AN. 1569. de religion dans quelque monaftere, ni aux parens ou tres. Ce concile finit par quatre décrets, qui font comme un fupplément à tous les autres. On y ordonne aux évêques fuffragans de les faire obferver dans leurs dioceses; & afin qu'on n'en prétende cause d'ignorance, il eft ordonné qu'on les affichera aux portes de l'églife métropolitaine, & qu'on en fera la lecture dans les autres églifes & paroiffes. On réserve à l'évêque la connoisfance & la décifion de toutes les difficultez qui pourront furvenir à l'occafion de ces décrets, qu'on foumet toutefois au jugement du faint fiége. Ce concile dura trois semaines. François Bonhomme, Crémonois, abbé de Nonantola, qui fut depuis évêque de Verceil, & nonce en Suiffe, & en Allemagne, en porta les actes à Rome avec une lettre fynodale au nom de tous les évêques affemblez, par laquelle ils foumettoient ces actes à l'autorité & au jugement du fouverain pontife, afin de les reformer autant qu'il le jugeroit à propos. AN. 1569. Prefque tous les conciles que faint Charles a tenus ont duré le même tems, & il y a toujours observé les mêmes formalitez. Enfuite quand un de ces conciles avoit été approuvé par le pape, il en faifoit imprimer les actes, & en envoyoit des exemplaires à tous les fuffragans, afin qu'ils les publiaffent dans leurs dioceses. Il les publioit auffi lui-même, ou les faisoit publier en fon nom à Milan. Il célebra de cette maniere fix conciles pendant dix-neuf années de pontificat. On les trouve imprimez en deux volumes in- folio fous le titre d'Actes de l'église de Milan. Acta ecclefiæ Mediolanenfis. Ce faint prélat durant le pontificat de Pie IV. fon oncle, avoit connu particuliérement les religieux Théatins, qui faifoient profeffion d'une fi grande pauvreté, que non-feulement ils ne poffédoient rien, ni en commun, ni en particulier, mais qu'ils ne demandoient pas même l'aumône, attendant de la providence les fecours dont ils avoient befoin. Il alloit fouvent les vifiter à Rome dans leur maifon de faint Sylveftre à Monte-Cavallo, & s'y délafsoit dans la converfation de Guillaume Sirlet, qu'il eftimoit beaucoup pour fa vertu, & à qui il procura le chapeau de cardinal. Comme il cherchoit des ouvriers qui l'aidaffent à fou→ tenir le poids de la charge paftorale, il appella qua torze de ces religieux à Milan, & leur donna d'abord l'église & la maison de fainte Marie à la porte Romaine; dans la fuite ils eurent celle de faint Antoine avec l'abbaye qui lui étoit unie. Les peres Jefuites y avoient été appellez par le faint archevêque avant les I i ii ij AN. 1569. CVI. les chanoines de la Scala. Giuffano l. 2. c. 20. Théatins, & avoient eu l'église de saint Fidel; mais cette église se trouvant trop petite pour contenir tout le peuple qui avoit recours à eux, comme il arrive prefque toujours dans les nouveaux établissemens, faint Charles leur en fit conftruire une autre fur le plan du Peregrino architecte fameur, & en pofa la premiere pierre le cinq Juillet 1569. S'étant enfuite démis de fon abbaye, il obtint du pape qu'elle feroit unie à la maifon de ces peres. Il y avoit dans Milan une église collégiale, nommée Sainte Marie de la Scala, fondée par une dame de ce nom, époufe de Barnabé Visconti feigneur de Milan. Le droit de patronage des canonicats appartenoit au roi d'Espagne, comme duc de Milan, & ce roi préfentoit à l'archevêque, lequel fur fa nominatin conféroit le bénéfice. François Sforce second du avoit obtenu du pape plufieurs priviléges en faveur de ces chanoines, & le principal étoit d'être exempts de la jurisdiction de l'ordinaire. nom, Mais Clement VII. dans fa bulle de 1531. avoit Il entreprend de mis cette clause, ( Si notre vénérable frere l'archevêque vifiter & réformer de Milan y donne un exprès consentement), de forte que comme aucun n'y avoit jamais confenti, le privilége étoit fans effet. Comme les chanoines vivoient dans un grand libertinage, le faint cardinal entreprit de les reformer. Il leur fit fçavoir le jour auquel il devoit les vifiter; mais ils alléguerent leur exemtion prétenduë, & déclarerent qu'ils ne fouffriroient point fa visite. Cette réponse l'arrêta, & pour ne rien faire avec legereté, il affembla des docteurs, qu'il consulta fur fon droit: tous convinrent qu'il étoit inconteftable. Il voulut pour agir encore plus fûrement, en donner avis au pape, qui fit tenir exprès une congrégation à Rome; & fes raisons ayant été examinées, sa fainteté lui fit réponse par le feigneur Ormanette, que fon droit étoit indubitable, & qu'il pouvoit procéder à la vifite des chanoines de la Scala. Après cette réponse, il leur donna encore deux mois pour mieux reconnoître le peu de folidité de leur prétendu privilége, & pour le réfoudre à fe foumettre, fans caufer aucun fcandale. AN. 1569. CVII. Infolence de ces Giuffano ib. ut Ciacon. in vis Ces délais ne produifirent pas l'effet qu'il en attendoit; ces chanoines qui craignoient de vivre fous fa chanoines contre discipline, réfolurent de lui refufer l'entrée de leur S. Charles. églife, & fe porterent même à des procédez tout-à-fait fup. indignes. En voici l'occafion. L'official de l'archevêque Pontif. t. 3. p. ayant fait quelques procédures contre un prêtre de leur 193. chapitre, ils élurent pour confervateur de leurs priviléges, fuivant la coûtume d'Italie, un nommé Pierre Barbesta homme fans jugement, & fans aucune connoissance des affaires de la jurisdiction ecclesiastique qui eut la témérité de prononcer une sentence d'excommunication contre l'official & le procureur fiscal du prélat, pour avoir violé le privilège apoftolique du chapitre de la Scala. Comme ce chapitre étoit fous la jurisdiction du roi, qui étoit patron des bénefices, fe crurent à couvert fous cette autorité, & espérerent d'être foutenus par le gouverneur, qui avoit fait publier un édit pour la confervation de la jurifdiction royale. ils Mais le cardinal à qui cette conduite faifoit connoître de plus en plus l'importance de faire fa vifite leur envoya le trente d'Août Moneta pour la leur indiquer. Auffi-tôt ils interrompirent l'office, & firent fermer les portes de églife, pour fe retirer dans le AN. 1569. cimetiere avec leurs habits de chœur. Un d'entr'eux, Calabrois de nation, & qui se disoir aumônier du roi, répondit à Moneta, que le chapitre de la Scala étoit exempt de la jurisdiction de l'archevêque, & qu'il allât lui dire de réfléchir fur ce qu'il alloit entreprendre, pour ne pas s'attirer une mauvaise affaire. Moneta ne lui fit point de réplique, mais s'adressant à d'autres qu'il croyoit plus modérez, il voulut s'informer quelle étoit leur intention. Ils infultent la perfonne du car Le Calabrois, qui avoit formé un parti de séditieux comme lui, impofa filence à fes confreres, & chargea dinal & l'excom- d'injures ce bon prêtre, que les autres chafferent avec Giussano, loco violence, fans aucun refpect ni pour fon caractere, ni munient. fup. cit. pour la qualité de celui qui l'envoyoit. Sur ces entrefaites le faint archevêque arriva monté sur sa mule, en habits pontificaux. Les chanoines accompagnez d'un grand nombre de gens armez, vinrent au-devant de lui, prirent la bride de fa mule, & le poufferent rudement. Le faint plein de douceur defcendit de sa mule, & prit la croix des mains de celui qui la portoit, & fe préfenta à ceux qui l'infultoient. Mais loin d'arrêter ces furieux ils coururent aux armes, & en criant : Efpagne, Espagne, fondirent fur lui, & lui fermerent la porte. Il courut même rifque d'être tué dans cette occafion des coups d'arquebufe, qui furent tirez à la croix qu'il portoit. Cette infolence ne le troubla point. Son grand vicaire fit auffi-tôt afficher la fentence d'excommunication contre les chanoines: ceux-ci l'arracherent fur le champ, & le chafferent avec violence, en le chargeant d'injures. Leur impiété alla plus loin. Barbefta déclara le faint cardinal tombé dans les |