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nouvellement de toutes chofes, il rentra dans le parti des Proteftans, & vint à Bafle en 1536. où il enseigna la rhétorique, la philosophie & la théologie. Après s'être appliqué quelque tems à un métier pour gagner fa vie, il s'y maria, & y mourut de peste le onzieme d'Octobre 1564.

Ses ouvrages font des notes fur la politique d'Ariftote. Un commentaire fur la rhétorique du même: un commentaire fur le Pentateuque en 1557. un autre fur Ifaïe & fur l'apocalypfe en 1561. un fur Job & fur l'Eccléfiafte en 1564. On lui attribue encore des traitez fur la logique & fur les mathé matiques. Un commentaire fur le livre des juges & fur les quatre livres des rois; & un ouvrage philofophique divifé en trois livres, de la cenfure du vrai & du faux.

AN. 1564.

CVII. Mort de Théodo

Pantaleon.

in vit. Germ.

Theodore Bibliander nâquit à Bifchoftseli près de faint Gal en Suiffe. Il étoit fçavant dans les lan- re Bibliander. gues & dans la théologie des Proteftans, & fur-tout Profoprog. lib. 3. dans l'expofition de l'écriture fainte : ce qui fit qu'on Melchior Adam le choifit pour être profeffeur à Zurich, où il enfei- theol. gna la théologie depuis l'an 1532. jusqu'en 1560. Ses opinions particulieres, contraires au dogme des Proteftans fur le dogme de la Prédestination, engagerent les Proteftans à le prier de quitter fon emploi, sous prétexte de fe reposer; & pour l'y déterminer, ils lui accorderent le titre d'émerite ou de véteran. Bibliander profita de ce loifir pour donner une nouvelle édition de l'alcoran. Il en corrigea le texte felon les regles de la critique, en conferant enfemble les exemplaires Arabes & les Latins; il y joignit la vie de Mahomet & celle de fes fucceffeurs, Tome XXXIV.

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& y mit une préface apologetique, qui souleva tous AN. 1564. les chrétiens, & qui fit connoître que l'auteur n'étoit lui-même attaché à aucune religion. Il publia plufieurs autres ouvrages, comme l'hiftoire évangelique de faint Marc, avec la vie de Jean-Marc évangélifte: une expofition de la prophétie du rétablisfement d'Ifraël, de la ville de Jérufalem & du temple, & d'une feconde divifion de la terre par tribus. Une justification des écrits d'Oecolampade & de Zuingle: un fonge fur la destinée de la monarchie Romaine un traité de la Trinité & de la foi catholique. Enfin trois livres d'une expofition historique des myfteres de la paffion & de la mort du Messie. Il mourut âgé de foixante ans en 1564. le vingtfixieme de Novembre. Ce fut lui qui mit la derniere main à la bible de Leon de Juda, qui fut imprimée à Zurich en 1543. & deux ans après Robert Etienne ajouta cette nouvelle traduction dans l'édition de la bible qu'il donna avec les notes de Vatable.

CVIII.

nir les Luthériens

gliens.

an. n. 22.

Raynald. in an

:

Cette même année les Calviniftes voulant fortifier

On tente à réu- leur parti, tenterent de se reconcilier avec les Luavec les Zuin- thériens d'Allemagne. Les ennemis de la maison d'AuSpond. a hune triche y donnerent les mains; & fuivant ce dessein on indiqua pour le fixieme d'Avril des conférences à nal. hoc an. n. 24.-Maulbrun, ancien monaftere du duché de Wirtem-berg à fix milles de Spire. On ne choifit qu'un prince de chaque côté, Christophle duc de Wirtemberg pour les Lutheriens, & Frederic électeur palatin pour les Zuingliens ou Calviniftes. Chaque prince prit avec lui cinq théologiens, deux confeillers d'état & un fecretaire. Les théologiens du duc de Wirtemberg étoient Jean Brentius, Jacques d'André, Thierry,

Senept, Balthazar Bidembrach & Valentin Vanni; les deux confeillers Jean Fizler & Jerôme Gerard, & l'on choifit pour fecretaire le fameux Luc Ofiander. Du côté de l'électeur palatin, les théologiens étoient Pierre Bouquin, de la province de Berry en France Michel Tiller, Zacharie Urfin de Silefie, Gaspard Olerian de Treves, & Pierre Dathen; les deux conseillers, le chancelier Christophle Ehem, & un médecin nommé Thomas Erafte, avec Guillaume Xilander profeffeur en Grec, qui devoit fervir de fecretaire. Les principaux tenans de la difpute devoient être Brentius pour les Lutheriens, & Bouquin pour les Zuingliens, la matiere de la conference étoit l'euchariftie.

AN. 1564.

Conférence de

De Thou, in hift.

Bouquin foutint d'abord que Jefus-Christ n'étoit СІХ. point préfent dans l'euchariftie, & qu'il ne pouvoit être Malbrun entre les reçu par les impies ni par les profanes; que la céne n'étoit deux partis. que la mémoire de la mort du Sauveur, & que Jefus- 436. an. 1565. Chrift n'étant mort que pour les juftes, n'étoit mangé que par eux. Brentius repliqua que cette opinion étoit infoutenable, en ce qu'elle retranchoit tout le fruit qui fe pouvoit tirer de l'euchariftie, & qu'elle ôtoit abfolument la néceffité de la recevoir. Car fi d'un côté, difoit-il, le corps & le fang de Jefus-Chrift n'y étoient pas, & fi de l'autre le même Jefus-Chrift n'avoit fouffert que pour les fideles, les méchans n'en devoient point approcher du tout, & les bons n'en devoient approcher que par bienséance, puisqu'ils avoient déja par la foi toute l'affurance de leur falut, qu'ils pouvoient defirer, & que d'ailleurs il ne leur arriveroit aucun avantage nouveau en se présentant à l'euchariftie. Le Calvinifte répartit & fit voir les pré

tenduës abfurditez, qui s'enfuivoient du fentiment AN. 1564. de Brentius, & la difpute dégenera tellement en invectives & en injures ; que l'électeur & le duc fatiguez se retirerent, prétextant quelques affaires qu'ils avoient dans leurs états. Cette conférence qui dura fept jours, & qui n'avoit été établie que pour unir les deux partis, causa dans la suite une plus grande défunion.

CX.

tribue la victoire,

& l'on ne conclut
rien.
Sond. ut fup.

Les actes qu'Ofiander en publia pour les Lutheriens Chaque parti s'at- furent fi différens de ceux de Xilander en faveur des Calviniftes, que tout ce qu'on en put conclure, fut qu'on n'étoit convenu de rien. Brentius mit au commencement des actes des Lutheriens, une lettre qui reprochoit aux Calvinistes l'excès de leur impudence & de leur vanité: & les Calviniftes accuferent à leur tour Brentius de mensonge & de mauvaise foi. Ils prétendirent que les Lutheriens répliquerent qu'ils n'avoient garde de reconnoître pour freres ceux à qui même ils ne voudroient pas donner place dans leurs églises, & qu'ils chaffoient de leur communion comme poffedez du malin efprit, & comme ennemis de JesusChrist. Brentius dont on vient de parler, a passé pour le premier auteur de l'Ubiquité, parce que ne pouvant fouffrir la doctrine de la tranfubftantiation, & croyant la vraie présence de Jesus-Christ dans l'eucharistie, il publia que le corps de Notre-Seigneur étoit par-tout, ubique, par union perfonnelle; d'où ces difciples furent appellez Ubiquitaires.

CXI.

Les Jefuites com

Au mois d'Août de cette année 1564. les Jefuites mencent à ouvrir le voyant enfin approuvez en France, s'adrefferent à leur college à Pa- Julien de faint Germain, qui étoit pour lors recteur Sacchini, hift. de l'univerfité de Paris, lequel de fon propre mouvement, & fans confulter les facultez, leurdonna des

Jis.

fociet. Jefu, 1. 8. ‚n. 78,

AN. 1564.

collect. judic. de

nov. error. t. 2.p.

lettres d'immatriculation fous le fceau privé du recteur le dix-neuvieme de feptembre. En conféquence de ces lettres, ils ouvrirent leur college à qui ils donne-D'Argentré in rent le nom de college de Clermont de la focieté de Jefus. C'étoit une grande maison qu'on appelloit la 345. cour de Langres, dans la rue faint Jacques, ils l'avoient achetée l'année précedente, des legs de l'évêque de Clermont fils du chancelier du Prat. Ils commencerent à y faire des leçons publiques le premier jour d'Octobre 1564. Les premiers profeffeurs qu'ils Y établirent, furent Michel Vanege pour y enfeigner les humanitez, & Jean Maldonat pour la philofophie, & ils eurent d'abord un grand nombre d'écoliers. Ce dernier étoit Espagnol, né à Fuenté-del-Maestro, petit village de l'Estramadure, & il avoit étudié à Salamanque avec fuccès fous Dominique Soto Dominiquain, & sous François Tolet Jefuite, avant que d'être appellé à Paris. Mais à peine eurent-ils commencé leurs leçons, que les oppofitions fe renouvellerent. Jean Prévôt, qui fe trouvoit recteur de l'université au mois d'Octobre, en la place de Julien de faint Germain, leur défendit tout exercice de claffe, jusqu'à ce qu'ils euffent fait connoître par quel droit ils entreprenoient de profeffer. Son ordonnance est du vingtieme d'Octobre.

Les deputez de la faculté de théologie de Paris, nommez pour l'examen des matieres qui appartenoient à la foi, s'affemblerent le deuxieme de Mars de cette année, à l'occafion de quelques propofitions avancées dans un fermon prêché par Simon Vigor docteur de la même faculté. On l'accufoit d'avoir dit, 1°. Que le baptême conferé par les heretiques, & fur-tout par les

CXII. Examen de quel

ques propofitions

de Simon Vigor. D'Argentré ut

fup. t. 2. p. 340.

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