'deuxieme de Décembre. Pie V. fut très-touché de cette perte. On l'enterra dans l'église de faint Paul hors la ville, avec une épitaphe fort simple. On l'appelloit le cardinal de Trani. Il s'appliqua beaucoup à la réformation du bréviaire & du miffel Romain, comme nous l'avons aujourd'hui, conjointement avec Foscaro évêque de Modene, de l'ordre de saint Dominique, & d'autres qui furent choifis par les papes Pie IV. & Pie V. AN. 1568. XXXV. Mort d'Onuphre 1.43. Pevin in appar rat. facr. piß. P. Manut. in Parmi les auteurs ecclefiaftiques que la mort enleva cette année, on compte Onuphre Panvini de Verone, Panvini. religieux de l'ordre des hermites de faint Auguftin. IlDe Thou, hift. étoit très-fçavant dans l'intelligence des antiquitez Romaines, & d'un travail infatiguable. Le cardinal Cervin, qui fut fon patron, & qui devint pape dans la fuite fous le nom de Marcel II. lui confeilla de travailler fur les antiquitez ecclefiaftiques. Il le fit, & le premier ouvrage qui parut de lui, fut une chronique des papes & des cardinaux, que Jacques Strada de Mantouë, fon ami, fit imprimer à fon infçu en 1557. à Venise. Onuphre la publia lui-même quelques années après, beaucoup plus correctement, & la dédia au pape Pie V. en 1566. Il continua l'hiftoire des vies des papes par Platine depuis Sixte IV. jufqu'à Pie V. après avoir compofé une chronique ecclefiaftique, & un traité de la primauté de faint Pierre. Il fe préparoit à faire une hiftoire ecclefiaftique complette & générale des papes & des cardinaux, lorsqu'il fut obligé de fuivre le cardinal Farnese à Palerme en Sicile, où il mourut dans cette année 1568. âgé feulement de 39. ans. Son corps fut tranfporté à Rome, & enfeveli dans l'église de faint Augustin de fon ordre. On a encore de lui un traité de l'ancienne ceremonie de baptiser AN. 1568. les catéchuménes, & de l'origine de baptifer les images. Les fastes & les triomphes des Romains; un traité des Sibylles; un commentaire de la république Romaine; un autre des triomphes; un autre fur les faftes confulaires; quatre livres de l'empire Romain, Grec & Latin; un ouvrage fur les anciens rits d'ensevelir les morts parmi les chrétiens, & de leurs cimetieres; un traité des principales basiliques de la ville de Rome, qu'on appelle les fept églifes; un autre de la confécration des pains de cire, qu'on nomme Agnus Dei, que le pape fait la premiere année de fon pontificat, le dimanche de Quafimodo, & qu'il renouvelle de fept ans en fept ans, & plufieurs au XXXVI. Mort d'Erafme bourg. De Thou, l. 43. tres. Dans cette même année mourut l'évêque de Strafévêque de Straf- bourg, qu'on nommoit Erafme, de la maison des comtes de Limpurg baronie du cercle de Weftphalie en Sanmarth. in Allemagne, prefque toute enclavée dans la Souabe. Guilliman. de C'étoit un prélat recommandable par sa pieté, & par epifc. Argentin. fon érudition ; & ce qu'on eftimoit le plus en lui étoit 'Galliâ Chrift. fon bon efprit, & fon grand amour pour les lettres. Etant encore jeune, il étudia les mathématiques à Tubinge, fous Jean Stofler, le droit fous Conrad Braun & fous Marquard, & à Paris fous Jean Sturme, qu'il fit venir depuis à Strasbourg, & qu'il fit principal du college de cette ville. Il fut élu évêque de Strasbourg en 1541. après Guillaume de Honftein, & travailla avec beaucoup de foin à réunir les heretiques à l'églife, par des voies douces & pacifiques. Il s'étoit trouvé au concile de Trente, & mourut le vingt-neuf de Novembre en 1568. Guillaume Guillaume Viole d'une famille noble, évêque de Paris depuis le dix-huit de Mars 1 563. fucceffeur d'Eustache du Bellay, mourut cette année 1568. & fut enterré dans fa cathedrale. AN. 1568. XXXVII Pierre de Gondi de Paris. Comme le concordat entre Leon X. & François I. n'avoit été vérifié en parlement que par force & après nommé à l'évêché plufieurs juffions de la part du roi, & feulement à ce que prétendoient les confeillers, pour la vie de cè prince, & même avec protestation contraire, qui fut inferée dans les registres de la Cour, Guillaume Viole ne fut pas plutôt mort, que le chapitre de l'église de Paris fut fommé par le lieutenant civil, & par le prevôt des marchands & échevins, au nom de la ville, de proceder à l'élection d'un évêque en la place du défunt. Mais le roi Charles IX. prévint le chapitre par la nomination de Pierre de Gondi, alors évêque duc de Langres; comme il fe voit par une lettre de cachet du neuf Mai 1568. qui fe garde dans le tréfor de ladite église de Paris. Cependant ce prélat ne vint à Paris, & ne prit poffeffion de fon églife qu'en 1570. Il étoit né à Lyon en 1533. d'Antoine de Gondi Flo rentin. XXXVIII. Reglement de corps les hereti L'apoftafie du cardinal de Châtillon, & fa fuite en Angleterre, engagerent l'université de Paris à faire runiverfité pour dans cette année quelques reglemens au fujet, ou à l'oc- exclure de fon cafion de ceux qui auroient de mauvais fentimens, ou ques. D'Argentré, in qui fe réfugieroient chez les heretiques. Elle ordonna collect, jud. de nov. dès le deux de Janvier que tous les colléges feroient error.. 2.p. 398 i vifitez par le recteur, qui étoit Michel Aubourg, accompagné de M. de Monchy dit Democharès cenfeur, & du tribunal académique; & qu'on demanderoit à tous les profeffeurs raison de leur foi & de leur reliTome XXXIV. Zzz gion, afin de conferver l'université dans cette pureté AN. 1568. de doctrine, dans laquelle elle avoit toujours vécu ; de confirmer les bons dans leurs fentimens, & de rame XXXIX. Requête présentée au roi à ce fujet. collect, ut fuprà't. D'Argentré, 2. p. 399. ner ceux qui s'étoient laissez féduire. Le vingt-cinq du même mois l'univerfité ftatua que tous ceux qui la compofoient, à l'exception des docteurs & bacheliers en médecine, feroient leur profeffion de foi en préfence de leurs doyens, & d'un docteur en théologie. De plus on réfolut qu'on préfenteroit une requête au roi au nom de l'université, contre ceux qui avoient abandonné le culte de Dieu & le fervice de leur fouverain, & qui s'étoient retirez chez les heretiques; & l'on nomma les docteurs Vigor, Hugues & de Saintes, pour aller préfenter cette requête au roi. Elle étoit fignée d'Aubourg recteur, & étoit conçue en ces termes :V Sire, les docteurs, régens & maîtres de votre ville de Paris vous remontrent avec toute l'humilité, que pour le bien public, & l'extinction de la nouvelle. religion prétendue réformée, & extirpation des herefies, qui s'étendent de jour en jour, ils auroient, suivant vos édits, privé des privileges accordez par vous & vos prédeceffeurs à ladite univerfité, quelques-uns de ses officiers, & des libraires qui favorifoient ouvertement cette religion, comme on l'a connu par leur conduite, & par leurs livres scandaleux, par eux diftribuez, & vendus dès le commencement des troubles; & faifant une exacte perquifition des autres fuppôts, afin que leur corps ne foit compofé que de vrais catholiques craignant Dieu, & le fervant avec fidelité: ils auroient conclu pour les mieux connoître, que chacun desdits fuppôts fe trouveroit à certain jour devant le doyen de fa faculté, & qu'en fa préfence, & celle de deux docteurs en théologie, on protefteroit de vivre dans la foumiffion au pape, au roi & à Dieu, d'entretenir & garder la religion catholique Romaine : mais que ces foins feroient inutiles, s'ils ne font autorifez, aidez & foutenus de votre majefté. Ce confideré, il lui plaise ordonner, qu'ils pourront retrancher de leur. corps tous ceux qu'ils connoîtront être de ladite nouvelle religion, & fubftituer en leurs places d'autres perfonnes catholiques, & faire commandement à tous ceux à qui il appartiendra de recevoir & reconnoître ceux qui auront été substituez aux autres. Et pour éviter qu'aucuns fectateurs de ces herefies ne fe couvrent du nom d'écoliers, il foit enjoint à tous étudians, quinze jours après qu'ils feront reçus dans les colleges, & pareillement aux maîtres & profeffeurs qui en auront la conduite, d'aller devant le recteur, faire la même profeffion de foi que deffus. Défenses auffi soient faites aufdits recteurs, doyens des facultez, & chanceliers de ladite univerfité, de n'admettre aucun étudiant, à quelque degré que ce foit, que premierement il n'ait promis & juré ce que deffus; foit fait commandement aufdits doyens de faire faire pareille profeffion de foi à chacun des maîtres & docteurs de leur faculté, & remarquer diligemment ceux qui ne voudront pas obéir, afin d'y pourvoir, comme votre majesté le jugera à propos. Et prieront les fupplians pour l'accroiffement de votre falut & prosperité. Cette requête ayant été prefentée au roi, ce prince y répondit étant à Paris, le trois de Juin, & figna le brevet de fa main. Il y difoit que fur les repropre montrances à lui faites par les recteur, docteurs, re |