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AN. 1563.

Pallav. ib. l. 14:

C. S. n. 4.

nal. hoc ann. n.

veau les peres de finir promptement le concile. Ses vœux furent exaucez; dès le jour même troifieme Decembre, on tint la vingt-cinquieme feffion, qui fut la derniere depuis le commencement du concile, Raynald. an & la neuvieme sous le pontificat de Pie IV. Les peres 209.&feq. s'étant rendus à l'églife avec les céremonies ordinaires, la meffe y fut célébrée folemnellement par Zambeccari évêque de Sulmone; & le fermon en Latin prêché par Jerôme Ragazzoni, Vénitien, évêque de Ñazianze, & alors coadjuteur de Famagoufte. Il prit pour texte ces paroles du pfeaume 48. Peuples, écoutez ces chofes, habitans de la terre, prêtez tous l'oreille. Il invita toutes les nations à être attentives à cet heureux jour auquel le temple de Dieu fe rétabliffoit, & le vaiffeau arrivoit au port après de fi longues & de fi furieuses tempêtes. Il dit que fa joie eût été beaucoup plus grande, fi les Proteftans euffent voulu participer à la construction de ce grand édifice; mais que ce n'étoit la faute ni du pape, ni du concile ; qu'on avoit choifi tenir le concile une ville en Allemagne, pour qui étoit comme à leur porte, fans fe fortifier par aucune garde, afin qu'ils n'euffent rien à craindre pour leur liberté : qu'ils avoient été priez, invitez, attendus; qu'on n'avoit rien épargné pour les guérir, foit du côté des dogmes de la foi Catholique qu'on avoit expliquez, foit par rapport au rétablissement de la difcipline de l'église dans les articles de la réformation.

Il recapitula enfuite tous les decrets faits par le concile en matiere de foi, il montra combien il avoit retranché d'abus dans les céremonies que quand il n'y auroit pas eu d'autre fujet de convoquer cile, il eût toujours fallu le faire pour arrêter le cours

le con

des mariages clandeftins; venant ensuite aux articles AN. 1563. de la réformation, il fit voir de point en point l'utilité qui en reviendroit à l'églife, & ajouta que ce concile avoit travaillé plus exactement que tous les autres précedens à la réformation des mœurs : Que les argumens des heretiques avoient été discutez à diverses reprises & fouvent avec beaucoup de difputes & de contestations, non pas qu'il y eût de la division & de la difcorde parmi les peres, n'y en pouvant avoir parmi des perfonnes d'un même avis; mais pour développer la verité, de la même maniere qu'on eût fait, fi les heretiques euffent été préfens. Il conjura tous les peres d'en faire exécuter les decrets, dès qu'ils feroient de retour dans leurs diocefes, & de remercier après Dieu, le pape Pie IV. qui n'avoit épargné ni peines, ni fatigues, ni depenfes pour conduire une œuvre fi fainte à un heureux fuccès. Il conclut par un éloge des légats & fur-tout du cardinal Moron, & felicita tous les peres fur la gloire qu'ils alloient s'acquerir dans toute la pofterité, & fur la joie qu'ils devoient procurer à leurs peuples par leur retour.

XLIX. Premier décret touchant le purga

toire.

Labbe collect. conc. ut feq.

Pallav. ibid.

Enfuite le celebrant monta dans la tribune & lut à voix haute les decrets, dont le premier concernant le purgatoire étoit conçu en ces termes : en ces termes : L'église Catholique inftruite par le Saint-Esprit, ayant toujours enfeigné, fuivant les faintes écritures, & la tradition ancienne des peres dans les faints conciles précedens, & depuis peu encore dans ce concile general, qu'il y a un purgatoire, & que les ames qui y font detenues font foulagées par les fuffrages des fideles, & particulierement par le facrifice de l'autel, fi digne d'être agréé de Dieu. Le faint concile ordonne aux évêques,

qu'ils

pe

qu'ils aient un foin particulier, que la foi & la créance
des fideles touchant le purgatoire, foit conforme à la
saine doctrine qui nous a été donnée par les faints
res, & par les faints conciles, & qu'elle foit prê-
chée & enfeignée de la forte en tous lieux. Qu'ils
bannissent des prédications publiques qui fe font de-
vant le peuple ignorant & groffier, les questions dif-
ficiles & trop fubtiles fur cette matiere, qui ne fervent
de rien pour l'édification, & desquelles d'ordinaire
il ne se tire aucun avantage pour la pieté. Qu'ils ne
permettent point non plus qu'on avance, ni qu'on
agite fur ce fujet des chofes incertaines, & qui ont
apparence de faufseté : & qu'ils défendent comme un
fujet de scandale, & de mauvaise édification pour les
fideles, tout ce qui tient d'une certaine curiofité, ou
maniere de superstition, ou qui reffent un profit for-
dide & mefféant; mais que les évêques s'appliquent à
faire en forte que les fuffrages des fideles, comme les
meffes, les prieres, les aumônes, & les autres œuvres
de pieré que les fideles qui font en cette vie ont cou-
tume d'offrir pour les autres fideles défunts, foient
faites & accomplies avec pieté & devotion, selon l'u-
fage de l'églife; & que ce qu'on leur doit par. fonda-
tions teftamentaires ou autrement, foit acquitté avec
foin & exactitude, & non par maniere de décharge par
les prêtres, ou par ceux qui fervent à l'église, ou au-
tres qui y font tenus.

AN. 1563.

L.
Second décret de

reliques, & des

Ce decret fut fuivi de celui qui regarde l'invocation des faints, leur culte, leurs reliques, & les images, l'invocation des dont voici la teneur. Le S. concile enjoint à tous les faints, de leurs évêques & à tous autres qui font chargez du foin & de images. la fonction d'enseigner le peuple, que fuivant l'u- conc..14.p. 895a Tome XXXIV

I

Labbe collect.

fage de l'églife Catholique & Apoftolique reçu dès AN. 1563. les premiers tems de la religion chrétienne, conforPallav.ut fup.c. mément auffi au fentiment unanime des faints peres,

5.1.4.

pour

& aux decrets des faints conciles, ils inftruifent fur toutes chofes les fideles avec foin touchant l'interceffion & l'invocation des faints, l'honneur qu'on rend aux reliques, & l'ufage légitime des images, leur enfeignent que les faints qui regnent avec Jesus-Christ, offrent à Dieu des prieres pour les hommes; que c'est une chofe bonne & utile de les invoquer, & fupplier humblement, d'avoir recours à leurs prieres, à leur aide & à leur affistance obtenir des graces & des faveurs de Dieu par fon fils Jefus-Chrift notre Seigneur, qui est seul notre Rédempteur & notre Sauveur; & que ceux qui nient qu'on doive invoquer les faints qui jouiffent dans le ciel d'une felicité éternelle, ou qui foutiennent que les faints ne prient point Dieu pour les hommes, ou que c'eft une idolâtrie de les invoquer, afin qu'ils prient même pour chacun de nous en particulier, ou que c'eft une chofe qui repugne à la parole de Dieu, & qui eft contraire à l'honneur qu'on doit à Jesus-Christ, seul & unique médiateur entre Dieu & les hommes, ou même que c'est une pure folie de prier de parole, ou de penfée les faints qui regnent dans le ciel, ont tous des fentimens contraires à la pieté. Que les fideles doivent pareillement porter ref pect aux corps faints des martyrs & des autres faints qui vivent avec Jesus-Chrift; ces corps ayant été autrefois les membres vivans de Jesus-Chrift, & le temple du SaintEfprit, & devant être un jour reffufcitez pour la vie éternelle, & revêtus de la gloire, Dieu même faisant beaucoup de bien aux hommes par leur moyen,

de

que

forte que ceux qui foutiennent qu'on ne doit point d'honneur ni de vénération aux reliques des faints, ou AN. 1563. que c'est inutilement les fideles leur portent refpect, ainfi qu'aux autres monumens facrez, & que c'eft en vain qu'on fréquente les lieux confacrez à leur mémoire pour en obtenir secours, doivent être aussi tous absolument condamnez comme l'église les a déja autrefois condamnez, & comme elle les condamne encore à présent. De plus qu'on doit avoir & conserver, principalement dans les églifes, les images de Jefus Chrift, de la Vierge mere de Dieu, & des autres faints; & qui leur faut rendre l'honneur & la vénération qui leur est dûë: non que l'on croye qu'il y ait en elles quelque divinité ou quelque vertu pour laquelle on leur doive rendre ce culte; ou qu'il faille leur demander quelque chofe ou arrêter en elles sa confiance, comme faifoient autrefois les payens, qui mettoient leur espérance dans les idoles ; mais parce que l'honneur qu'on leur rend est rapporté aux originaux qu'elles repréfentent. De maniere que par le moyen des images que nous baisons & devant lesquelles nous nous découvrons la tête & nous nous profternons nous adorons Jesus-Christ, & rendons nos respects aux faints dont elles portent la reffemblance, ainsi qu'il a été prononcé & défini par les décrets des conciles, & particulierement de celui de Nicée contre ceux qui attaquoient les images.

act. 3. 4. & 6.

Les évêques feront auffi entendre avec foin que les Cone. Nicen. 1 hiftoires des myfteres de notre redemption exprimées par des peintures, ou par d'autres représentations, font pour inftruire le peuple & pour l'accoûtumer & l'affermir dans la pratique du fouvenir continuel des

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