations. Si on l'a fait dans le concile de Constance, c'eft, dit-il, que Jean XXIII. avoit à sa devotion tous les évêques d'Italie, qui étoient prefque en auffi grand nombre que tous ceux des autres nations. Il parle auffi d'une autre maniere de proceder par députations ou par commiffions, comme on fit dans les conciles de Bafle & de Latran. Il examine enfuite s'il faut commencer les déliberations par les matieres de foi, ou par celles qui regardent les mœurs: il croit que ce font celles-là qui doivent preceder, & il apporte plufieurs raifons. Il approuve la maniere de publier les decifions dans les conciles au nom du pape, quand il y est present; mais s'il n'y afsiste pas, il convient qu'elles doivent être faites au nom du concile, & approuvées par le pape. Il avoue que le concile a fon autorité immédiatement de Jefus Chrift, quand le pape y

affifte

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