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âgé, il arriva du défordre dans le gouvernement ciA 1568. vil, comme dans la religion : mais Sigifmond Auguste roi de Pologne, y pourvut par son autorité, & par un remede convenable au mal, ayant fait punir de mort une partie des principaux auteurs des troubles, & banni les autres. Enfin âgé de plus de quatrevingts ans, il mourut à Tapian, après avoir gouverné cinquante ans la Pruffe ; & par un exemple affez rare, Anne-Marie de Brunfwik fa femme mourut le même jour que lui. Il laissa pour héritier de fes états Albert Fréderic fon fils, qui n'avoit que quinze ans, & qui ayant été declaré majeur dans l'affemblée de Lublin, fut declaré duc de Pruffe avec les mêmes cérémonies que fon pere.

LI.

Mort de Henri

de Brunfvik, fon fils embraile la

confeffion d'Auf

bourg.

De Thou, ibid. 4.43.p.524.

y

Henri de Brunfwik moins âgé de quelques mois que le duc de Pruffe, le fuivit au tombeau l'onzieme de Juin dans fon château de Wolfenbutel. Toute fa vie se passa en guerres étrangeres & domestiques; & y ayant perdu fes deux fils Charles & Philippe, jeunes hommes d'un grand courage, & d'une belle efperance, qui furent tuez dans une action contre Albert de Brandebourg le neuf de Juillet 1553. il laiffa fes états à un autre fils nommé Jules, qu'il avoit eu de Marie de Wirtemberg fon épouse, & qu'il avoit destiné à l'églife pendant la vie de fes premiers enfans. Mais Jules abandonnant la religion de fes ancêtres, souscrivit à la confeffion d'Aufbourg, dès qu'il commença à jouir de fa principauté, & la fit publier dans tout fon état. Il confeilla auffi à Jean Loerbeer abbé de Ritterhaufen, un mille de Brunfwik, d'embraffer cette confeffion: cet abbé fuivit fon confeil, abolit le culte ancien, établit un college, & s'étant marié, il ne laiffa pas de

demeurer pendant toute fa vie en poffeffion de fon abbaye. A fon exemple Evrard Holle évêque de Werden, abolit dans les lieux de fa dépendance l'ancienne religion catholique, & y fit recevoir la même confeffion d'Aufbourg,

AN. 1568,

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LII.
Mort de Chrifto

De Thou, ut fup

Sur la fin de l'année Chriftophe duc de Wirtemberg mourut à Stutgart, âgé de cinquante - trois ans. phe duc de WirCe prince fçavoit les langues & les belles lettres, & temberg. fut grand protecteur des fçavans. Il commença à éprou- ↳ 43. ver les inconftances de la fortune, fous Ulric fon pere; mais il fit voir le même efprit dans les profperitez & dans les malheurs : il fe montra toujours invincible. Avant qu'il fuccédât à la principauté de fon pere, il avoit rendu de grands fervices au roi François I. dans les guerres de Piémont, & avoit donné des preuves de fa prudence & de fon courage dans le commandement qui lui fut confié de trente-trois compagnies, quoiqu'il n'eût alors que vingt-deux ans. Au refte il fut grand protecteur de la confeffion d'Aufbourg. Il avoit même entrepris sa défense au concile de Trente, fa par les ambaffadeurs qu'il y envoya, & l'avoit fait auparavant confirmer par les écrits de fes théologiens. Quand la paix eut été faite dans l'empire, il fe retira pour vivre paifible dans fes états, & s'appliqua à la lecture des livres facrez. Il eut un fils nommé Louis, qui lui fuccéda, tous les autres enfans mâles, qu'il avoit eus d'Anne-Marie de Brandebourg fa femme, en fort grand nombre, étant morts avant lui.

L'archevêque de Treves commença dans cette même année la guerre en Allemagne, mais elle ne dura pas long-tems. Voici quelle en fut la cause. Les prédéceffeurs de ce prélat avoient prétendu que la ville de

LIII.

Mouvemens à

Tréves de la part De Thou, hift. 443. ut fup,

de l'archevêque.

AN. 1568.

Treves devoit leur être foumife pour le temporel; comme pour le fpirituel; que les habitans leur devoient un ferment absolu de fidelité; qu'ils avoient droit d'établir des impofitions, créer un sénat, avoir les clefs de la ville, faire exécuter les fentences, & juger les causes criminelles. Les habitans au contraire alléguoient pour eux la coutume contraire, la prescription du tems, & la longue poffeffion. Jacques Eltz étoit alors archevêque de Treves, & dans le deffein de foutenir fon prétendu droit par les armes, il avoit fait conduire fecretement du canon par la Meuse, de son château d'Hermanftein à Cell dans le Palatinat, & avec le secours de la cavalerie Allemande, qu’Antoine Eltz fon cousin commandoit, il vint investir Treves, & ferma le chemin des vivres aux habitans.

Quoique la chambre Impériale lui eût ordonné de lever le fiége, il ne laissa pas de tenir la ville investie depuis le dix de Juin jufqu'au neuf d'Août. Trois corps lumineux ayant paru dans le ciel, répandirent l'allarme parmi quelques grands, & ces phénoménes eurent plus de forces pour terminer le differend, que les armes que l'on avoit prifes. L'électeur Palatin députa Herman Eppingen à l'archevêque & aux habitans ; & l'on convint que le prélat feroit reçu dans la ville avec des gens de guerre, mais qu'il promettroit de ne caufer aucun dommage aux habitans; & que ceux-ci fe conduiroient de telle maniere avec leur archevêque, qu'ils ne lui donneroient aucun fujet de plainte; & que la dispute touchant fes droits fe termineroit fuivant l'ufage reçu dans l'empire, Ainfi les troubles finirent honorablement pour l'archevêque. Comme les Luthériens mitigez & les rigides fe

difputoient

disputoient toujours dans la Saxe, malgré le filence qui leur avoit été impofé, Jean-Guillaume duc de Saxe, réfolu de les réconcilier, s'il fe pouvoit, assembla les uns & les autres à Altembourg, ville de la Mifnie le vingt-un d'Octobre de cette année 1 568. Guillaume leur recommanda de difputer en efprit de paix, & feulement pour éclaircir la vérité : il voulut présider luimême à leur conference. Elle dura fort long-tems, & les contendans fe retirerent fans rien conclure, & plus ennemis qu'auparavant. On publia enfuite les actes de cette conference; mais avec tant de vivacité, & en des termes fi aigres, qu'ils augmenterent le mal au lieu de le diminuer.

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LV.

Synode à Craco

reformez & des Lubienieski hift.

Pinczoviens.

reform. eccl. Pos

Le fynode de Serinie, bourgade de la petite Pologne, dont on a parlé dans l'année précédente, n'ayant vie des prétendus produit aucun effet pour la réunion, les miniftres & les théologiens Pinczowiens, Evangéliftes & Calviniftes, s'affemblerent en 1568. à Cracovie; & après y avoir lon. bien raisonné & difputé fur les moyens de fe réunir, & de ne faire plus qu'une églife, pour l'oppofer à celle des Catholiques, ils réfolurent de dreffer une nouvelle formule de foi qui pût être agréée de tous les partis de la prétendue réforme. Lorfqu'elle fut en état, on la présenta au roi Sigifmond Augufte. Ils comproient que ce prince, qui avoit accordé la liberté de confcience aux Luthériens & aux Calviniftes, la laifferoit de même aux Pinczowiens, à la vue de cette formule de foi, qui les confondoit ensemble, pour ne plus faire qu'une églife, & qu'à la faveur de cette liberté de conscience, on ne les excluroit plus des charges & des dignitez dûes à leur naissance & à leur mérite. Mais le confeil du roi trop éclairé, pour ne pas voir que Tome XXXIV. Bbbb

AN. 1568.

LVI.
Autre fynode qui

mir.

cette formule étoit impie, eut affez de courage pour la rejetter, avec ceux qui avoient ofé la présenter au roi.

Ce refus les déconcerta, & mit la division entre se tient à Sando- eux. La même année, quelques gentilshommes, théologiens & miniftres, s'affemblerent à Sandomir, pour examiner quelques points de l'écriture fainte, & pour faire des reglemens; mais après avoir difputé longtems, on ne put s'accorder, & tous fe féparerent également mécontens les uns des autres. Ils s'appelloient mutuellement Pharifiens, Sadducéens, Juifs, Athées. Les ministres furent interdits, excepté Czechovicius; mais un certain Simon apoticaire, que les Pinczowiens confidéroient fur ce fujet, à peu près comme les Juifs confidéroient Efdras à leur retour de Babylone, empêcha par son crédit & son industrie l'exécution de cet interdit, & fit retablir tous les miniftres dans l'exercice de leurs fonctions. Les heretiques poufferent les choses fi loin durant le regne de Sigifmond, que fi le parti des Pinczowiens, & de ceux qui s'étoient déclarez contre la diviniteé de Jefus - Chrift en Pologne, ne fut pas le parti dominant, du moins parut-il formidable aux Calviniftes, auffi bien qu'aux Catholiques, tant par le grand nombre des églises qu'ils établirent à Cracovie, à Lublin, à Pinczow, à Novogrod, à Racovie, dans la campagne, que pour la multitude des perfonnes diftinguées par leur noblesse, qui s'y attacherent.

LXII.

prétendus refor

Les prétendus réformez effrayez de tant de progrez, Conférence des tenterent plus d'une fois encore de nouvelles voies mez contre Blan- d'accommodement; ils demanderent une autre conférence en présence du prince, pour s'opposer aux intri

drat à Albe-Jule.

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