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avoit approuvé leur deffein. Lorfque la colonie nou- AN. 1568.

velle des Carmes déchauffez fut arrivée, Jean conftitué leur chef paffa toute la nuit fuivante en oraison avec eux, & celebra folemnellement la messe le lendemain, qui étoit le dimanche, fit sa profession publique devant tous, promettant à Dieu l'unique objet de leurs vœux, à la sainte Vierge leur protectrice perpetuelle, & au general des Carmes leur fuperieur ordinaire, d'observer litteralement l'ancienne regle de l'ordre. Ce fut alors qu'il prit le nom de Jean de la Croix.

pour

XLVI.

Congrégation des

des clercs de S.

Mayeul, ou So

Spond. in annal.

vit. Pauli Emil.

C. 33

Le fix Decembre Pie V. donna une bulle en faveur d'une congrégation, dont l'établissement avoit commencé vers l'an 1528. par Jerôme Emiliani noble Ve- marques. nitien fecourir les orphelins, & qui avoit été ap- hoc ann. n. 28. prouvée par Paul III. en 1540. Les religieux de cette Auguft. Turtur congrégation furent d'abord appellez Somafques; parce Heliot hift. des or que l'inftituteur, après avoir fait divers établissemens à dres monaft. t. 4. Venife, à Breffe, à Bergame, & en d'autres lieux, choisit enfin l'endroit appellé Somafque entre Bergame & Milan, pour être comme le féminaire de ceux qui voudroient faire profeffion. On les appella auffi clercs réguliers de faint Mayeul, parce que faint Charles Borromée leur accorda à Pavie une églife confacrée à Dieu fous l'invocation de ce faint, avec un célebre college, dont il leur donna la direction. Quoique les premiers compagnons d'Emiliani ne fuffent que des laïques qui n'étoient engagez par aucun vou, laifferent pas en 1546. de demander d'être unis aux Théatins, ce qui leur fut accordé; mais ne pouvant vivre ensemble à caufe de la difference de leurs engagemens, Paul IV. les fépara en 1555. & Pie IV. confirma l'inftitut des derniers en 1 563. mais fans leur perTome XXXIV. Aaaa

ils ne

AN. 1568.

Bullarium t. 2.

Pii V. Conflit. 78.

XLVII.

Mort de S. Stanif

las Koftka, novice
Jefuite.
Voyez le P. d'Or.

léans dans la vie

de ce faint.

Baillet au 13. de Novembre.

XXVIII.

La reine d'Ecoffe

mettre encore de faire des vœux folemnels. Ce ne fut donc que Pie V. qui leur accorda cette permiffion dans cette année 1568.& qui leur ordonna de faire les trois vœux de pauvreté, de chafteté & d'obéiffance sous la regle de faint Auguftin, & de porter l'habit de clerc, fous le nom de clercs réguliers de faint Mayeul.

Le quinze d'Août de cette année les Jefuites perdirent Stanislas Kostka, un des leurs. Il étoit fils d'un fenateur de Pologne, né au château de Roftkow dans la basse Pologne, le vingt-huit d'Octobre 1550. Il n'avoit que dix-fept ans neuf mois & dix-huit jours lorfqu'il mourut, & n'étoit encore que novice. Comme fes parens s'étoient oppofez à fon entrée dans cette focieté, il avoit cherché la recommandation & l'appui du cardinal Commendon, légat de Pie V. à la cour de l'empereur; mais ce cardinal n'ayant pû fléchir ses parens, Stanislas avoit été à Rome, s'étoit jetté aux pieds du general Borgia, qui l'avoit reçu au noviciat, dans lequel il mourut, fans avoir achevé le tems ordinaire. Il avoit vécu dans une grande innocence de mœurs, & Dieu a operé plufieurs miracles par son interceffion. C'eft ce qui a engagé le pape Benoît XIII. à le canonifer depuis peu.

Marie Stuart, reine d'Ecoffe, après s'être fait un fe fauve de fa pri- parti confiderable, quoique prifonniere, trouva moyen fon & fe retire en de fe fauver, environ un an après fa détention. QuanBuchanan. hift. tité de noblesse se rendit alors auprès d'elle, & s'en De Thou, hift. Voyant foutenue, elle publia la proteftation qu'elle

Angleterre.

regni Scot.

43. init.

avoit faite contre la violence de fes fujets, & dont nous avons parlé. Sa démiffion fut en même-tems declarée nulle par ceux qui étant auprès d'elle, prétendoient représenter la nobleffe du royaume. En dix

jours elle affembla sept mille hommes, avec lefquels AN. 1568. elle marcha contre les revoltez. Le régent lui donna bataille avec quatre mille hommes feulement, & remporta la victoire le treize de Mai 1568, Dès que Marie vit de dessus une éminence, d'où elle regardoit le combat, que fes troupes étoient défaites, elle prit en diligence le chemin de l'Angleterre, & lorsqu'elle fut arrivée fur les frontieres, elle informa la reine de sa situation, & mit fa perfonne & fa fortune fous fa protection.

Elifabeth après avoir deliberé quelque tems fur la réponse qu'elle devoit faire, fit afsurer Marie qu'elle employeroit volontiers toutes fes forces, pour la rétablir dans fon royaume; mais elle la pria en mêmetems de n'entrer pas plus avant en Angleterre, & elle lui fit donner des gardes qui ne la quitterent point, deforte qu'elle fut toujours prifonniere, quoiqu'elle ne fût plus renfermée dans une prison.

Elifabeth ne tarda pas à envoyer envoyer des ambassadeurs en Ecoffe, pour moyenner le rétablissement de l'infortunée Stuart: mais ces envoyez n'agirent que foiblement. Marie de fon côté y envoya le célebre Hamilton, d'une maison la plus illuftre d'Ecoffe, & l'un des plus habiles hommes de fon tems. Elle lui donna le titre de fon lieutenant general dans le royaume, & l'adopta pour fon pere: : chofe inouie jufqu'alors. Hamilton, qui étoit comme exilé de fon pays, fut ravi d'y retourner avec ces titres honorables, mais il n'y fit rien qui répondît à l'attente de la reine. Cependant Marie voyant qu'il y avoit de grandes divisions en Angleterre, entre les grands du royaume, s'appliqua à en gagner quelques-uns, afin de fe fervir d'eux dans

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le befoin. Il lui fut facile de faire entrer dans fes inAN. 1568. térêts le duc de Norfolck, qui étoit le plus confidérable de tous, en lui promettant de l'époufer. Ce feigneur, qui ne fçavoit point diffimuler, prit hautement le parti de Marie Stuart: il demanda vivement au comte de Murrai régent d'Ecoffe, les chefs d'accusation contre la reine, il preffa pour que l'on produisît les piéces. Murrai le refufa d'abord; & étant allé peu après à Londres, il promit à Elifabeth d'accufer Marie dans les formes: il produifit en effet des témoignages & des preuves contre elle. Marie vit avec chagrin qu'Elifabeth, au lieu de la fervir, ne cherchoit qu'à mettre fa conduite en évidence; elle s'en plaignit avec amertume, & Elifabeth renvoya la décifion de l'affaire à un autre tems. Marie en profita pour augmenter & fortifier fon parti, la reine d'Angleterre s'en apperçut, & pour s'affurer davantage de fa prifonniere, elle la fit tranfporter au château de Thurbury.

XLIX.

fecte des Puritains

De Thou, hift.

2. 43.

1565. n. 22.

On croit que ce fut cette année que la fecte des Origine de la Puritains prit fon origine en Angleterre. Ils furent en Angleterre. ainsi nommez, parce que voulant paffer pour des gens plus purs que les autres Calviniftes, ils commencerent Spond. ad ann. à révoquer en doute la difcipline reçue dans l'églife Sanderus, haref. Anglicane, la liturgie & l'autorité des évêques. Ils 221. & de fchifm. trouvoient ces chofes trop femblables en apparence aux Anglic. lib. 3. usages & aux sentimens de l'église Romaine, & ils vouloient réduire tout ce qui concernoit la religion fur le modele de l'église de Ĝenêve. Ils avoient une fi grande averfion pour ceux qui n'adhéroient pas à leurs fentimens, furtout pour les Catholiques, qu'ils refufoient de prier dans un lieu qui auroit été confacré par eux. Ils ne vouloient point non plus porter de fur

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plis, de bonnet & de foutane à la façon des épiscopaux d'Angleterre ; & un miniftre d'entre eux nommé Šamfon, aima mieux perdre mille écus de revenu, que de se conformer à cet usage. Cette secte excita de grands troubles en Angleterre en differens tems; & quoique la reine Elifabeth eût fait arrêter plufieurs de ceux qui la fuivoient, ils eurent néanmoins beaucoup de partifans, même parmi les évêques & parmi les nobles, qui par ce moyen afpiroient aux biens eccléfiaftiques: le peuple même qui donne affez volontiers dans les nouveautez, les favorifa en haine du pape. Ils étoient foutenus par le comte d'Hutington neveu du cardinal Polus, mais très-indigne d'une telle alliance. Les Puritains rejettent toutes les liturgies, fans en excepter l'oraifon dominicale; ils veulent qu'on obferve le dimanche aussi religieusement que les Juifs observoient le fabat. Ils n'admettent aucune tradition.

AN. 150

1:

Mort d'Albert de

De Thou, l. 43.

Il n'y eut pas d'événemens confiderables en Allemagne dans cette année par rapport à la religion. Al- Brandebourg dut bert de Brandebourg, qui de grand-maître de l'ordre de Pruffe. Teutonique avoit été fait duc de Pruffe, ayant re- pag. 5.23. noncé à la foi qu'il devoit à l'empire, mourut le vingt de Mars. Il avoit eu la Pruffe à condition que Dant zick, Thorn, Marienbourg & Elbing appartiendroient aux Polonois, & qu'il tiendroit le refte comme feudataire de la couronne de Pologne. Il fe maria depuis, & ayant embrassé la confeffion d'Aufbourg, il établiť un college célebre à Konisberg, & lui donna de grands revenus: & quoiqu'il y eût eu depuis quelques troubles à caufe de l'Ofiandrifme, l'erreur ayant été réprimée ce collége devint tranquille. Enfuite par la faute de fes ministres, ausquels il déferoit trop, étant déja forr

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