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6. 13.

6. 14.

c. 15.

fecours de Dieu, qui rend non- feulement poffiAN. 1565. ble, mais facile aux faints, ce qui eft devenu impoffible à l'homme par fes propres forces depuis fa chûte. Les questions qu'il traite dans le chapitre treizieme, pourquoi il n'y a que le peché d'Adam qui foit passé à sa posterité, & que nous n'avons pas également hérité de ses autres fautes, ne mérite pas qu'on s'y arrête. Ce qu'il dit dans le quatorzieme, que le peché originel étant remis, fes fuites ne laiffent pas que de fe faire fentir, eft connu de tout le monde. Mais ce qu'il dit dans le chapitre quinzieme, que loi des membres ou de la concupifcence de la chair n'eft pas seulement mauvaise dans les faints, parce que c'eft une peine, mais encore parce que c'eft une désobéissance à la loi divine, fait plus de difficulté: auffi Baïus s'applique-t'il à prouver l'un & l'autre dans ce chapitre. Il y montre que cette loi des membres est une peine, parce que c'est une punition de sa désobéisfance, de l'indépendance dont il avoit prétendu joüir, de l'orgueil qui a porté fon efprit à s'élever contre fon créateur. Que cet état où fa chûte l'a réduit, le porte encore à fe révolter fans ceffe contre Dieu, à réfifter à ses préceptes, à se soustraire à ses ordres, à violer ce qui lui eft commandé de plus jufte & de plus raisonnable. Il n'a fur cet article d'autre langage que celui de l'écriture & des peres. Il ne dit rien que ce que tout homme fent qu'il doit dire après faint Paul: La loi de Dieu me plait, felon l'homme interieur ; mais je vois dans mes membres une autre loi qui comRom. v1 22.23. bat contre la loi de mon efprit : & c'eft cette répugnance à la loi de Dieu, cette refiftance à ce qui eft juste, qu'il appelle une désobéissance à la loi, parce

que Dieu, créateur de tout, veut que tout lui foit foumis, & que néanmoins tout fe revolte en nous contre lui: Auffi, dit Baïus, faint Ambroise appellet’il la loi des membres une iniquité, même après que le peché a été remis par le baptême, parce qu'il eft injufte, dit ce pere, que la chair fe revolte contre l'efprit, comme il eft jufte que l'efprit s'éleve contre la chair. Or, conclut Baius, quand l'efprit fe fouleve contre la chair, il obéit à la loi de Dieu; donc lorfque la chair se revolte contre l'efprit cette revolte est une defobéiffance à la loi de Dieu. Mais il fait voir dans les deux derniers chapitres, que ces refistances de la loi des membres, les mouvemens involontaires de la cupidité, les effets non confentis de la concupifcence, ne font pas néanmoins des pechez dans les juftes..

AN. 1565.

c. 16. 17.

XLIX. Traité du mérite

Le traité du mérite des œuvres eft divifé en deux livres. Nous tâcherons, dit Baïus, d'y trouver 1°. des œuvres. Que de même que la damnation a été le juste salaire du peché dans les anges tombez, de même la félicité éternelle a été la jufte récompenfe du mérite dans les anges qui font demeurez fideles; & que par la même raifon, cette félicité n'eût point été une grace, mais une récompenfe méritée dans l'homme, s'il eût perfeveré jusqu'à la fin dans le bien dans lequel il avoit été créé, comme on doit dire que dans l'homme purifié & réparé par le fang de Jefus-Christ qui a été

verfé

pour lui, c'eft véritablement à caufe de fes mérites. que. Dieu par un jufte jugement lui rend la vie éternelle qu'il avoit perdue: avec cette différence, ajoute-t'il que pour l'homme innocent, la vie éternelle n'eût été que la récompenfe de fon mérite,

&

que pour l'homme tombé, mais réparé par l'applicaAN 1565. tion de la mort de Jefus-Chrift, la vie éternelle eft en même tems & grace, & récompenfe de fon mérite. Ce que Baïus dit qu'il tâchera de prouver dans ces deux livres, il le prouve en effet par l'autorité & par le raifonnement. Il répond auffi à quelques objections, qu'il prévoit qu'on pourroit lui faire. La premiere, que dans l'écriture la vie éternelle est appellée une grace de Dieu; d'où il paroît s'enfuivre que ce n'eft point une récompenfe. C'eft une grace, dit Baïus, pour les pécheurs, tels que nous naissons tous; mais c'est une récompenfe, lorsque ces pecheurs par leur nature, ont fait par la grace de Dieu un bien méritoire du falut. On pouvoit encore objecter ces paroles de l'écriture: Luc. XVII. io. Lorsque vous aurez fait tout ce que je vous aurai commandé, dites: Nous fommes des ferviteurs inutiles. Aux termes mêmes de l'écriture, replique Baïus, nous fommes des ferviteurs, non des efclaves; or un ferviteur mérite le falaire de fes fervices. Nous fommes des ferviteurs inutiles, cela eft vrai; parce que, ajoute-t'il, nous n'avons rien en nous qui nous rende propres de nous-mêmes au bien que la grace nous fait faire : que Dieu nous laisse avec notre nature pechereffe, nous ferons entierement inutiles au bien, mais fa grace nous y rend utiles en nous le faifant faire. Il réfout ainfi plufieurs autres objections, & l'on fent par tout qu'il avoit l'efprit net, & qu'il étoit maître de fa matiere. Sur la fin du deuxiéme livre de ce traité, il examine fi les péchez que nous appellons veniels, font tels de leur nature, & il prétend que ce n'eft que par miféricorde qu'ils font sensez tels, & qu'il n'y a point de péché qui ne nous exclût du royaume de Dieu, fi le

c. za

fang de Jesus-Chrift ne nous en purifioit. Il examine auffi dans ce fecond livre les opinions de quelques théo- AN. 1565. logiens, touchant le fondement du mérite : les uns le mettent, dit-il, dans l'adoption ou la participation de la nature divine, & les autres dans l'obéïssance aux préceptes ; & il adopte ce dernier sentiment. Jesus-Christ, dit-il, repetant dans l'évangile la convention ou le pacte qu'il a fait avec l'homme dès le premier moment de fa création, ne dit point, fi vous voulez garder mes commandemens, vous obtiendrez la vie éternelle ; mais fi vous voulez entrer dans la vie éternelle, gardez mes commandemens. Par où il infinue, ajoutet'il, que de même que nous fommes devenus tous fujets à la mort éternelle, parce que nous avons violé le pacte que Dieu avoit fait avec tous les hommes dans la perfonne d'Adam, de même nous obtiendrons la vie éternelle, fi perfonnellement dans le temps de notre premiere création, nous gardons inviolablement les commandemens de Dieu.

L.

Traité de Baïus

C. I.

Genef. 1. 26.

Dans le traité de la premiere justice de l'homme, il dit qu'on ne peut ne peut nier que le premier homme n'ait de la premiere jufété créé dans la droiture & dans la justice. Dieu le tice de l'homme. dit lui-même dans le premier chapitre de la Genese: Faifons l'homme à notre image & à notre reffemblance. Or, dit Baïus, cette reffemblance doit s'entendre d'une reffemblance de fageffe, & des autres vertus de Dieu, autant que l'être créé pouvoit approcher par là d'un être incréé. Il réfute ceux qui ont un sentiment contraire, & appuye le fien par un affez grand nombre d'autorités prifes de l'écriture & des peres. Mais en quoi confiftoit l'integrité de cette premiere droiture qui étoit dans l'homme avant sa chûte?

I

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c. 4. & 5.

Elle ne confiftoit pas feulement, dit-il, en ce que AN. 1565. l'efprit de l'homme étoit uni & attaché à Dieu par une connoiffance pleine & entiere de fa loi, & fa volonté par une obéiffance complette à fon créateur; mais encore, en ce que les parties inférieures de fon corps étoient foumises aux parties fuperieures; que fa volonté regloit l'ufage de tous fes membres, & qu'aucun ne réfiftoit. Čet état, felon Baius, n'étoit point une faveur faite à la nature de l'homme innocent; elle ne pouvoit être privée lors de sa création des avantages dont elle fut pourvue. C'étoit fon état naturel : les peines que le premier péché a entraînées avec soi, en font, felon lui, une preuve décifive; & il se récrie contre les philofophes qui ont pensé autrement. Mais aujourd'hui la justice, quand elle est donnée à l'homme, eft furnaturelle, parce qu'elle ne lui eft point dûë depuis le péché, & que Dieu l'accorde gratuitement felon les deffeins toujours admirables de fa fageffe & de fa providence.

ċ.

c. 9. & 7.

c. 8.

LI.

C. IO.

des impies.

4.

La deuxième partie de ce livre eft proprement un Traité des vertus fecond traité, où Baïus examine la queftion qui regarde les vertus des infidéles ou des impies, c'est-à-dire, de ceux ou qui n'ont pas la foi, ou qui ne vivent pas selon la foi. Il foutient, que les actions qui sont bonnes en elles-mêmes, & ce qu'on appelle vertus morales, ou vertus de l'honnête homme ne méritent point proprement ce nom dans ceux qui n'ont pas la foi, ou en qui la foi n'eft pas animée par la charité, parce que les uns n'y ont pour objet que la volupté, les autres les honneurs & les richeffes, ou eux-mêmes: parce qu'elles ne font point rapportées à Dieu, qu'elles ne l'ont pas pour fin, pour but unique; il ajoûte que ce font plutôt des

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