AN. 1567. * Jean Heffels qui étoit mort. fût nommé dans la bulle. Le principal objet est son livre qu'il faut fupprimer; quoi qu'il en foit, & comme j'ai toujours connu ce docteur pour une bonne perfonne, & un homme rond & droit, j'efpere en venir plus aisément à bout, que je n'aurois fait de maître Jean de Lovanio*, qui étoit fçavant, mais opiniâtrement attaché à ses opinions & à fes paradoxes. Dieu le lui pardonne. J'ai écrit à votre illuftriffime feigneurie, ce que m'a dit notre Lupi, lorfque j'étois à Malines; & depuis me trouvant à Louvain, j'en ai conféré avec ledit Bay, qui confentoit à fe foumettre en ceci; de quoi même il a écrit au curé de faint Jean de Malines, qui lui a fait la réponse que vous trouverez ci-jointe avec la lettre, que m'écrivit hier ledit Bay, laquelle eft enfuite de la conversation que nous eûmes à Louvain là-deffus, lorsque je lui repréfentai que toutes nouveautez étoient dangereufes. Il fe plaint fort de mon* Joffe Raveftin fieur Tileto*, qui s'eft vanté, à ce qu'il dit, qu'on verroit bien-tôt une bulle avec des cenfures. J'examinerai s'il y a quelques moyens de les reconcilier, sans préjudice toutefois de la religion, & de l'autorité dudit Tileto; avec lequel tient la plus faine partie de la faculté. Je ne manquerai pas de communiquer ladite * Ce confeffeur bulle au confeffeur de monfieur le duc d'Albe, pour de Tileto. étoit Cordelier. avoir fon avis, comme je ferai avec ceux de fon ordre. Car pour bien faire il faudroit, à mon avis, mander le provincial Pepin, & les gardiens de Namur, d'Ath en Hainaut, & de faint Omer qui ont adhéré aufdites nouveautez pour leur intimer ladite bulle & cenfure, afin qu'ils ne puiffent en prétendre cause d'ignorance, & qu'ils changent de conduite à l'a part venir. A Bruxelles ce vingt- un Decembre. AN. 1567. XLVI. Morillon fait af fembler la faculté bulle. pour lui fignifier la Baiana t. 2. ope rum Baii p. 197. XLVII. Atteftation da doyen fur l'inti mation de cette A tous ceux qui ces préfentes lettres verront: Salut dans le Seigneur. Nous faifons fçavoir que dans une assemblée de la faculté spécialement indiquée à ce jour, a comparu devant nous Maximilien Morillon , p. 66. & feq. bulle. Baïana ut fup, prévôt de l'églife d'Aire, & vicaire general du cardinal AN. 1567. de Granvelle, archevêque de Malines, qui nous a expofé en peu de mots, qu'il avoit reçu une bulle de notre faint pere Pie V. expédiée à Rome le jour des calendes du mois d'Octobre dernier, portant condamnation d'un certain nombre de propofitions, refpectivement comme erronées, heretiques, scandaleuses, & offenfant les oreilles pieufes ; quoique quelques d'entr'elles puiffent en quelque maniere être fou tenuës dans la rigueur, & dans le propre fens des termes que leur ont donné ceux qui les ont avancées, dont quelques-uns des docteurs fe font servis jusqu'à préfent dans notre école d'une maniere nouvelle. Ôr, fa fainteté a ordonné l'exécution de fa bulle à mondit seigneur illuftriffime, qui par fes lettres de Rome du treize Novembre dernier fignées de fa main, a commis ledit prévôt fon vicaire general pour tenir fa place en cette partie. Et pour remplir fa commiffion, il nous a produit la bulle & les lettres dudit seigneur avec le respect qui leur est dû. Il nous les a lûës mot à mot clairement & diftinctement, & après cette lecture, il les publia, & nous les intima en la maniere, & en la forme qu'il le dut faire, afin que nous en euffions connoiffance. a pen Enfuite il nous exhorta à la paix & à la concorde, nous conjurant par les entrailles de la miféricorde de Notre-Seigneur Jesus-Christ, à nous dépouiller de tous préjugez, & de tous fentimens humains, fer tous de même, à parler le même langage, & à faire profeffion de la pure doctrine enfeignée par nos prédeceffeurs, gens très-habiles dans cette célébre école, qui a été fi fouvent honorée des éloges du faint fiege, AN. 1567. & qui a été en fi grande réputation dans toutes les églifes du monde chrétien. Il nous exhorta à nous occuper du falut éternel, & à terminer en paix les conteftations qui pourroient naître parmi nous, pour éviviter les reproches qu'on objecte aux fectaires & aux heretiques de notre tems; qu'ils ne conviennent point entr'eux, que différentes paffions les emportent, & qu'ils donnent dans des opinions contraires ; que nous nous fouvinffions qu'il n'y a qu'un Dieu, qu'une foi, qu'un baptême, qu'une églife, dans laquelle il faut nous renfermer. Qu'il ne refte donc qu'à prendre les moyens convenables pour remedier au mal préfent, & fatisfaire aux ordres de fa fainteté ; & qu'il nous laiffoit à tous la liberté d'opiner. Ainfi chacun de nous ayant ouvert l'avis, qui paroiffoit le plus convenable dans les conjonctures préfentes, le grand vicaire dit : Qu'il ne jugeoit pas feulement néceffaire qu'on s'abftînt déformais de foutenir dans les difputes, ou par écrit, les articles exprimez dans la bulle; mais qu'il falloit encore interdire les livres, dont prefque tous ces articles étoient tirez. Et pour exécuter les ordres du pape dont il étoit chargé, il conclut qu'en qualité de commiffaire quoiqu'indigne, du fouverain pontife, & de délegué de l'illuftriflime cardinal de Granvelle, par l'autorité du siege apoftolique, & en vertu defdites lettres; il nous enjoignoit à nous doyen, & aux autres maîtres de ladite faculté, par la fainte obéiffance, d'observer très exactement toutes, & chacune des chofes contenues dans ladite bulle, fuivant les ordres & les intentions de fa fainteté, & de ne pas fouffrir qu'on enfeignât en public ou en particulier, dans les disputes & dans les écoles, par écrit ou de vive voix, les articles condamnez dans la même bulle; AN. 1567. fous les peines & menaces qui y font exprimées, de quelque maniere que ce foit. XLVIII. nous y con A ces chofes, nous doyen, du consentement defdits maîtres au nom de la faculté répondîmes au même prévôt : Que nous acceptions avec toute forte de refpect, & que nous avions accepté actuellement avec foumiffion la bulle apoftolique de notre faint pere le pape Pie V. & chacun des articles qui y font contenus, n'ayant pas d'autre intention que de nous former religieufement en tout, comme de vrais enfans d'obéiffance, rendant tous à fa fainteté de trèshumbles & très-vives actions de graces du soin paternel qu'elle prenoit de notre univerfité, & promettant de donner toute notre attention, pour bannir de notre école la diverfité des fentimens. Et afin d'accomplir Les docteurs de plus aifément toutes fes promeffes, nous fuppliâmes pie de la bulle, qu'on nous délivrât une copie de la bulle, ou du qu'on leur refufe. moins des articles qui y étoient condamnez; & pour faire enforte que le tout fe paffât fans fcandale, nous demandâmes tous unanimement, qu'on n'interdît point par une défense publique la lecture des livres, dont les propositions sont tirées ; attendu que cette défense ne pouvoit fe faire fans offenser vivement plusieurs perfonnes, & fans couvrir d'une infamie perpetuelle l'auteur de ces livres ; qu'il fuffifoit pour le tems préfent que les articles en question fuffent condamnez, & qu'à l'avenir on ne pût ni les propofer, ni les foutenir; à quoi nous tiendrions exactement la main. mandent une co Baïana ut fup, P. 197. Le prévôt répondit: Que pour des raisons graves & très - importantes, il ne pouvoit pour le préfent nous délivrer une copie de la bulle, que cela paffoit fes |