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mour qu'il avoit pour l'églife & pour la verité, par fon affiduité au travail, & par le fruit qu'on peut ti- AN. 1566.

rer de fes ouvrages.

XIV.

Echard de fcrip

bibl. Hifp.

IV. Barthelemi de Las-Casas, né à Seville en 1474. Mort de Barthes'eft rendu célebre par fes miffions dans les Indes, où mi de Las-Cafas. il paffa la premiere fois avec fon pere Antonio de Las- ord. Prædicat. Calas, n'ayant que dix-neuf ans en 1493. Revenu en Nicol. Antonio Efpagne en 1498. il y continua fes études & s'engagea dans l'état ecclefiaftique, pour repasser dans l'Amerique ; & y ayant été ordonné prêtre en 1510. il fe vit contraint d'accepter la cure de Zaguamara dans l'Ifle de Cuba; mais il ne la garda pas long-tems, il aima mieux travailler à la liberté & au foulagement des Indiens, que les Efpagnols traitoient avec une extrême dureté. Ce qui l'affligeoit le plus étoit que les chrétiens fe fervoient du prétexte de la religion, pour affouvir leur insatiable avarice, & que s'érigeant en tyils vouloient infpirer aux Indiens de l'amour pour notre religion, par les endroits même qui les en éloignoient davantage. Pour procurer cette liberté, il fit un voyage en Espagne, exposa à l'empereur Charles V. les cruautez des Efpagnols, & lui fit connoître combien cette barbarie étoit préjudiciable & à l'état & à la religion. Ce prince le reçut favorablement, le chargea de retourner aux Indes, & de veiller fur la conduite des gouverneurs. Mais tous fes foins furent inutiles, les perfécutions qu'il eut à effuyer de la part des Espagnols ne le rebuterent pas; au contraire, fentant animer fon zele à la vûe de tous leurs mauvais traitemens, il prit l'habit de l'ordre de faint Dominique en 1522. pour être plus en état de foulager ces malheureux perfécutez, & de procurer divers établis

rans,

femens dans le Perou. Retourné des Indes en Espagne, AN. 1566. il agit avec tant d'ardeur par ses remontrances continuelles qu'il obtint enfin en 1543. un édit donné à Barcelone, qui établiffoit des loix particulieres pour les Indiens, que les gouverneurs feroient obligez de fuivre eux-mêmes, & de faire exécuter. Ces reglemens furent publiez dans les Indes; mais les gouverneurs, ou plûtôt les tyrans du pays n'y eurent aucun égard, & continuerent leurs vexations, leurs violences & leurs rapines. La cour d'Efpagne étoit alors à Valladolid, & le docteur Sepulveda, auquel d'autres se joignirent, soutint, qu'il n'y avoit aucun péché à maltraiter ainfi les Indiens. Son ouvrage fut imprimé, & étoit en forme de dialogue; mais il eut recours à Rome pour cette impreflion, n'ayant jamais pû en obtenir la permiffion en Espagne, tant par les obftacles qu'y forma Barthelemi, que par la décision des deux universitez d'Alcala & de Salamanque, qui déclarerent la doctrine de cet ouvrage que n'étoit pas faine, & qu'on ne devoit point permettre de l'imprimer, Charles V, informé que contre fes défenses, l'impreffion s'en étoit faite en Italie, donna un ordre exprès pour défendre de le débiter, & fit faifir tous les exemplaires, à l'exception de quelques-uns qu'on fauva.

Barthelemi qui dans l'année 1544. avoit été obligé d'accepter l'évêché de Chiapa dans la nouvelle Efpagne, fe crut obligé de refuter le livre de Sepulveda, pour la défense des Indiens. Il le fit par des mémoires intitulez: Brieve relation de la deftruction des Indes, &c. qui furent traduits en François, par Jacques de Migrodde, & imprimez en 1552. Le même ouvrage fut

enfuite

enfuite publié en Latin à Francfort en 1598. & en Italien de la traduction de Jacques Caftellani à Venise en 1643. & il en a paru une nouvelle version Françoise à Paris en 1697. Cette relation contient premierement, le recit des cruautez, & des tyrannies exercées par les Efpagnols dans les royaumes & dans les provinces des Indes; & on y entre dans un grand détail. En fecond lieu, après une lettre & un mémoire de l'auteur adreffée à Charles V. où l'on reprefente les injuf tices, les vexations & les cruautez des gouverneurs de ces provinces; on fait voir que ces traitemens qu'on fait aux Indiens, font contraires aux véritables interêts de l'état, à la justice & à la religion ; & l'on joint à ce mémoire trente propofitions, dans lesquelles on établit le pouvoir du pape fur les nations infidelles qui fe convertiffent, pour y envoyer des miffionnaires ; & l'on y établit auffi celui des rois & des princes chrétiens; l'on conclut que la maniere d'établir la foi dans les Indes, doit être conforme à celle dont Jefus-Christ s'eft fervi pour introduire la religion dans le monde, c'est-à-dire, qu'elle doit être douce, pacifique & pleine de charité; & que vouloir fubjuguer les Indiens par la force de armes, eft une voie toute contraire à la loi de Dieu.

On a encore de ce même auteur un ouvrage Latin où il examine cette question, fi les rois ou les princes peuvent en conscience, par quelque droit, ou en vertu de quelque titre, aliener de la couronne leurs citoyens, & leurs fujets, & les foumettre à la domination de quelqu'autre feigneur particulier. Cet ouvrage qui eft devenu très-rare, a été imprimé deux fois en Allemagne, la premiere fois par les foins de Tome XXXIV. Ccc

AN. 1566.

AN. 15.66.

XV.

du Moulin,

Wolfang Griefteter, & la feconde à Tubinge en
1625. par les foins de Jacques Kylinger, dans l'impri-
merie de Bernard Wildius. Monfieur Dupin dit que l'au-
teur y touche des points très-délicats, & fort curieux
touchant les droits des princes fouverains & des peuples;
& rapporte une partie des principes & des maximes
qui y font foutenues, fur des paffages du droit civil &
du droit canonique, & fur l'autorité des jurifconful-
tes & des docteurs. Barthelemi compofa encore d'au-
tres ouvrages qui n'ont pas été publiez, & entr'autres
une histoire générale des Indes, dont Antonio de Her-
rera a profité pour la compofition de la fienne. Ce
grand homme après s'être employé à un si saint tra-
vail pendant cinquante ans, avec un zéle extraordi-
naire, s'être rendu, pour ainfi dire, le martyr de la
liberté des Indiens, avoir effuyé l'incommodité de plu-
fieurs voyages, & des perfécutions infinies des Espa-
nols remit fon évêché entre les mains du
pape & fe re-
tira à Madrid, où il mourut en 1566. âgé de
vingt-douze ans.

quatre

V. Charles du Moulin célébre jurifconfulte dont Mort de Charles on a déja parlé fouvent, étoit né à Paris l'an 1500. de San-Marthan, Jean du Moulin,& de Perrette Chaufidon. Il fut in elog. lib. 2. Dupin bibl. t. 16. reçu avocat dès l'an 1522. & commença à composer in. 4°. p. 62. & des ouvrages qui ont fait affez de bruit. Celui qui lui

Luiv.

caufa de plus fâcheufes affaires, fut fon commentaire fur l'édit de Henri II. contre les petites dates, dont la cour de Rome fut fi irritée, qu'il fut contraint en 1552. de fortir de Paris & de fe retirer en Allemagne. L'ouvrage fut cenfuré par la faculté de theologie de Paris, & le parlement rendit un arrêt qui le fupprima. La maifon de du Moulin fut pillée pendant son absen

ce : & il ne revint à Paris qu'en 1557. d'où il fut encore obligé de fortir pendant les guerres de la religion. Sa confultation fur le concile de Trente lui fut fi funefte, qu'elle lui attira la prison, d'où il fortit en 1564. par ordre du roi & de la reine régente. Ainfi retiré chez lui, il s'appliqua à la compofition de plufieurs ouvrages. Il avoit déja publié en 1539. son commentaire fur une partie de la coutume de Paris. En 1565. il fit paroître la concorde des quatre évangeliftes, qu'il avoit compofée étant à Orléans, & qu'il dédia à Charles IX. Comme il combattoit dans cet ouvrage la doctrine & les erreurs de Calvin, les miniftres l'attaquerent vivement, & leur fureur alla fi loin, que l'Imprimeur de ce livre paffant par Geneve, y fut arrêté, mis en prison, condamné à faire amende honorable le dix-fept Decembre de cette même année, & à brûler le livre en présence du bourreau, devant l'hôtel-de-ville.

il

Du Moulin avoit fait d'abord profeffion du Calvinifme, qu'il quitta dans fes voyages d'Allemagne : embrassa alors la confeffion d'Aufbourg, à laquelle il renonça entierement fur la fin de fa vie, pour r'entrer dans le sein de l'église catholique. Les outrages qu'il avoit reçus des fectaires ne contribuerent pas peu à fa converfion, & l'obligerent à préfenter dans le mois de Février une requête au parlement, laquelle contenoit trente-quatre chefs d'accufation, dont voici les principaux: Que les Calviniftes fous prétexte de religion, faifoient des assemblées féditieuses: qu'ils tiroient de l'argent de leurs fectateurs fans l'ordre du roi ; qu'ils tenoient des confiftoires; qu'ils établiffoient des diacres, & d'autres fortes de miniftres, aufquels ils don

AN. 1566.

XVI. Requête de cet auteur au Parle

ment, contre les De Thou, in hift.

Calviniftes.

1. 38. hoc. an. vera

fus

finem.

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