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fur-tout ceux qui lui étoient unis, ou par le sang, AN. 1567. ou par leurs charges; que fa majesté ayant été inforLXXXII. mée que plufieurs s'étoient assemblez en armes à faint par le roi aux chefs Denys, fans fes ordres, & qu'on nommoit pour les De Thou, l. 42. principaux chefs, le prince de Condé, les trois ColiLa Popelin.l. 13. gnys, Odet cardinal de Châtillon, Gaspard amiral de

Ordres envoyez.

des rebelles.

LXXXIII. Cette fommation

La Popeliniere,

France, & François d'Andelot, François comte de la Rochefoucaut, François d'Angeft feigneur de Genlis, George de Clermont d'Amboise, François comte de Sault, François de Barbançon de Cany, Jacques de Boucard, de Bayancourt, de Bouchavanes, d'Ailly de Pequigny, Jacques de Broullard feigneur de Lify, Gabriel comte de Montgomeri, Jean de Ferrieres vidame de Chartres, avoit donné ordre à l'un de fes hérauts de commander à tous ceux qui avoient pris les armes sans ses ordres, de quelque condition qu'ils fuffent, de les quitter, & de comparoître devant le roi, pour lui rendre l'obéiffance qu'ils lui devoient, fuivant le commandement de Dieu, comme à leur prince légitime. Que fi au contraire ils déclaroient, & faifoient voir par leur exemple, qu'ils approuvoient ces assemblées extraordinaires, qui ne pouvoient être regardées que comme une révolte manifefte, sa majesté étoit réfolue d'agir après cette déclaration felon la qualité & l'importance de l'attentat.

Cette fommation ayant été portée à faint Denis du roi embarraffe de la part du roi aux chefs des rebelles, les embarrassa les Calvinifies beaucoup. La plupart furent d'avis de restraindre leurs hift. de Fran.l. 12. prétentions à celles de demander l'exercice libre de leur religion, & la liberté des confciences, fans diftinction de lieux, & de personnes, en supprimant les interprétations des nouveaux édits, & tout ce qui avoit été

De Thou, L. 41.

ajouté par les parlemens de France. Cet avis fut bien
reçu, on le trouva propre à excufer leur rebellion,
quoiqu'il n'y ait aucune raison qui puisse jamais la
rendre légitime, & pour donner une couleur encore
plus apparente de justice à leur conduite, ils publierent
un écrit, dans lequel ils proteftoient que ce qu'ils
avoient fait, n'étoit point dans l'intention d'affoiblir
l'autorité royale, dont ils étoient, difoient-ils, les plus
́fidéles gardiens; mais pour avertir sincerement sa ma-
fa
jesté, comme ils y étoient obligez par le ferment, de
jetter les yeux fur la partie la plus innocente de fes fu-
jets opprimez par l'avarice, & par la violence des étran-
gers, & de pourvoir par fa prudence aux calamitez pu-
bliques, fans ajouter aucune foi aux fauffes accufations
de leurs ennemis.

Cette feconde requête ayant été presentée au roi, on commença à esperer qu'on en pourroit venir à un accommodement, en réduifant les demandes dans les bornes de la cause de la religion. Mais la reine ne vouloit plus de paix ; gagnée par les follicitations du cardinal de Lorraine, & voyant d'ailleurs la puiffance des Guifes abbatue par la mort du duc, elle crut que la guerre feroit un moyen sûr pour séparer & pour affoiblir les Montmorencys & les Colignys, au lieu qu'elle fentoit bien qu'ils demeureroient unis pendant la paix. Ces motifs la déterminoient à la guerre; néanmoins le crédit du connétable porté à la paix l'emporta dans le confeil, & l'on crut qu'une ou deux conférences fuffiroient pour rétablir la tranquillité dans le royaume; de forte que la reine après avoir inutilement employé toutes fes défaites, fut obligée de consentir à une negociation pour la paix avec les CalviM m m ij

AN. 1567.

LXXXIV. On convient d'u

ne entrevûë à la Chapelle entre les

deux partis.

De Thou, in hift.

1. 42. n. 8.

AN. 1567.

LXXXV.

Calviniftes fait

rence.

Davila, l. 4. p.

nistes. Le roi députa vers eux le connétable lui-même, avec fon fils François de Montmorency, le maréchal Artus de Coffé feigneur de Gonnot, Armand Gontaut de Biron, & Claude de l'Aubefpine fecretaire d'état. L'entrevûe se fit à la Chapelle, entre saint Denys & Paris, avec le prince de Condé accompagné des Colignys, du vidame de Chartres, du comte de Sault, & de François de Barbançon feigneur de Cany. Mais l'obftination des rebelles qui ne vouloient point de paix, rendit cette tentative auffi inutile que les précédentes.

Les Proteftans s'obftinerent à demander fur-tout L'obftination des qu'on leur accordât une liberté de confcience pure & rompre la confé- fimple en tout fens, dans toute son étendue, & fans être limitée par les lieux, ni par les perfonnes. S'ils 200. & fuiv. euffent plus restraint cette propofition, le connétable Merit qui aimoit la paix, étoit difpofé à la conclure autant Fr. t. 2. p. 965. qu'il étoit en lui; mais voyant qu'on parloit d'accommodement, ils voulurent beaucoup plus qu'ils n'avoient propofé d'abord, & leur obftination fit continuer la guerre.

De Thou, l. 42.

Mezeray, hift. de

& fuiv.

LXXXVI.

la guerre de part

& d'autre.

De Thou, l. 42.

105.

Caftelnau, l. 1.

ch. 6.

Charles IX. dans cette extrémité, dépêcha des couOn le prépare à riers à tous les gouverneurs de provinces pour affembler des troupes autant qu'ils pourroient. Les CalviBellefor. l. 6. c. niftes en firent autant, & l'on fe battit de nouveau. Etampes fut pris en peu de tems, Dourdan se soumit; les rebelles voyant que les ponts & les ports des environs de Paris étoient occupez par les troupes du roi, les attaquerent à faint Cloud, & le vingt-quatre d'Octobre ils firent paffer la Seine à leurs foldats dans des bateaux, d'où ils arriverent fans danger à faint Ouen, où l'amiral de Coligny les attendoit. Ces troupes fai

foient deux mille hommes de cavalerie, quatre mille d'infanterie; mais tous les jours on en voyoit arriver de nouvelles.

AN. 1567:

LXXXVII. s'emparent de tou

Les Calviniftes

tes les avenue's de Paris.

Cependant ils diftribuerent leur armée; une partie demeura à faint Denys avec le prince de Condé, ayant pour chefs le vidame de Chartres, le feigneur de Cany, le comte de Sault, le comte de la Sufe & d'au- De Thou, L. 423 tres. Une autre partie fe joignit à l'amiral de Coligny & à d'Andelot fon frere, avec de Clermont d'Amboife, & Renti vint à faint Ouen fur la Seine. Les seigneurs de Genlis, de Vardes, & d'autres eurent leurs quartiers fur la gauche à Aubervilliers; en forte que ces deux villages étoient comme les deux aîles qui couvroient faint Denys, où étoit le corps de l'armée. Le comte de Montgommery fut envoyé pour se saisir du Bourget, fur le chemin qui va à Senlis, & toutes les avenues de Paris étant fermées de ce côté-là, Clermont d'Amboife eut ordre d'aller à Charenton fur la Marne, au-dessus de Conflans, où il y a un pont fortifié d'une tour. Celui qui commandoit dans la tour, la rendit fans réfistance, & fat puni de mort à Paris. L'on s'étoit déja emparé de Lagny, & en même tems d'Andelot avec cinq cens chevaux & une troupe de gens d'élite, accompagné du comte de Montgommery étoit allé du côté de Poiffy, pour fermer le paffage, aux troupes que le duc d'Albe envoyoit en France, fous la conduite du comte d'Aremberg: mais comme les troupes du roi lui avoient fermé le chemin pendant qu'il étoit à Poiffy, il ne put venir rejoindre les fiens, ni fe trouver à la bataille qui fut donnée bientôt après.

Il restoit encore aux confederez à s'emparer d'Ar

LXXXVIII.

Les Parifiens mur

ment faute de vi

vres.

1.

genteuil, qui eft un bourg fur la Seine au-deffous de AN. 1567. faint Denys, fermé de foibles murailles, fans presque avoir de foffez. Le feigneur de Bouvry fut commandé murent ouverte pour s'en rendre maître, & le prit fans beaucoup de peine. Ils prirent auffi le château de Bufenval de l'autre De Thou, l. 42. côté de la Seine, & par-là ils se rendirent maîtres du Maimbourg, hift. chemin par où l'on vint de l'Anjou, du Mans, du Perche, de Chartres, & même de la Normandie, d'où une grande quantité de vivres venoit à Paris. Les Parifiens qui commençoient à fe fentir de la privation où cette approche de l'armée les réduifoit, murmurerent ouvertement, & fe fuffent emportez jufqu'à la fédition, fi le roi ne les eût retenus.

La Popelin. l. 11.

du Calvin. L.

in-12. p. 193.

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Le connétable d'autant plus fenfible à ces murmures du peuple, qui retomboient prefque tous fur lui, réfolut de hâter l'exécution du deffein qu'il avoit d'attaquer tous les quartiers des ennemis l'un après l'autre. Il jugea à propos de commencer par faint Denys, où le prince de Condé s'étoit logé. Il fortit à la tête de 16000 hommes pour attaquer ce prince dans fon pofte; le prince n'avoit pas alors 4000 hommes; il crut néanmoins qu'il étoit important de n'attendre pas l'ennemi dans un lieu où il pouvoit être forcé, mais de fortir & de lui donner bataille. Quoiqu'il n'efperât pas d'avoir la victoire, il prévoyoit que le combat ne pourroit commencer que fur le foir, & que la nuit fépareroit les combattans, avant que le connétable eût pû remporter un grand avantage fur des troupes aguerries, qui avoient une retraite aufli proche, dans laquelle une armée qui ne feroit pas tout-à-fait victorieuse, n'oseroit les attaquer,

Les chofes arriverent comme il l'avoit prévu. La ba

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