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AN. 1566.

noient des appointemens de la substance du peuple : que les ministres qui tenoient la premiere place dans ces confiftoires y connoiffent de toutes fortes d'affaires au mépris du roi & des magiftrats : qu'ils excitoient à à la licence la multitude déréglée, après lui avoir enseigné une mauvaise doctrine: qu'ils étoient presque toujours étrangers: qu'ils n'étoient point appellez au ministere par une vocation légitime,& qu'ils fe fervoient de la difcipline de Geneve pour les affaires civiles & pour la religion, à la ruine du Royaume : qu'ils empêchoient les prêtres de faire leurs fonctions. Qu'enfin, tout ce qu'ils faifoient ne tendoit qu'à suborner la fidélité des fujets du roi. Il apportoit pour raifons de la haine que les hérétiques avoient contre lui, 1o. Qu'il avoit dit, que la confeffion d'Ausbourg qu'on fuivoit en Allemagne, étoit plus fupportable que celle de Geneve & des Suiffes. 2°. Que dans fon commentaire fur la coutume de Paris, il les avoit appellez des fanatiques & des féditieux : il fe plaignoit de ce que pour ce fujet ils le décrioient ouvertement dans leurs prêches & dans leurs fynodes : qu'ils corrompoient ses domestiques pour l'obferver: & que pour empêcher qu'il n'eût des gens qui écriviffent fous lui, ils les féduifoient ou par menaces ou par careffe, ou à force d'argent. Cette plainte lui fit obtenir une commiffion d'informer: quatre témoins furent entendus, & déposerent des faits pour établir les chefs généraux & particuliers de fa requête. Mais toutes ces procedures n'eurent aucune fuite. Du Moulin se vit restraint à publier une deffense contre les calomnies des Calviniftes, fous le nom de Simon Chaludre profeffeur des faintes lettres, qui est l'anagrame du fien. Connoiffant l'abus & les-er

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reurs des fectaires, il abandonna entierement leur fauffe religion. Comme il aimoit beaucoup fa patrie, il fut touché d'une vive douleur, voyant que la réformation qu'il avoit si ardemment défirée, s'étoit convertie en licence & en faction. Il se flattoit que fi Dieu le laiffoit encore quelque tems fur la terre, son exemple, & fes écrits en attireroient un grand nombre dans le fein de l'églife catholique; mais il mourut peu de tems après le vingt-sept de Décembre 1566. âgé d'environ foixante-fix ans, non feulement dans la communion de l'églife catholique, mais encore dans des fentimens très-orthodoxes, & après avoir reçu les facremens de l'église avec beaucoup de piété en préfence du docteur Claude Defpenfe, de René Bonel principal du collége du Pleffis & de François le Court, ou Courtin curé de la paroiffe de faint André des arcs, qui l'affifterent à la mort. Il fut enterré dans le cimetiere de cette église fur les huit heures du foir fans aucune pompe funebre, & laiffa deux enfans de fa premiere femme, un garçon & une fille. Le fçavant Antoine de Mornat fit fon épitaphe, qui eft très-fimple, & Julien Brodeau compofa fa vie, qui ne fut publiée que long-tems après la mort.

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lin.

XVII.

Ouvrages de

Parmi les ouvrages il y en a beaucoup qui concernent le droit civil, & les coutumes de differentes pro- Charles du Mon vinces, dans lesquels on trouve des principes un peu relâchez, parce qu'il raisonne en jurifconfulte & non pas en théologien ; par exemple, il croit qu'on peut tirer interêt d'un argent qu'on prête à celui, qui n'étant pas dans le befoin, n'emprunte que pour négotier, acquerir, ou augmenter fon bien, pourvû que cet interêt foit moderé, & non exceffif. Parmi fes confeils

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AN. 1566.

il y en a quelques-uns qui regardent les matieres ec clefiaftiques. Dans fon traité de la monarchie, il traite de la police & de l'histoire ecclefiaftique, des loix des empereurs & des rois, touchant la difcipline de l'église, & des édits qu'ils ont donnez pour se garantir des pourfuites de la cour de Rome. On peut mettre au rang de ce qu'il a fait sur des matieres ecclesiastiques, son discours prononcé dans l'université de Tubinge touchant la dignité de la théologie, & des loix impériales; de leur difference, de leur corruption, & de leur rétablissement; de la puiffance, du devoir, & de la difference des magiftrats civils, & des miniftres de l'église. Sa confultation pour la noblesse de Picardie, touchant l'évêché d'Amiens, contient beaucoup de chofes qui regardent le droit canonique. Ses confultations fur la réception du concile de Trente font plus importantes: Il y en a trois, deux en Latin, l'une plus courte l'autre plus ample, & une en François : mais cette derniere est l'originale. Un nommé Pierre Gregoire Toulousain, & professeur de Pont-à-Mousson, écrivit contre cette confultation. Enfin, il y a des notes de du Moulin fur le décret de Gratien & fur les décrétales. Un commentaire fur l'édit des petites dates, & fur les regles de la chancellerie de Rome reçuës & ufitées en France, & une concorde des quatre évangelistes avec des notes, dans lefquels il paroît Calvinifte pour les fentimens, fans qu'on voye qu'il ait rien retracté, parce que ce ne fut que fur la fin de sa vie, & dans fa derniere maladie, qu'il revint tout-à-fait de fes égaremens, n'ayant été auparavant ni bon Catholique, ni zélé Calviniste, ni rigide Protestant. La derniere édition de fes ouvrages en cinq volumes in-folio eft de l'année 1681.

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par

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XVIII.

De Thou, hift.

VI. Marc-Jerôme Vida, né à Crémone en Italie, fait Clement VII. en 1532. évêque d'Albe, fur le Tanaro dans le duché de Montferrat, étoit plus poë- Mort de Jerôme te que théologien. On fait beaucoup de cas de fon trai- Vida. té en vers de l'art poëtique: On eftime encore fa Chrif- 1.38. in fine. tiade, ou fon Poëme de la vie de Jefus-Chrift, & Baillet Jugement des fçavans t. 3. un autre Poëme du jeu des échecs; mais fon Poëme 4. in-4°. fur les vers à foie peut paffer pour fon chef-d'œuvre. Outre les ouvrages on a encore de lui des hymnes, des Bucoliques, une épître à Jean-Mathieu Ĝibert des dialogues de la dignité de la république, une Paftorale fur la mort du pape Jules fecond, des conftitutions fynodales, le martyre de faint Dalmace, & un livre du magiftrat. Ce prélat mourut le vingt-fept Septembre 1566. dans fa foixantiéme année, & fut enterré dans fon église d'Albe.

Les Proteftans perdirent auffi dans cette année quelques-uns de leurs auteurs : `le premier fut Jean Draconites ministre d'Allemagne, né à Carloftad dans la Franconie. Après s'être adonné pendant quelque tems à l'étude des langues, il entreprit une Poliglotte de la bible en cinq langues, à l'imitation de celle d'Origéne, & de l'édition d'Alcala; il ne put voir la fin de ce grand ouvrage, étant mort fubitement avant que de l'avoir achevé le 16. d'Avril à Tubingen, âgé de foixante-cinq ans. Il avoit publié des commentaires fur quelques prophêtes, & d'autres petits ouvrages. Le fecond fut Ambroife Blorerus, dont cependant quelques historiens reculent la mort à l'année suivante. Il étoit né à Constance le quatorziéme d'Avril 1492. & avoit pris l'habit de religieux dans l'abbaye d'Aberf pach près de Wittemberg, où il fit affez de progrès

XIX.
Mort de Jeari

Draconites & Blau-
De Thou, L. 38.

rerus.

Melchior Adam in vit. theol.

Germ.

dans les fciences; mais les écrits de Luther, & les enAN. 1566. tretiens qu'il eut avec quelques hérétiques, l'ayant perverti en 1523. il apostasia, & prêcha les nouvelles erreurs à Conftance où il s'étoit retiré. De-là il passa à Bafle & se trouva avec Zuingle, Oecolampade, & d'autres à cette assemblée, où les magiftrats changerent toute la religion, & introduifirent l'héréfie. Il mourut à l'âge de foixante-quinze ans & Calvin lui a donné de grands éloges dans fes épîtres. Tous les ouvrages qu'il a laissez le réduisent à quelques traitez de

XX.

Spond hoc an.

n. 22.

Naudé apologie

mes. c. 16.

dévotion.

Il ne faut pas omettre le célébre Michel NoftradaMort de Michel mus, médecin & astrologue fi renommé par ses préNoftradamus. dictions ridicules, & du nom duquel tant d'autres fe sont servis pour en débiter de semblables. Quelques des grands hom- hiftoriens mettent le lieu de fa naiffance à faint Remi en Provence, & d'autres à Salon où il est enterré dans l'église des Cordeliers, & où l'on voit encore aujourd'hui fon portrait avec son épitaphe fur une pierre de marbre. Il mourut dans cette même ville le deuxième de Juillet âgé de foixante-deux ans, fix mois & dixfept jours. Il avoit étudié à Montpellier, & après fes études, il voyagea à Toulouse & à Bourdeaux. Ce ne fut qu'après fon retour en Provence qu'il publia en 1555. fes centuries, dont on fit tant de cas, que roi Henri II. voulut en voir l'auteur, qui fut cet effet amené à Paris par le comte de Tende gouver neur de Provence. Ce monarque lui donna deux cens écus d'or, & l'envoya voir les Princes fes fils qui étoient à Blois. On a écrit que Charles IX. l'avoit aussi gratifié de quelque fomme d'argent, lorfqu'il paffa par la Provence,

le

pour

Jean

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