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AN. 1563.

Pallav. ut fup.

& 4.

XLIV.

Différens avis fur

prélats eurent dit auffi leurs avis, on propofa quatre nouveaux chapitres. Le premier touchant la vie frudifférens prélats gale des évêques, & l'ufage qu'ils devoient faire des 1. 24. c. 3. n. 3. biens de l'églife. C'étoit dom Barthelemi des Martyrs archevêque de Brague qui avoit propofé cet article. Le fecond concernoit les dixmes dont jouiffoient les laïques. Le troifieme pour moderer les cenfures & les anathêmes. Le quatrieme pour établir un endroit dans les églises, où l'on confervât les actes publics. De plus on propofa vingt-deux chapitres pour la réforme des réguliers en general, & huit autres particuliers concernant les religieuses. Le premier des quatre articles fut peu goûté du grand nombre. Le cardinal Mala vie frugale des drucce crut en affoiblir la force en repréfentant que plufieurs évêques étant princes, & poffedant des états, 4. 24. c. 3. n. 5. 6. ne pourroient, felon lui, fe réduire à cette vie fobre & frugale qu'on demandoit d'eux, fans décheoir de leur dignité, & caufer du trouble dans leur pays. L'archevêque de Brague refuta ces prétextes, & dit que pour lui il croyoit qu'il falloit prefcrire aux évêques une maniere de vie conforme à la fainteté de leur état, regler leurs meubles & leurs domestiques, & les obliger même à rendre compte au concile provincial, de l'ufage qu'ils auroient fait de leurs revenus; qu'ils étoient à la verité maîtres de la portion qui leur étoit néceffaire: mais qu'ils n'étoient que les œconomes du furplus. Mais de fi fages remontrances ne furent pas écoutées par les peres.

évêques.

Pallav. ut fup.

& 7°

XLV.

Le comte de

Peu de jours après cette congrégation, le comte de Lune infifte à vou- Lune qui voyoit avec quel empreffement on courroit la réponse du roi vers la fin du concile, en fit des reproches à quelques d'Efpagne. ambaffadeurs; il déclara aux légats qu'il ne pouvoit

loir qu'on attende

fouffrir qu'on voulût ainsi terminer fans attendre la réponse du roi d'Espagne fon maître, & leur fignifia qu'il employeroit tous fes efforts, non pour empêcher la fin du concile, ne voulant point agir contre la parole qu'il avoit donnée, mais pour arrêter la précipitation avec laquelle on vouloit fe conduire fans attendre cette réponse. Il ajouta qu'il lui paroiffoit indigne qu'on traitât un fouverain fi puiffant comme le moindre gouverneur de province, & il parla avec tant d'aigreur, que les légats indignez lui reprocherent qu'il n'encourroit pas feulement la colere de Dieu, mais encore celle du Roi, dont il méritoit d'être féverement puni; que fa conduite & fes difcours montroient fon penchant pour les heretiques, & que le roi d'Espagne étoit trop attaché à la religion Catholique pour approuver les excès. Il fe dit encore plufieurs autres chofes moins importantes, après lefquelles on fe fépara fort mécontens. Deux jours après, c'est-à-dire le vingt- neuvieme du même mois de Novembre, on tint une autre congrégation, où l'on réfolut de nouveau de terminer promptement le concile, malgré les oppositions continuelles du comte de Lune.

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Le foir du même jour on apprit à Trente que le pape étoit très-dangereufement malade, & qu'on craignoir beaucoup pour la vie. Un autre courier dépêché par le cardinal Borromée arriva cinq heures après avec des lettres aux légats qui confirmoient la même nouvelle, & qui les exhortoient à preffer la conclufion du concile au plûtôt, fans fe mettre en peine des oppofitions qu'on y voudroit faire, afin de prévenir un fchifme, que cette mort pourroit procurer par la division qui naîtroit auffi-tôt entre le facré college & le

AN. 1563.

XLVI.
Les peres s'ap-

concile, touchant le droit d'élection d'un nouveau pape. Cette lettre étoit datée du vingt-septieme de Novembre; & les légats auffi-tôt qu'ils l'eurent reçue, manderent les deux cardinaux de Lorraine & Madrucce avec les ambassadeurs de l'empereur & du roi d'Efpagne, & les exhorterent à s'employer pour finir au plûtôt le concile. Les Impériaux quoiqu'impatiens de voir cette conclufion, ne laifferent pas de demander le jour entier pour en déliberer: & le lendemain dans une autre affemblée compofée des autres ambassadeurs, & d'environ cinquante prélats, ils donnerent leur confentement, les autres furent de même avis, à l'exception du comte de Lune, qui s'y oppofa fortement avec les évêques Espagnols & trois Italiens.

dier promptement des maîtres.

Tout le tems qui restoit jusqu'à la session fut empliquent à expé- ployé par les préfidens & par les peres à former les decrets qui devoient y être publiez, & dès le deuxieme de Decembre les légats tinrent une congrégation generale, dans laquelle ils porterent tous les decrets, concernant le purgatoire, les images, les reliques, le culte & l'invocation des faints, qui avoient été dreffez par le cardinal Ofius & les autres commiffaires; & l'on produifit enfuite les articles qui regardoient la réformation de la difcipline. Comme le decret des indulgences n'étoit pas encore prêt, on réfolut dans une congrégation particuliere tenue la veille, qu'on l'omettroit, contre l'avis de plufieurs, & particulierement des Impériaux, qui néanmoins y confentirent, fuppofé qu'on ne pût autrement empêcher le départ des François avant la clôture du concile.

:

AN. 1563.

XLVII.

Difcours du premier légat aux pe

res pour la clôture

nalib. hoc ann. n.

Extat. in altis

tican. fign. 3196. P. 42. > Pallav. ut fup 4. n. 9.

c.

71.9.

Le cardinal Moron premier des légats parla encore aux peres fur la néceffité de finir le concile. Il fit voir que les matieres les plus importantes avoient été déja traitées que pour ce qui concernoit la foi, qui étoit le premier but que s'étoit propofé le concile, on l'a-, du concile. voit très-bien établie en parlant de la juftification & Raynald. in andes facremens; que les herefies du tems étoient con- 208. damnées dans plusieurs canons: que les heretiques dont Ms. congregat. on fouhaitoit la converfion & le falut, avoient été Trid. archiv. Va invitez par le pape, par les légats, & par ses nonces avec l'offre d'un fauf-conduit dans toutes les formes, fans qu'on eût pû les gagner: Qu'on avoit même prié les princes, & fur-tout l'empereur, qui avoit beaucoup de crédit fur leur efprit, de les engager à venir; mais que ç'avoit été fans fuccès. Plût à Dieu, dit-il, qu'ils euffent affifté au concile, & qu'ils fe fuffent foumis à fes decrets; rien ne pouvoit arriver de plus heureux & pour eux & pour toute la chrétienté. Il faut prier le Seigneur de leur infpirer de meilleurs fentimens, & un efprit foumis aux décisions de l'églife. Mais comme il n'y a plus d'efperance de les voir ici, il eft inutile de perdre le tems, les affaires du concile se trouvant dans un état où rien n'empêche qu'on ne le finiffe quand on voudra.

Il s'étendit enfuite fur la réformation qui étoit l'autre but du concile, il rappella ce qui avoit été reglé dans la feffion précedente, & dit qu'en obfervant exactement ses decrets, on verroit bien-tôt le clergé rétabli dans fon ancienne difcipline. Qu'il étoit, vrai qu'on pouvoit mieux faire, mais que ceux qui compofoient le concile étoient des hommes, & non pas des anges, & qu'eû égard aux malheurs des tems, on

devoit fe contenter de ce qu'ils avoient pû faire, laifAN. 1563. fant à Dieu le foin de faire le refte. Que les peres avoient devant les yeux le peu qui reftoit, tant pour la doctrine que pour la réformation; que le tout avoit été fi bien examiné & digeré, qu'on n'avoit pas befoin d'en difputer davantage; que le chapitre des princes avoit été reformé, & qu'on devoit les engager à faire le bien plûtôt par le bon exemple que par des cenfures & des anathêmes. Qu'enfin l'on pouvoit tout finir dans la prochaine feffion; que fa fainteté le fouhaitoit fort, de même que l'empereur & les François, fuivant le témoignage du cardinal de Lorraine : le concile ayant été principalement affemblé pour ces derniers, dont les états étoient fi cruellement ravagez par l'herefie. Que le roi Catholique étoit entré dans ces vûes, afin de pourvoir au falut de l'Allemagne & de la France. Il est donc tems, continua ce cardinal, en adreffant la parole aux peres, que vous alliez recueillir le fruit de vos travaux ; vos brebis vous attendent, & ne peuvent plus fupporter une plus longue abfence; expediez donc ce que vous avez entre les mains; finiffez le concile en mettant fin à vos veilles & à vos fatigues; perfectionnez votre ouvrage, & attirez par vos prieres la benediction du Seigneur fur une fi fainte œuvre, afin que les peuples en retirent tout l'avantage qu'ils en peuvent efperer.

XLVIII.

& derniere feflion

Le même jour deuxieme de Decembre on reçut la Vingt-cinquiéme nouvelle que le pape étoit non-feulement hors de dandu concile, la neu- ger, mais que fa fancé même devenoit beaucoup plus viéme fous Pie IV. ferme qu'elle ne l'étoit avant fa maladie. Le pape luit. 14. p. 814. & même confirma le lendemain certe nouvelle par une Seq. &p. 1659 lettre, & fe fervit de cette occafion pour prier de nou

Labb. coll.conc.

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