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changement, il à feulement voulu marquer que la AN. 1566. discipline avoit pû fe perfectionner avec le tems. Ce traité fut imprimé en 1559. & il y joignit un autre ouvrage de l'euchariftie, & du faint facrifice. Pierre Dathenus Cordelier d'Ypres, qui avoit apostasié, ayant publié beaucoup d'injures & d'invectives contre les Catholiques, Latomus repouffa toutes ces impoftures par un ouvrage imprimé en 1556. fous le titre de réponse à Dathenus Cordelier apoftat. Enfin cet auteur a encore laiffé plufieurs lettres adreffées à Sturmius touchant le fchifme, & l'état des églises d'Allemagne; elles font imprimées avec celles du même Surmius à Strasbourg en 1566. qui fut l'année de sa mort à Coblentz. Il avoit alors plus de quatre-vingts

XI.

ans.

II. George Caffander de Bruges, ou plutôt de l'isle Mort de George de Caffandt proche Bruges, d'où il a pris fon nom, & De Thou hift. où il vint au monde en 1515. après avoir enfeigné les Dupin ut fup.t. belles lettres à Bruges, à Gand, & ailleurs avec une Valere André in très-grande réputation, il s'attacha dans la fuite aux

lib. 28. 36. & 38.

16.p. 42.

bibl. Belg.

controverfes touchant la religion, & le premier ouvrage qu'il publia fur cette matiere, fut du devoir de l'homme pieux, & qui aime véritablement la paix dans les différends fur la religion; il le publia en 1562. Comme ce livre ne parut d'abord en France, que par les foins de François Baudouin qui l'y apporta le premier, & que Caffander n'y avoit pas mis fon nom, on crut que Baudouin en étoit l'auteur. Calvin qui le croyoit ainfi, écrivit aigrement contre lui; Baudouin fe défendit, & Caffander alors fe déclara le véritable auteur de cet ouvrage, pour la défense duquel il écrivit avec autant de modération, que Calvin avoit fait

paroître d'aigreur & d'emportement. Jean Heffels,
Robert Cenalis & Bredembachius écrivirent auffi contre
ce traité de Caffander, qui a néanmoins acquis avec
raison à fon auteur, le titre d'homme moderé, & qui
l'a fait regarder comme l'homme le plus propre à pa-
cifier les differends fur la réligion. Après avoir long-
tems enfeigné à Bruges, le prince Guillaume de Cle-
ves le pria de venir le trouver pour éxaminer la cause
des anabaptistes, & il demeura quelque-tems à Duif-
bourg. Il y étoit encore en 1564. lorfque l'empereur
Ferdinand lui écrivit le vingt-quatre de Juin, de fe
rendre à Vienne pour travailler à la réunion des Pro-
testans ; mais sa fanté ne lui ayant pas permis de faire
ce voyage, l'empereur lui écrivit pour lui demander
un abregé de la doctrine chrétienne, dans lequel ou-
tre les anciens articles de la foi catholique, qui ont
toujours été reconnus, il expliqua avec plus d'étendue
ceux qui étoient controverfez. Cassander y travailla
fuivant le deffein de l'empereur, & compofa ce célé-
bre
ouvrage intitulé: Confultation fur les points de
Religion controverfez, qu'il envoya à Maximilien II.
parce que Ferdinand étoit mort, lorsqu'il fut achevé.
Ce fut le dernier ouvrage de Caffander, qui mourut
le trois de Fevrier de cette année, âgé de cinquante-
deux ans cinq mois & dix jours,

AN. 1566.

Il avoit joint à la connoiffance des chofes faintes une grande candeur d'ame, & une profonde humilité. Le zéle qu'il avoit pour la réunion & pour la paix de l'églife, lui a peut-être fait un peu trop accorder aux Proteftans; mais il est toujours demeuré uni à l'église catholique, & il a déclaré qu'il fe foumettoit à son jugement, & qu'il condamnoit hautement les auteurs du

fchifme, & leurs principales erreurs. Il étoit doux, AN. 1566. patient dans les maux patient dans les maux, & d'un défintereffement parfait. Dans toutes les difputes qu'il eut, il ne témoi gna jamais ni aigreur, ni animofité; il ne rendoit point, injure pour injure, & l'on n'a point remarqué dans fes mœurs, ni dans fes écrits aucun veftige de préfomption, ni d'arrogance: il fuyoit la gloire, les honneurs & les biens, & a vécu caché & retiré, n'ayant d'autre

XII.

Ouvrages de cet

guteur,

pensée, ni d'autre defir que de procurer la paix de l'églife; d'autre occupation que l'étude, d'autre emploi que de compofer des ouvrages qui pussent être utiles au public, ni d'autre paffion que celle de connoître, & d'enseigner la vérité. On voit qu'il fe plaint dans fes lettres de ce que les Catholiques & les Proteftans se déclaroient également contre lui; parce qu'il ne portoit pas les chofes à l'extrémité; il s'y juftifie fur divers reproches, & il parle souvent de la goute, qui l'incommodoit fort.

Ses œuvres qui avoient été imprimées féparément en divers tems, à mesure qu'il les composoit, furent affemblées dans un volume in-folio à Paris en 1716. auquel on ajouta fes lettres, & deux conférences avec les Anabaptistes, qui n'avoient pas encore paru. Son premier ouvrage, intitulé des liturgies, traite du rite & de l'ordre de la célébration de la céne de NotreSeigneur, que les Grecs appellent liturgie, & les Latins, meffe. Le fecond eft un recueil d'hymnes & de collectes avec des obfervations, à la tête duquel il a mis le traité de Bede, des mefures & des pieds des hymnes: il y parle de l'office divin, & de la diftribution des heures canoniales. Il y fait une longue differtation, touchant la communion fous les deux efpeces; & c'est

là où il examine s'il eft refté du fang de Jefus-Chrift fur la terre. A l'occafion d'une hymne de fainte Catherine, il fait voir que l'histoire de cette sainte est entierement apocryphe. 3. Les œuvres de Vigilius évêque de Thapfe, publiées néanmoins fous le nom de Vigilius évêque de Trente, avec un traité d'Honoré évêque d'Autun, de la prédestination & de la grace, mais fort défiguré. 4. Un commentaire fur les deux natures en Jesus-Christ. 5. Un traité du baptême des enfans, qui fut fuivi d'un autre de l'état des enfans qui meurent fans avoir reçu le baptême, dans lequel il répond aux objections des Anabaptistes. 6. Son ouvrage, qui a fait le plus de bruit, du devoir de l'homme pieux, &c. dont on a déja parlé; avec un dialogue pour la défense de cet ouvrage. 7. Sa célébre confultation fur les points de religion controverfez. 8. Un traité fur l'établissement de la communion fous les deux efpeces. 9. Un catalogue des hommes illuftres de l'ancien testament. 10. Deux conférences avec les Anabaptiftes. 11. Enfin les lettres adreffées aux plus habiles gens de fon tems, dans lesquelles il y en a beaucoup qui concernent des matieres ecclefiaftiques. Ses autres œuvres font des éloges d'illuftres Italiens & Romains; un panégyrique de la ville de Bruges ; des tables qui contiennent les régles, & les préceptes de la rhétorique & de la dialectique, une réduction de la monnoie des Grecs & des Romains à celle de Flandres, & un traité de l'art de prêcher. On convient qu'il eft le premier qui a écrit de la liturgie un peu folidement. III. Jean Heffelius ou Heffels, né en 1522. à Louvain, où il fut professeur royal de théologie, en la place de Lithovius devenu évêque d'Ypres. En 1563.

AN. 1566,

XIII.
Mort de Jean

Heffelins.
torib. facul XVÍ,

Le Mire de fcrip

bibl. Belg.

prà t. 16. p. 62.& fuiv.

il fut député au concile de Trente, où il alla avec MiAN. 1566. chel Baïus, & Corneille Janfenius, qui fut depuis Valere André in évêque de Gand; & après la fin de ce concile il revint Dupin loco fu- à Louvain, où il continua fes exercices, & y mourut d'apoplexie le fept de Novembre 1566. n'ayant pas plus de quarante-quatre ans. L'ouvrage qui lui a acquis plus de réputation eft fon catechifme, qui eft proprement un corps de théologie dogmatique & morale, tirée des peres & principalement de faint Auguftin, qui fut imprimé à Louvain en 1571. Ses autres ouvrages font les preuves de la préfence réelle du corps & du fang de Jefus-Chrift dans l'eucharistie : Un traité de l'invocation des faints: Une réfutation de la loi nouvelle : un traité de la fermeté perpetuelle de la chaire de faint Pierre : Un autre du devoir de l'homme pieux sur les differends de la religion, contre Cassander: Un autre contre le même touchant la communion fous les deux efpeces : Une défense de la célébration de l'office en une langue que l'on n'entend point, imprimée en 1567. La cenfure de quelques hiftoires des faints, que Molanus a fait imprimer avec fon martyrologe à Louvain en 1568. Un commentaire fur la Paffion de Notre-Seigneur, imprimé à Louvain la même année; & une lettre fur la conception de la fainte Vierge. Enfin des commentaires fur la premiere épître à Timothée, fur la premiere épître de faint Pierre, & fur les épîtres canoniques de faint Jean. Tels font les ouvrages imprimez de cet auteur, qui a été un des plus grands ornemens de l'univerfité de Louvain, non pas tant pour fon éloquence, par la fcience des langues, & par la profondeur de fon érudition, que par fon jugement folide & fon fage discernement; par l'a

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