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regardât que l'avenir. Enfin d'autres n'approuverent pas qu'on parlât des cardinaux dans les décrets.

AN. 1563.

XXXVII.
Le premier lé-

décrets.

Après qu'on les eut tous écoutez, comme il étoit déja deux heures de nuit, & qu'il étoit trop tard pour gat approuve ces conférer ces avis les uns avec les autres, le cardinal Moron premier des légats, dit à voix haute, que tous les décrets avoient prefque l'approbation generale; qu'il y avoit néanmoins plufieurs peres qui y avoient ajouté quelques remarques, & qui vouloient qu'on y fit des déclarations; mais que ces changemens n'étoient pas effentiels, & ne touchoient point le fonds: qu'on avoit fait quelques obfervations fur les second, troifieme, cinquieme & fixieme chapitres, qui feroient reglez felon le plus grand nombre de fuffrages, & pourroient être regardez comme s'ils avoient été établis & déterminez dans la préfente feffion.

pou

pro

Enfuite le prélat officiant lut l'indiction de la feffion fuivante, qui fut fixée au neuvieme de Décembre, & qui fut la derniere. L'on se referva néanmoins le voir d'abreger ce tems, & d'avancer la fession, fi les matieres étoient plutôt prêtes & qu'on le jugeât à propos. Ce décret étoit conçu en ces termes : Ordonne & déclare de plus le même faint concile ; que la chaine feffion se tiendra le jeudi d'après la Conception de la bienheureuse Vierge Marie, qui fera le neuvieme du mois de Décembre prochain, fe reservant toutefois la liberté d'abréger ledit terme. Il sera traité dans ladite feffion du fixieme chapitre qui eft maintenant remis jusques-là, & des chapitres reftans de la reformation déja préfentez, & autres concernant le même fujet. S'il eft jugé à propos, que le tems le permette, on y pourrra auffi traiter de quelques do

xXXVIII diction de la fef

Décret de l'in

fion fuivante.

Pallavic. ibid. C. 12. n. 12.

gmes, fuivant qu'ils feront propofez en leur tems dans AN. 1563. les congrégations.

XXXIX. Remontrances

Le pape Pie IV. qui souhaitoit la fin du concile du roi d'Espagne avec beaucoup d'ardeur travailloit de fon côté à y faire au pape pour con- confentir les princes, fur-tout Philippe II. qui y paPallavic. hift. roiffoit le plus oppofé; la principale raifon de ce prince conc. Trid. 1. 24. étoit que le concile ayant été convoqué pour définir le

tinuer le concile.

C. I. n. I.

dogme, reformer l'églife, & ramener les heretiques, aucune de ces trois chofes n'étoit encore achevée, d'où il concluoit qu'il falloit continuer le concile, jusqu'à ce que le tout fût conduit à fa perfection.

L'extrême longueur de cette affemblée, l'ennui de ceux qui la compofoient & dont plufieurs s'étoient déja retirez fans permiffion, les dépenfes qu'il falloit faire chaque jour, & qui avoient déja épuisé les biens de plufieurs, enfin la crainte d'une guerre prochaine depuis que les Proteftans s'étoient rendus maîtres de Wirtzbourg, toutes ces raifons firent plus d'impreffion au pape, que celles de Philippe IL Auffi tâtha-t-il de les faire goûter à ce prince, vers lequel il envoya dans ce deffein Visconti évêque de Vintimille, qui partit pour l'Espagne le trentieme d'Octobre. Pendant fon voyage les légats députerent au pape le douzieme de Novembre Jean-Baptiste Victorius pour lui faire fçavoir l'heureux fuccès de la derniere feffion. Il le trouva à Civita-Vecchia, & Pie IV. lui témoigna beaucoup de joie de la maniere dont les chofes s'étoient paffées. Il n'approuva pas cependant la propofition que les légats avoient faite de se retirer fi le comte de Lune continuoit à mettre des obftacles à la fin du concile, parce qu'il ne convenoit pas qu'un concile fût abandonné pour les chicanes d'un

AN. 1563.

XL.

Le cardinal de Lorraine perfuade

Pallavic. ibid. 1. 24. c. 2. n. 7. Fra - Paolo,

ut fup.

particulier. Mais il les exhorta par les réponses dont il chargea Victorius, à continuer leurs travaux, jusqu'à ce qu'on pût mettre fin au concile. Prefque tous la souhaitoient avec ardeur. Les Impériaux la demandoient au nom de l'empereur, les évêques Efpagnols non - feulement ne s'y oppofoient plus, mais ils marquoient même par leurs empreffemens, qu'ils la defiroient comme les autres. Dans une affemblée qui fut tenuë fur ce fujet le douzieme de Novem- la fin du concile. bre, le cardinal de Lorraine dit qu'au commencement l'empereur & le roi Catholique s'étoient oppofez à la fin du concile; mais que touchez des remontrances qu'on leur avoit faites là-deffus, & du danger auquel on s'expofoit de voir assembler un concile national en France, ils s'étoient foumis comme des fils obéiffans, aux volontez du pape. Que depuis le colloque de Poiffy, on avoit eu beaucoup de peine à retenir le clergé de France, & tous les ordres de ce royaume, qui vouloient prendre des mesures contraires au concile; & qu'ils les prendroient infailliblement, fi on ne le terminoit au plûtôt. Que de plus les prélats François feroient obligez de fe retirer avant la fin, foit parce qu'ils ne pouvoient foutenir plus long-tems la dépenfe, foit pour d'autres befoins publics & particuliers; qu'on fçavoit qu'il y en avoit déja un grand nombre qui étoient partis, & que autres ne manqueroient pas de les fuivre inceffamment, fi on differoit plus long-tems; que lui-même étoit obligé de s'en retourner avant Noël, & qu'il ne tenoit qu'aux peres de lui procurer la confolation de porter en France l'heureufe nouvelle de la fin du concile, & les remedes falutaires pour extirper l'erreur.

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les

Les légats pren

pour disposer les

matieres.

l. 24. c. 2. n. s.

& 6.

Toute l'affemblée se rendit aux raisons du cardi

AN. 1363. nal, & conclut à terminer entierement le concile, XLI. excepté les évêques de Lerida & de Leon, qui denent des mesures manderent qu'on en obtînt auparavant le confentement du roi Catholique, & quelques autres qui vouPallavis. ibid. loient qu'on agitât encore quelques queftions, mais sur lesquelles ils n'infifterent que foiblement. Le premier légat ayant communiqué aux ambassadeurs eccléfiaftiques les avis de cette affemblée, celui du cardinal de Lorraine prévalut : & l'on ne penfa plus qu'à traiter de la maniere dont on devoit fe conduire pour terminer heureusement l'affemblée. On convint qu'il falloit s'attacher à établir les decrets de difcipline, qui avoient déja été conclus, & ceux qui étoient encore à faire, mais d'être moderez dans ce qui feroit décidé fur la réformation des princes. C'est pourquoi l'on approuva fort le modele du decret envoyé par le pape, dans lequel on renouvelloit les ftatuts des anciens canons. Et l'on se servoit à l'égard des princes de monitions paternelles au lieu d'anathêmes. Touchant les dogmes du purgatoire, des indulgences, de l'invocation des faints, & du culte des images, on remarquera que, quoiqu'il y eût déja beaucoup de chofes décidées fur ces matieres dans les conciles précedens; il étoit toutefois à propos d'en parler dans celui de Trente, pour corriger les anciens abus. Le cardinal de Lorraine à l'occafion des images, produifit un decret de la faculté de théologie de Paris, qui fut fort approuvé des peres, Les légats s'affemblerent donc le quatorzieme de Novembre avec le cardinal, & réfolurent qu'on ne traiteroit que des dogmes qu'on avoit produits, & dans la forme dont on a parlé. Pour

cela

cela ils appellerent quelques prélats à qui ils découvrirent leur deffein; & après en avoir choisi cinq pour chaque question, ils les chargerent d'en dreffer les decrets avec cinq théologiens qu'on leur joignit, & d'expedier le tout en peu de jours.

AN. 1563.

XLII.

Tout étant ainfi difpofé, on commença le quin-
zieme de Novembre à tenir des congrégations gene-nérales pour exa-
Congrégations gé-
rales deux fois chaque jour, pour opiner fur les miner le dogme
qua- & la difcipline.
torze articles qui reftoient de la réformation : & Pallav. ut fup.
comme l'envie qu'on avoit de finir au plûtôt, faifoit 4246a je to
qu'on rejettoit ce qui paroiffoit inutile, & qu'on ne
s'attachoit qu'à ce qu'on jugeoit abfolument nécessaire,
chacun fut en état de donner fon avis le dix-huitieme
du même mois. Le légat Moron charmé d'une si
grande promptitude, expofa en peu de mots, que
le concile avoit jufqu'à présent travaillé en vain pour
ramener les heretiques; qu'il y avoit beaucoup d'a-
à tirer de ses décifions tant pour le dogme
vantage
que pour la difcipline: qu'il étoit vrai qu'on pouvoit
en efperer de plus grands, mais que fuivant la conjonc-
ture des tems,
il falloit choisir un moindre bien, quand
on ne pouvoit en obtenir un plus grand. Que Dieu
peut-être pour recompenfer les peres de leur zele &
de leurs bonnes intentions, leur procureroit des tems
plus favorables. Que le peu qui reftoit à examiner,
se trouvoit si juste & fi bien digeré, qu'il étoit inutile
d'avoir recours à des difputes publiques. Qu'on avoit
réformé l'article des princes; & que c'étoit aux évê-

ques
à les engager à faire leur devoir par leurs bons
exemples, plûtôt que par des anathêmes & des cen-
fures. Qu'ainsi rien n'empêchoit qu'on ne finît entie-
rement dans la prochaine feffion. Après que plufieurs cles propofez par
Tome XXXIV.

H

XLIII.
Nouveaux arti-

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