Page images
PDF
EPUB

corps

que & Hébraïque. Sa bibliothêque fainte fur tout le AN. 1569. de la bible, qui eft fon meilleur ouvrage, quoiqu'il y ait encore bien des fautes, eft divifé en huit livres, dans lesquels il fait la critique des livres faints, & donne les moyens de les expliquer. Il ne la publia qu'en 1566. étant âgé de quarante-fix ans. La meilleure édition eft celle de 1 577. On imprima dans la même ville un autre ouvrage Latin du même auteur, où il traite de l'art d'interpréter les faintes écritures. Sixte de Sienne avoit fait encore un livre fur l'ufage des concordances de la bible, des questions aftronomiques, géographiques & phyfiques fur plufieurs endroits de l'écriture, differens fermons & homélies, des épîtres problématiques fur differens paffages de la bible, un abregé de l'épître de faint Paul aux Romains, & des questions scholaftiques fur la même épître. Ces ouvrages ne font point imprimez. Sa bibliothêque eft d'une grande utilité pour ceux qui s'appliquent à l'étude de l'écriture fainte. Le premier livre traite de la divifion & de l'autorité des livres facrez. Le fecond est un dictionnaire historique & alphabétique des écrivains, des livres & des écrits dont la bible fait mention, ou qui y ont rapport. Le troifiéme est l'art d'expliquer l'écriture fainte. Le quatriéme contient un dictionnaire alphabétique de tous les auteurs qui ont écrit fur les livres faints, & de leurs ouvrages. Le cinquiéme est un recueil de notes fur plufieurs paffages de l'ancien teftament: & le fixiéme eft fur les livres du nouveau teftament, enforte que ces deux livres peuvent être regardez comme un commentaire fur toute la bible. Enfin le feptiéme & le huitiéme font contre ceux qui ont attaqué l'autorité des livres

AN. 1569.

XCVII.

lius Proteftant.

Melchior Adam

in vit. theol.

Germ.

[ocr errors]

de l'ancien & du nouveau teftament, & les heretiques tant anciens que modernes. Quelque érudition qu'il y ait dans cet ouvrage, M. Dupin remarque qu'il feroit à fouhaiter que cet auteur eût traité certaines matieres plus à fonds; qu'il eût paffé sur d'autres plus légerement; & qu'il en eût omis, qui ne font d'aucune utilité, ou qui ne viennent point à son sujet.

Victorinus Strilegius qui mourut dans la même Mort de Strige- année, étoit un Allemand né à Kaufbéïr, ville imDe Thou, hift. périale de la Souabe, le vingt - fix Décembre 1524. 1. 46. pag. 615. C'étoit un théologien de grande réputation parmi les Proteftans. Après avoir étudié à Wittemberg sous Luther & Mélanchthon, & reçu le degré de maître-ès-arts en 1544. il alla enseigner à Wittemberg même, enfuite à Magdebourg, à Erford & à Jene, où il fe maria; à Leipfik & à Heidelberg, où il fe fit eftimer des plus fçavans de ce tems-là. Il s'étoit trouvé à la conference d'Eisenach, convoquée en 1556. par Augufte électeur de Saxe, pour terminer quelques différends de la religion fur la néceffité des bonnes œuvres. Dans la suite se trouvant exposé à la perfécution des autres théologiens, il fut mené en prifon le vingt-fept Mars 1559. & y demeura plus de trois ans. Enfin l'envie de ses ennemis l'ayant obligé à changer fouvent de demeure, il mourut à Heidelberg, le vingt-cinq de Juin âgé feulement de quarante-cinq ans. Ses principaux ouvrages font un épitome fur la doctrine du premier mouvement, des argumens & des scholies sur l'ancien & le nouveau teftament, trois parties des lieuxcommuns ; un enchiridion, ou manuel des lieux théologiques; les écoles hiftoriques, depuis la création du monde jufqu'à la naiffance de Jefus-Chrift.

Au mois de Decembre fuivant les Proteftans per- AN. 1569.

XCVIII.

testant.

Melchior Adam

vit. philof. & me. dicor. Germ.

dirent encore Paul Eber, ou Eberus miniftre d'Allemagne né à Kitzingen dans la Franconie, le huit de Mort de Paul Novembre 1511. Il fit fes études à Nuremberg, & Eber, autre Proà Wittemberg, où il devint grand ami de Melanch-De Thou, ibid. thon, & y enfeigna avec beaucoup de réputation les ut fup. belles lettres & la théologie. Il fe trouva au colloque in vita jurifc. & in de Wormes, & dans l'année 1558. il fut miniftre de Wittemberg; il vint enfuite à Jene pour y enfeigner, & eut beaucoup d'autres emplois parmi les Protestans. Enfin il se trouva à la conference d'Altembourg, qui avoit commencé le vingt d'Octobre de l'année précédente, & mourut à fon retour à Wittemberg, âgé de cinquante - huit ans. Il a laiffé divers ouvrages, une hiftoire du peuple Juif, un calendrier historique & d'autres.

XCIX. Mort de Daniel

L'Italie perdit auffi Daniel Barbaro, petit neveu du célebre Hermolao Barbaro, & un des principaux or- Barbaro. nemens de la république de Venife. Il étoit fçavant De Thou, l. 46. dans la philofophie & dans les mathématiques. Il fut comme fon grand oncle, défigné patriarche d'Aquilée. Il avoit coutume de dire, que s'il n'eût pas été chrétien, il eût juré sur les paroles d'Ariftote, tant il eftimoit l'efprit de ce philofophe, qui, felon lui avoit été fi heureux dans la recherche de la vérité, qu'il l'avoit rencontrée par les feuls efforts de fa raifon, dans chaque partie de la nature. Dans la fuite il s'appliqua entierement à la théologie, comme étant une étude plus convenable à son état, & traduifit en Latin beaucoup d'ouvrages de peres Grecs, dont une partie a été imprimée. Il mourut âgé d'un peu plus de quarante ans le treize d'Avril de cette année. Il avoit toujours vécu

dans un grand éloignement de la vanité & de l'am

AN. 1569. bition.

C.

Secundus Curion.

L. 46. p. 616.

Dans les élog. de

358.

co t. 4. p. 509.

Levingt-quatrieme de Novembre fuivant, CæciliusMort de Coelius- Secundus Curion mourut pareillement dans fa foiDe Thou, hift. xante-feptiéme année. Son hiftoire mérite d'être connue. Il étoit né le premier de Mai 1503. à San-ChiTeffier, t. 1. p. rico dans le Piémont, de Jacques Troter Curion, Hofman in lexi- homme noble & allié aux meilleures familles du pays, & il fut le dernier de vingt-trois enfans. Il n'avoit que neuf ans lorsqu'il perdit fes parens, & jufques-là il avoit été inftruit à Moncalier, par un précepteur particulier. Depuis il alla aux écoles publiques, d'où il passa à Turin, où il s'appliqua pendant quelques années à l'éloquence, à la poefie & à l'hiftoire fous les profeffeurs qui y enfeignoient. Il y étudia auffi le droit civil fous François Sfondrate, qui fut depuis cardinal. A peine avoit-il vingt ans, lorfque le bruit que faifoient en Allemagne les livres de Luther & de Zuingle, exciterent en lui la curiofité de les lire, & le plaifir qu'il trouva dans cette lecture séduisit sa jeunesse imprudente, & déja amie de la nouveauté, & deflors il réfolut d'en embraffer les fentimens. Pour fuivre ce parti avec liberté, il se mit en chemin pour l'Allemagne, avec deux autres jeunes gens féduits de même que lui; & comme ils s'entretenoient dans la route des matieres de religion avec une grande liberté, on les dénonça à l'évêque d'Yvrée, qui les fit arrêter & conduire au château de Capriano. Curion y demeura en prison pendant deux mois; au bout de ce terme quelques amis qu'il avoit parmi la noblesse du pays, obtinrent fa liberté, & l'évêque lui recommanda auparavant très-férieusement d'être plus fage à l'avenir. Cu

rion ne profita point de cet avis, ni de la bonté que AN. 1569. l'évêque d'Yvrée eut de l'envoyer avec des lettres de recommandation à l'abbaye voifine de faint Benigne. Il enleva de ce monaftere des reliques de faint Agapet & de faint Tiburce, les jetta de côté & d'autre, & en leur place il mit dans la châsse une bible qu'il avoit ôtée de la bibliothêque de la même maison, & il accompagna cette bible de cette infcription, qui étoit écrite en Latin: Voilà l'arche d'alliance, où il faut chercher les vrais oracles, & qui renferme les vraies reliques des faints. Peu de tems après ce vol facrilege, il s'enfuit vers Milan, paffa à Rome, & parcou rut fucceffivement plufieurs villes d'Italie, d'où il retourna à Milan. Il demeura plufieurs années dans cette ville, occupé d'abord à s'inftruire, & ensuite à instruire les autres, & il s'y acquit l'eftime & l'amitié de plufieurs perfonnes de confideration. Il s'y maria en 1530. & peu après il vint demeurer à Cafal capitale du Montferrat, où il féjourna plufieurs années, après lefquelles il alla dans fa patrie, puis à Ramani près de Moncalier, où ayant entendu un jour un Dominiquain déclamer vivement contre Luther, & le charger de nouveaux crimes & de nouveaux fentimens heretiques, dont il n'étoit pas coupable, il demanda permission de répondre à ce prédicateur outré. Lorfqu'il l'eut obtenue: Vous avez, mon pere, dit-il au moine, attribué à Luther de terribles chofes: mais en quel endroit les dit-il? pouvez-vous me marquer le livre où il a enfeigné une telle doctrine? Le religieux lui répondit qu'il ne pouvoit le lui montrer actuellement mais qu'il le feroit à Turin, s'il vouloit l'y accompagner: Et moi, dit Curion, je vais fur l'heure vous

« PreviousContinue »