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de faire quelques reglemens pour mettre la paix AN. 1565. dans leurs églifes, & arrêter les nouveautez des Pinczowiens. On le leur promit, & il fut arrêté qu'on n'accorderoit plus aux nouveaux Ariens de conférence publique, que le dogme d'un seul Dieu en trois perfonnes confubftantielles & coégales en tout feroit maintenu, & que toutes les églifes de la prétendue reforme feroient obligées d'y adhe-rer. Tous les miniftres Pinczowiens qui ne s'étoient pas trouvez à ce jugement, protefterent contre ; ils dirent qu'on avoit agi contre les conventions faites avant la conference en condamnant Gregoire Pauli & fes adherans, fans les avoir entendus: mais cela n'empêcha pas que leur fecte ne fût extrêmement décriée & de vive voix, & par écrit: principalement par Philoppovius & Lafficius, qui demanderent même qu'on traitât les Pinczowiens en Pologne comme on avoit traité Servet à Geneve. Environ dans le même tems on agita de & part On agite la quefd'autre avec beaucoup d'aigreur la queftion du bap- tion du baptême tême des petits enfans. Les Pinczowiens le rejettoient, fous prétexte que l'écriture fainte felon le fens qu'ils lui donnoient, n'en parloit point formellement ; & les prétendus réformez le reconnoiffoient néceffaire, fous prétexte que la tradition depuis les Apôtres jufqu'à eux, l'autorisoit, & que l'écriture n'y étoit pas contraire. Les premiers qui se fouleverent contre le baptême des petits enfans furent les Ariens de Cujavie, de Bristie, & de plufieurs églifes de Lithuanie. Avant cette révolte prefque universelle fur ce fujet, Farnovius & Vifnovius avoient déja commencé à rebaptifer les adulTome XXXIV. Rr

LXIII.

des petits enfans.

tes qui avoient reçu le baptême dans leur enfance AN. 1565. on attribue cette innovation à Gonés, qui dès l'année 1562. avoit fait un livre contre le baptême des enfans, à Pierre Pulchranius Allemand, recteur du college de Bieha dans la province de Lublin, à Paclefius, à Mathias Albinus miniftre de d'Iranovie, à Jerôme Pickarfius & à Martin Czechovius. Ce dernier tourna si bien l'efprit de ceux de Cujavie, qu'il ne les obligea à baptifer que les adultes.

LXIV.

cie & de Wengro

tion.

Lubienieski, hift.

Simon Zacius Proffevicius ancien de l'église de Synodes de Bref- Vilna, avoit produit dès l'année 1559. un formuvie fur cette quef-laire de foi contre le baptême des petits enfans. Ce formulaire caufa dans la fuite des conteftations reform. ecclef.Pol. très-vives entre Czechovius, Nicolas wandrogovius, & Paul furintendant des églifes de Lithuanie; celui-ci étoit pour le baptême des petits enfans, & les deux autres le combattoient. Dans le deffein de les concilier on indiqua en 1565. un fynode à Brefcie, où fe trouverent trente-deux miniftres, mais fans fuccès : ce nombre n'étoit pas fuffifant pour imposer filence, ou pour arrêter l'impétuosité des deux rebaptifans. On remit donc l'affaire à un autre fynode, qu'on tint le vingt-cinquieme Décemde cette année à Wengrovie Ville de Podlaxie. Luthoromiski prit la peine d'écrire aux églifes de Vilna pour les prier d'y envoyer leurs députez. Quarante- fept miniftres, feize grands seigneurs, & grand nombre de Lithuaniens qui n'étoient pas pour le baptême des enfans s'y trouverent. Philoppovius y préfida du confentement de toute l'affemSandius, in bibl. blée. On y lut les lettres de Kifcian & d'Anne Antitrinit. p. 54 de Radzivil Palatines. Ces lettres lûes, on exami

na celles des églifes de Lublin, de Sidlovie, de Brefcie, & d'autres. Tous demandoient qu'on ne décidât rien fur la matiere du baptême des enfans, que fur les termes de l'écriture; & qu'on s'appliquât à pacifier les troubles qui divifoient les églises. On fut fix jours à contefter pour & contre le baptême des enfans avec autant de chaleur, qu'on avoit fait dans les autres fynodes pour & contre le myftere de la Trinité: & on ne conclut rien.

Cependant les ministres de Lithuanie retournez dans leurs églifes, publierent hardiment que le fynode avoit condamné le baptême des enfans, & qu'il avoit déclaré qu'on devoit fe faire inftruire dans la foi, avant que de recevoir le baptême. Quelques ministres de Vilna qui étoient pour le baptême, protesterent contre ce faux bruit, & écrivirent d'une maniere vive & piquante à ceux de Brescie, fur ce qu'ils vouloient introduire dans les églises la pernicieufe coûtume de ne pas baptifer les petits enfans des fidéles. Ces hommes de rien, difoient ces lettres, ont d'abord demandé que l'on baptisât les feuls adultes, pour mettre leur confcience en fûreté fur ce sujet : & allant d'abîme en abîme, ils ont révoqué en doute la validité de leur baptême, & ont foutenu hautement qu'ils n'avoient pas été baptisez. Un tems viendra qu'ils croiront qu'on n'eft pas obligé de baptifer les adultes, étant tous fpirituels. Après ces plaintes, ces mêmes lettres exhortent ceux de Brefcie de fuir ces malheureux Anabaptistes, de s'en tenir à la simple institution du baptême, & à l'évangile, leur promettant de les délivrer de ces efprits inquiets & turbulens. Ces lettres font datées de Vilna l'an 1566.

Les ministres de Brescie les reçurent fort mal, ils y

AN. 1565.

AN. 1565.

répondirent fur le même ton. Vous dites, ce font leurs termes, que la doctrine qui combat le baptême des enfans, eft la peste & la ruine de la république, & des églises de Dieu ; & pour nous, nous l'appellons la doctrine & le commandement des apôtres, & nous la fuivrons. Auffi depuis ces conteftations, ils demeurerent fermes dans leur erreur, & ne baptiserent plus les enfans. Quelques autres églifes, particulierement celles de Ruffie & de Tranfilvanie, ne fe contenterent pas d'embrasser l'erreur fur le baptême des enfans, elles appellerent ce baptême une idole, le comparant au ferpent d'airain, & ajouterent que ceux qui foutiennent la néceffité de ce baptême, font femblables à ceux qui cherchent l'arche de Noé, le joug de Jeremie, & les fléches de Joas. Ils prétendirent que ce baptême qui avoit été nécessaire au commencement de l'église, étoit inutile aujourd'hui ; puifque les enfans des fidéles font appellez faints par les apôtres, & qu'étant véritablement faints, c'étoit une erreur de leur imputer le péché originel: d'où ils concluoient qu'il étoit inutile de leur donner le baptême; d'autant, difoient-ils, que dans les principes de ceux qui le donnoient, il n'étoit conferé que pour ôter le péché originel, pour faire des faints, & pour augmenter la famille de Dieu & de Jefus-Chrift fon fils. Sur ces maximes ils prétendirent renouveller l'ancien ufage de l'église à l'égard des Catéchumenes, & prirent le soin d'instruire ceux à qui ils conferoient le baptême, laissant toutefois aux particuliers la liberté de faire ce que la raison, la confcience & l'interêt leur infpiroient, pour éviter les pourfuites de la justice, fi on avoit eu connoiffance de leur · procedé.

Ces Antitrinitaires perdirent dans cette année deux de leurs chefs. Le premier Valentin Gentilis dont nous avons déja parlé. Ce fut dans le fynode tenu en 1562. à Pinczow en Pologne, qu'il débita ouvertement le pur Arianifme. Mais obligé de fe retirer fuivant l'édit de Sigifmond Augufte, qui chafsoit hors de la Pologne tous les étrangers qui dogmatifoient contre la Trinité, il prit le parti de quitter en 1564. & vint en Moravie, où il demeura peu. Il passa ensuite en Autriche, où ayant appris la mort de Calvin il passa en Savoye, y dogmatifa, & y difputa autant de fois qu'il trouva de gens qui voulurent bien entrer en lice avec lui. Enfin étant venu dans le pays de Gex, le Bailli qui pour fe laver du foupçon qu'on avoit à Berne de fon heterodoxie fur la Trinité, ou de fa trop grande liaison avec Gentilis, fe faifit de fa perfonne, de fes papiers & de ses autres effets. Parmi fes papiers on en trouva un qui contenoit le plan d'une difpute publique, qu'il prétendoit demander aux magiftrats de Berne, ou de Gex, & où il ne projettoit pas moins, que de confondre tous les miniftres, & le confiftoire du canton, qui fuivoient la doctrine de Calvin ; à condition que celui qui ne pourroit pas prouver fon fentiment par la pure parole de Dieu, feroit mis à mort, comme un impofteur, & le défenfeur d'une fauffe religion; & que fi perfonne n'ofoit accepter ce defi, le bailli & le conseil de la ville prononceroient, que lui-même avoit de fentimens orthodoxes & pieux touchant le Dieu très-haut, & Jesus-Chrift fon fils. Ce projet fut une des principales pieces de fon procès. L'on jugea dèslors, que ce malheureux, non-obstant fes fermens, & ce qu'il avoit déja fouffert pour les erreurs, n'en étoit

T

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LXVI. On lui fait fon procès, & on lui

coupe la tête.

ut

Sandius, ibid.

fup. p. 17.

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