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taille se donna dans la plaine de faint Denys, le deuxieme de Novembre fur le foir : Coligny qui commandoit l'aîle gauche de l'armée Proteftante, fut dé

AN. 1567.

LXXXIX. Bataille de S.

De Thou, L. 42.

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fait par François de Montmorency, fils aîné du conné- Denis. table. D'un autre côté le connétable fut défait par le Bellefor. l. 6. prince de Condé & le cardinal de Châtillon; ses troupes ayant pris la fuite, il fe trouva enveloppé de tous côtez, & abandonné des fiens. Robert Stuart gentilhomme Ecoffois du parti des Proteftans, le priant de fe rendre à lui, le connétable qui n'avoit plus la liberté de combattre, ne lui répondit que par un coup de pommeau de fon épée, qui lui abattit deux dents. Alors Stuart irrité, ou quelqu'autre lui tira par derriere un coup de piftolet dans les reins, au défaut de la cuiraffe, & le bleffa à mort. Il tomba à terre de ce coup; mais en même tems les troupes victorieuses de François de Montmorency accoururent, & le retirerent des mains des ennemis.

Enfin, après un combat de trois quarts d'heure, les Proteftans ne pouvant plus disputer la victoire, se retirerent en bon ordre, & laisserent les Catholiques maîtres du champ de bataille. Le lendemain le connétable mourut de fa bleffure. Il étoit âgé de quatrevingt ans, il avoit néanmoins combattu de fa main avec toute la vigueur d'un jeune homme, après avoir pris ses mesures pour le combat avec toute la prudence d'un grand capitaine.

Les confederez pour ôter au roi la gloire d'avoir remporté une victoire entiere, & pourvoir à leur réputation dans le royaume, auffi -bien que chez les princes Allemands, jugerent à propos de présenter la bataille de nouveau, quoiqu'ils fuffent bien persuadez

AN. 1567.

X C.

de nouvelles trou

pes.

La Popelin. hift.

de Fr. l. 22. Davila, l. 4.

ECCLÉSIASTIQUE. qu'on ne l'accepteroit pas, la place du connétable n'étant pas encore remplie d'un chef qui pût commander aux autres. D'Andelot & le comte de Montgommery parurent donc à la tête des troupes fraîches qu'ils avoient amenées, pour relever l'honneur de leur parti; mais ne trouvant point d'ennemis à combattre, ils brûlerent feulement le village de la Chapelle. D'Andelot s'avança jusqu'à la premiere barriere du fauxbourg de Paris, & ne trouvant point de résistance, il attaqua avec toute son infanterie le feul moulin de pierre de taille qui étoit refté, entouré d'un bon foffé; il étoit défendu par le capitaine Guerri Parifien, qui avec trèspeu de foldats, repouffa cette attaque, & contraignit d'Andelot à fe retirer. Ce général s'en retourna au fon des trompettes, comme s'il eût été victorieux.

Mais pendant ce tems-là les deux partis fe hâterent Les deux partis d'armer réciproquement dans toutes les provinces, & penfent à amaffer de donner les fignaux d'une guerre qui devoit être beaucoup plus fanglante. L'Italie & l'Espagne furent follicitées de fournir du fecours à sa majesté, l'AngleD: Thou, 1.42. terre d'en accorder aux rebelles, & l'Allemagne à tous les deux; mais Elisabeth refusa l'affistance qu'on lui demandoit, elle s'excufa fur la paix qu'elle avoit faite avec la France, & fe plaignit aux Calvinistes de ce que ayant aidez d'argent & de foldats dans les premiers troubles, ils avoient abandonné les Anglois, après s'être fervis d'eux, pour rendre leurs conditions plus avantageuses, & avoient été trouvez contre eux au fiége du Havre-de-Grace. Le roi avoit dépêché Bochetel évêque de Rennes vers les princes Allemands; les uns à fournir des pour engager gens de guerre, & les autres à ne point favorifer de leur fecours des fu

les

jets

jets rebelles, en leur représentant que dans les troubles qui agitoient la France, il ne s'agiffoit pas de religion, mais feulement de la révolte de quelques-uns de fes fujets, dont la malice étoit allée jufqu'à attenter fur la perfonne facrée de sa majesté, qu'ils avoient poursuivie à main armée depuis Meaux jufqu'à Paris, & qu'ils avoient même affiégée dans fa ville capitale. Le marquis de Bade promit au roi quatre mille chevaux, le duc de Saxe, le marquis de Brandebourg, & le Lantgrave de Hesse, défendirent qu'on fît des levées dans leurs états contre le roi de France leur ancien allié.

Cependant le prince de Condé craignant d'être affiegé avec les fiens dans la place qu'il occupoit, fe retira du côté de Montereau avec fon armée, quatre jours après la bataille, & il écrivit aux Calviniftes qui étoient restez dans le Poitou, dans l'Angoumois, & dans la Saintonge, de fe mettre promptement en campagne, & de fe faifir de toutes les places qu'ils pourroient enlever. Ils étoient maîtres de la Rochelle dès le mois de Février précédent. François Poutard, fieur de Trucharés nouveau maire de cette ville, ami des hérétiques, en avoit ouvert les portes à Sainte-Hermine, qui fe difoit lieutenant du prince de Condé. Ce prince reçut auffi un fecours confiderable du comte Palatin du Rhin, & la Guyenne, l'Angoumois, la Saintonge & le Poitou fidéles à fes ordres, mirent en peu de tems sur pied une armée confiderable qui vint à l'appui des levées, que les Proteftans firent dans le Dauphiné, dans le Languedoc, le Bourbonnois, l'Auvergne, le Forests, &c.

Le duc de Nevers de fon côté vint pour le roi de
France au fecours de Henri duc d'Anjou, jeune prince
Tome XXXIV,
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de

quatorze ans, à qui l'on avoit donné le comman AN. 1567. dement général des armées, après la mort du connétaune ligue contre ble. Ce ne fut que combats dans plufieurs provinces, De Thou, L. 40. & la France fe vit de toutes parts déchirée dans fon propre sein.

leur reine.

L'Ecoffe n'étoit pas plus tranquille : l'ambition de Jacques Heburn comte de Bothwel, & la haine de la reine Marie Stuart contre le roi fon mari, y cauferent d'étranges divisions. Le roi en fut la victime: il fut étouffé dans fon lit par des affaffins; & l'on fit fauter fon logis par le moyen d'une mine, pour mieux cacher ce crime; mais on n'en impofa ni au peuple, ni aux grands, qui étoient affectionnez pour leur prince. Marie fit naître de violens foupçons contre elle à ce fujet, par la négligence affectée qu'elle eut dans la recherche des criminels. Elle fortifia ce foupçon en époufant Bothwel lui-même; & quelques raifons qu'elle ait pû apporter pour excufer ce mariage, elle n'a pû effacer ni de fon peuple, ni des étrangers, les fâcheufes impreffions que tant d'irrégularitez avoient faites fur l'efprit de tous. Les grands d'Ecoffe, que les évenemens regardoient plus particulierement, se liguerent contre le meurtrier de leur roi, (c'est ainfi qu'ils appelloient Bothwel) prirent les armes, & fe mirent en campagne. La reine marcha contr'eux à la tête de fes troupes; mais étant imprudemment entrée dans leur camp, fur la confiance qu'ils la recevroient avec respect, ils se faifirent de fa perfonne, & l'amenerent comme en triomphe à Edimbourg, portant devant elle un étendart, où étoit peint le roi mort. Enfuite par une réfolution de l'affemblée des grands, elle fut retenue prifonniere. L'on fit le procès au comte

de Bothwel, qui fut condamné à mort comme cou- AN. 1567.

pable du meurtre commis en la perfonne du roi, mais il s'enfuit hors du royaume.

Les confederez prefferent la reine de fe démettre de la royauté en faveur de fon fils, & de donner le gouvernement du royaume à celui des grands feigneurs qu'elle voudroit. Elle confentit à cette propofition, & nomma pour régent du royaume le comte de Murray, qui étoit alors en France, où il s'étoit retiré dès que la reine avoit été arrêtée, afin de n'avoir point de part à tout ce qui feroit fait contre elle, quoiqu'il crût que l'on ne pouvoit rien entreprendre de trop violent. Marie avant que de descendre du trône, fit fa proteftation par un acte autentique, mais fecret, contre la démiffion que fes fujets lui arrachoient par violence. Auffi-tôt Jacques VI. fut proclamé roi d'Ecoffe le neuf de Juillet de l'an 1567. & le comte de Murray fut declaré viceroi pendant la minorité de ce prince.

Cette même année Elifabeth reine d'Angleterre envoya en France Thomas Smith, & Henri Norris pour

XCIII.

Elifabeth envoye reftitution de Ca

en France pour la

De Thou, 1.411
Camden in and

nal. regni Elifa

beth.

traiter de la reftitution de Calais. La reine fe fondoit lais.
fur ce que felon le traité de paix fait à Cateau-Cam-
brefis, l'on devoit rendre cette place avec tout fon ter-
ritoire aux Anglois dans huit ans, & donner pour
caution des marchands étrangers qui ne feroient point
fujets du roi de France, lefquels s'obligeroient à payer
cinq cens mille écus, fi l'on ne rendoit cette place.
Il y étoit dit auffi, que cependant le roi donneroit
des ôtages, & que fi la guerre fe renouvelloit
par la
faute de l'un des partis, celui qui l'auroit commencée
feroit privé du droit dont on étoit convenu dans le

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