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traité, & que l'autre qui auroit été lézé, ne seroit AN. 1567- point obligé de le tenir. Le roi répondit aux ambassadeurs que leur demande lui paroiffoit nouvelle, qu'il croyoit qu'après tout ce qui étoit arrivé, il ne reftoit plus qu'à faire la paix entre les deux couronnes, & la garder fincerement. Il fit enfuite rapporter l'affaire à fon confeil, où les ambaffadeurs furent entendus. Le chancelier de l'Hôpital réfuta fortement toutes leurs raifons; les Anglois répliquerent, & toute la dif pute se termina à laiffer Calais aux François, parce que la fituation des affaires d'Angleterre ne permettoit pas que la reine entreprît la guerre contre la France. Les ambassadeurs furent néanmoins renvoyez avec honneur.

XCIV.

On négocie fon mariage avec

che.

a

La reine avoit moins d'envie d'attaquer, que de fe maintenir fur fon trône contre les efforts de fes enneCharles d'Autri- mis; & c'étoit dans cette vûe qu'elle feignoit quelqueDe Thou, l. 41. fois de vouloir fe marier; quoiqu'il parût affez qu'elle n'en avoit pas beaucoup d'envie. Celui qu'elle fçut le plus flatter de cette efperance, fut l'archiduc Charles frere de l'empereur Maximilien, qui avoit été déja proposé à Marie reine d'Ecoffe, par le cardinal de Lorraine. Sa diffimulation à cet égard fut pouffée si loin, qu'elle envoya en ambassade auprès de l'empereur avec l'ordre de la Jarretiere le comte de Suffex, pour regler les articles du mariage ; & fa majesté impériale de fon côté lui envoya le comte de Stolberg pour l'entretenir dans ces bonnes difpofitions. Suffex mit tout en ufage pour faire réuffir la négociation, souhaitant que fa fouveraine épousât un prince étranger, foit par envie contre le comte de Leicester, qui prétendoit à cette alliance; foit qu'il voulût donner du

luftre à l'Angleterre, qu'il auroit cru abaiffée par un mariage inégal. Ainfi après avoir passé par Anvers avec une grande fuite, & pris fa route par Mayence, Wormes, Spire, Ulme & Aufbourg, enfin il arriva à Vienne, & demeura environ cinq mois à la cour de l'empereur, pour lever toutes les difficultez qui se préfentoient.

AN. 1567

XCV.
On ne convient

fur le fait de la fait échouer la négociation.

religion, ce qui

De Thou, 1.413

Le comte de Leicester avoit joint à Suffex le baron de North fa créature, non pas tant pour l'accompa- pas gner dans son ambaffade, que pour le traverfer, & lui faire perdre, ou par adreffe, ou par des retardemens affectez, la forte envie qu'il avoit de conclure ce mariage. L'on convint aifément des titres de la fucceffion des enfans & des autres articles; parce qu'on avoit encore la mémoire toute récente de ceux qui étoient contenus dans le contrat de mariage de Philippe II. avec Marie. Mais il y eut plus de difficulté fur l'article de la religion, l'empereur demandant au nom de Charles fon frere une église publique pour lui & pour les fiens, afin d'y célébrer le service divin suivant l'ancien rite, & les Anglois prétendant que la conscience de la reine, sa dignité & son falut ne s'accordoient pas avec cette conceffion. Enfin quoique l'empereur témoignât que fon frere fe contenteroit d'une chapelle domestique en fa maison, où l'on n'admettroit que fes gens, l'on ne pût l'obtenir, & l'on répondit, , que s'il plaifoit à Charles de venir en Angleterre, pour traiter lui-même avec Elifabeth, il pourroit avoir lieu d'être content de fon voyage. Le comte de Suffex ayant été honorablement congédié par l'empereur, il alla trouver l'archiduc, parce qu'il attendoit de jour en jour une réponse plus précise de

la reine, mais ce fut en vain ; & après avoir demandé AN 1567. fon congé, il s'en retourna en Angleterre. Cependant l'empereur & Elifabeth furent toujours en bonne intelligence, & fe rendirent fouvent des offices mutuels d'une amitié réciproque. Jufques-là que fa majesté impériale éluda long-tems, autant qu'il fut en fon pouvoir, les entreprises du pape & les efforts de Philippe contre cette reine.

XCVI. Affemblée de

la confeffion d'Auf

bourg.

De Thou, in hift.

4.41.7.7.

L'héréfie n'exerçoit pas feulement fa fureur dans les Presbourg où l'on Pays-Bas, en France & en Ecosse, déja établie dans demande de fuivre une partie de l'Allemagne, depuis la révolte de Luther contre l'églife, les provinces qui n'avoient pas été infectées de fes pernicieux dogmes, le furent bientôt après. L'empereur Maximilien paffant à Prefbourg, ville capitale de la haute Hongrie fur le Danube, y tint une affemblée où fes peuples demanderent plufieurs chofes à ce prince; entr'autres qu'il voulût s'informer des biens qui avoient été injustement ôtez aux anciens possesseurs; qu'il fît punir ceux qui les avoient ufurpez, & les coupables de crimes de péculat; qu'il abolît les nouvelles impofitions ; qu'il leur fût permis de dégager les villes qui avoient été engagées par les rois; que l'on ne choisît dans la Hongrie pour évêques & prélats, que des hommes qui euffent toutes les qualitez nécessaires pour remplir dignement leurs fonctions, & qui fuffent du pais; enfin l'on demanda qu'il fût libre à chacun d'embraffer & de suivre la confeffion d'Aufbourg, fans qu'on pût inquiéter ceux qui le voudroient faire. Cette derniere demande avoit déja été propofée dans différentes assemblées; l'empereur l'avoit toujours refufée, & on le trouva de même cette fois auffi inflexible fur cet article que dans les précé

dentes occafions. Il retourna à Vienne le quatrième d'Avril.

I

&

Quelques mois après arriva la mort du cardinal Ange Nicolini Florentin, né d'une famille noble ancienne en 1501. Son pere nommé Matthieu, s'étoit fi fort distingué par fa profonde érudition dans le droit civil & canonique, que Cofme de Medicis duc de Florence, le fit un de fes confeillers d'état, & l'employa dans des affaires très-importantes. Ange remplit avec dignité & avec fuccès la fonction d'ambassadeur auprès du pape Paul III. & de l'empereur Charles V. pour foutenir les droits de Marguerite fille de fa majefté impériale. Il obtint de Charles V. tout ce que Cofme pouvoit fouhaiter. A fon retour il fut fait gouverneur de Sienne; il étoit alors marié, mais après la mort de sa femme, il renonça au fiécle, & embrassa l'état eccléfiaftique. Il fut nommé à l'archevêché de Pife fur le rapport du cardinal Borromée le quatorze de Juillet 1564. & l'année suivante le pape Pie IV. le fit, quoiqu'absent, cardinal prêtre du titre de faint Callixte, à la recommandation du duc de Florence. S'étant rendu à Rome, il fut inftallé dans le facré collége, conjointement avec le cardinal Ferdinand de Médicis, dans un confiftoire tenu le dix-huit de Mai. Il ne jouit pas long-tems de fa dignité; étant mort fubitement à Sienne le vingt-deux d'Août de cette année, âgé de soixante-fix ans. Son corps fut tranfporté à Florence, pour y être inhumé dans l'église de fainte Croix, où l'on voit encore aujourd'hui fon tombeau, que Jean son fils fit élever avec une infcription qui marque fes qualitez, fes emplois, l'année de fa mort & fon âge. Il fe trouva au conclave, dans

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lequel on éleva le pape Pie V. fur la chaire de faint

AN. 1567. Pierre.

Iangus, Rober

XCVIII. Entre les auteurs eccléfiaftiques morts dans cette Mort de Jean année ; on compte premierement Jean Lang ou Lanrello & d'autres. gus, né à Freftadt, ville du duché de Teffchen Gefner. in bibl. en Silefie, & mort à Sweinitz auffi dans la Silefie, Melchior Adam le vingt-fix d'août, âgé d'environ foixante-cinq ans.

De Thou, 1. 41.

invita jurifc.

Germ,

Il enfeigna les belles lettres & le droit en différens endroits avec tant d'applaudissement, qu'il fut choisi pour être chancelier de l'evêque deBreslaw, & confeiller ordinaire de l'empereur Ferdinand I. qui le chargea de diverses négociations fort importantes, & qu'il remplit avec fuccès. Il s'eft rendu recommandable par la traduction de l'hiftoire eccléfiaftique de Nicephore, à laquelle l'empereur Ferdinand Îui avoit ordonné de travailler & qu'il entreprit fur l'unique exemplaire qu'il y eut alors en Europe. L'ouvrage eft en dixhuit livres, accompagné de petites notes, & fut imprimé à Bafle chez les Oporins pour la premiere fois en 1552. Il traduifit encore quelques traitez de saint Grégoire Nazianze & de faint Justin martyr, & il a compofé divers poëmes. François Robertello d'Udine mourut auffi dans cette année le dix-huit Mars, âgé de cinquante-un an. Il enfeigna à Boulogne & à Pavie avec beaucoup de réputation & répondit par fes écrits à la haute opinion qu'on avoit conçuë de lui, Il eut de grands différends avec Charles Sigonius & témoigna toujours trop d'aigreur dans fes difputes. Cependant il fçut fe concilier la faveur des Allemans, qui lui firent de grands honneurs après fa mort. Le confeil de Genêve donna l'année précédente un ques Spifame évé. exemple de sa sévérité dans la punition de Jacques

XCIX.

Hiftoire de Jac

Paul

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