Page images
PDF
EPUB

la

AN 1563.

là maintenant l'os de mes os, & la chair de ma chair. C'est pourquoi l'homme laiffera fon pere & fa mere pour s'attacher à fa femme, & ils ne feront tous deux qu'une même chair, Mais Notre-Seigneur JefusChrist nous a enseigné plus ouvertement, que ce lien' ne devoit unir & joindre ensemble que deux personnes, lorfque rapportant ces dernieres paroles comme prononcées de Dieu même, il a dit : Donc ils ne font plus deux, mais une feule chair. Et auffi-tôt après il confirme la fermeté de ce lien declaré par Adam fi Marc. x. 91 long-tems auparavant, en disant : Que l'homme donc ne fepare pas ce que Dieu a joint. C'est auffi le même Jefus-Chrift, l'auteur & le confommateur de tous les auguftes facremens, qui par fa paffion nous a merité grace neceffaire pour perfectionner cet amour naturel, pour affermir cette union indissoluble & pour fanctifier les conjoints. Et c'eft auffi ce que l'apôtre faint Paul a voulu donner à entendre, quand il a dit: Maris, aimez vos femmes, comme Jefus-Chrift a aimé Ephef. v. 281 l'églife, & s'eft livré pour elle à la mort. Ajoutant 3" encore peu après: Ce facrement eft grand, je dis en Jefus-Chrift & en l'églife. Le mariage dans la loi évangelique étant donc beaucoup plus excellent que les mariages anciens, à caufe de la grace qu'il confere par Jefus-Chrift; c'est avec raison que nos faints peres, les conciles, & la tradition universelle de l'églife nous ont de tout tems enfeigné à le mettre au nombre des facremens de la loi nouvelle. Cependant l'impieté de ce fiecle a pouffé des gens à un tel emportement contre une fi puiffante autorité, que non-feulement ils ont eu de très-mauvais fentimens au fujet de cet augufte facrement; mais fous prétexte de l'é

AN. 1563.

III.

fur le mariage.

CANON I.

Levit. VII.

vangile, ouvrant la porte, felon leur coutume, à une licence toute charnelle, ils ont foutenu de parole & par écrit au grand detriment des fideles, plufieurs chofes fort éloignées du fens de l'église catholique, & de l'ufage approuvé depuis le tems des apô

c'eft pourquoi le faint concile univerfel defirant d'arrêter leur temerité, & d'empêcher que plufieurs autres ne foient encore attirez par une fi dangereuse contagion, a jugé à propos de foudroyer les herefies & les erreurs les plus remarquables de ces fchifmatiques, prononçant les anathêmes fuivans contre les heretiques mêmes, & contre leurs erreurs.

Si quelqu'un dit que le mariage n'eft pas vérita Douze canons blement & proprement un des fept facremens de la loi évangelique, inftitué par Notre-Seigneur JefusChrift; mais qu'il a été inventé par les hommes dans l'églife, & qu'il ne confere point la grace; qu'il foit CANON IL anathême. Si quelqu'un dit qu'il eft permis aux chrétiens d'avoir plusieurs femmes, & que cela n'est défendu par aucune loi divine; qu'il foit anathême. CANON III. Si quelqu'un dit, qu'il n'y a que les feuls degrez de parenté & ďalliance qui font marquez dans le Lévitique, qui puiffent empêcher de contracter mariage, ou qui puiffent le caffer, quand il eft contracté ; & que l'églife ne peut pas donner difpense en quelques-uns de ces degrez, ou établir un plus grand nombre de degrez qui empêchent, annullent ou caffent CANON IV. le mariage; qu'il foit anathême. Si quelqu'un dit que l'église n'a pû établir certains empêchemens qui caffent le mariage, ou qu'elle a erré en les établissant; CANON Y qu'il foit anatheme. Si quelqu'un dit que le lien du mariage peut être rompu pour cause d'herefie, de

[ocr errors]

pas

AN. 1563.

CANON VI

CANON VI

cohabitation fâcheuse, ou d'absence affectée de l'une de parties; qu'il foit anathême. Si quelqu'un dit que le mariage fait & non confommé, n'est annullé par la profeffion folemnelle de religion faite par l'une des parties; qu'il foit anathême. Si quelqu'un dit que l'église est dans l'erreur, quand elle enfeigne, comme elle a toujours enseigné suivant la doctrine de l'évangile & des apôtres, que le lien du mariage ne peut être diffous par le peché d'adultere de l'une des parties, & que ni l'un ni l'autre, non pas même la partie innocente, qui na point donné sujet à l'adultere, ne peut contracter d'autre mariage, pendant que l'autre partie est vivante ; mais que le mari, qui ayant quitté sa femme adultere, en épouse une autre commet lui-même un adultere, ainsi que fa femme, qui ayant quitté fon mari adultere, en épouferoit un autre; qu'il foit anathême. Si quelqu'un dit, que l'églife eft dans l'erreur, CANON VII quand elle déclare que pour plufieurs caufes il fe peut faire séparation, quant à la couche & à la cohabitation entre le mari & la femme pour un tems déterminé ; ou non déterminé qu'il foit anathême. Si quelqu'un dit que les ecclefiaftiques, qui font dans les ordres facrez, ou les réguliers qui ont fait profeffion folemnelle de chafteté, peuvent contracter mariage, & que l'ayant contracté il eft bon & valide, nonobstant la loi eccléfiaftique, ou le vœu qu'ils ont fait; que de soutenir le contraire, ce n'eft autre chose que de condamner le mariage, & que tous ceux, qui ne se sentent pas avoir le don de chafteté, encore qu'ils l'ayent voué peuvent contracter mariage; qu'il foit anathême, puifque Dieu ne refuse point ce don à ceux qui le lui demandent comme il faut, & qu'il ne permet que nous

CANON IX;

CANON X

soyons tentez au-deffus de nos forces. Si quelqu'un AN. 1563. dit, que l'état du mariage doit être préferé à l'état de la virginité ou du célibat, & que ce n'eft pas quelque chofe de meilleur & de plus heureux de demeurer dans la virginité ou dans le célibat, que de fe marier; qu'il CANON XI. foit anathême. Si quelqu'un dit; que la défense de la folemnité des nôces en certains tems de l'année, est une fuperftition tyrannique qui tient de celles des Payens, ou fi quelqu'un condamne les benedictions & les autres céremonies que l'églife y pratique; qu'il CANON XII. soit anathême. Si quelqu'un dit que les caufes qui concernent le mariage n'appartiennent pas aux juges ecclefiaftiques; qu'il foit anathême.

IV.
Décret touchant

Le même évêque officiant lut enfuite les deux déle mariage en dix crets qui fuivent, dont le premier concerne le mariage, & contient dix chapitres. Le second, qui traite de la reformation, en comprend vingt-un.

chapitres.

tre.

V.

clandeftins & de

famille.

Quoiqu'il ne faille point douter que les mariages Premier chapi- clandeftins contractez du consentement libre & volon Des mariages taire des parties, ne foient valides & de véritables maceux des enfans de riages, tant que l'église ne les a pas rendus nuls, & qu'il faille par conféquent condamner, comme le faint concile condamne d'anathême, ceux qui nient que tels mariages foient vrais & valides, qui foutiennent fauffement que les mariages contractez par les enfans de famille, fans le confentement de leurs parens, font nuls, & que les peres & meres les peuvent rendre bons, ou les annuller: la sainte église néanmoins les a toujours eu en horreur & toujours défendu pour de trèsjuftes raisons. Mais le faint concile s'appercevant que toutes les défenses ne fervent plus de rien, maintenant que le monde eft devenu fi rebelle & fi défobéif

AN. 1563.

fant, & confidérant la fuite des pechez énormes qui naissent des ces mariages clandeftins, & particulierement l'état miférable de damnation où vivent ceux qui ayant quitté la premiere femme qu'ils avoient épousée clandeftinement, en époufent publiquement une autre, & paffent leur vie avec elle dans un adultere continuel: auquel mal l'églife qui ne juge point des chofes fecretes & cachées ne peut apporter de remede, fi elle n'a recours à quelque moyen plus efficace pour ce sujet, suivant des termes du concile de Latran tenu fous Innocent III. ordonne ledit faint concile, qu'à l'avenir, avant que l'on contracte mariage, le propre curé des parties contractantes annoncera trois fois publiquement dans l'église pendant la messe folemnelle,. par trois jours de fêtes confécutifs, les noms de ceux qui doivent contracter ensemble; & qu'après les publications ainsi faites, s'il n'y a point d'oppofition légitime, ou procedera à la célebration du mariage en face d'églife; & le curé après avoir interrogé l'époux & l'épouse, & avoir reconnu leur confentement réciproque, on prononcera ces paroles: Je vous joins enfemble du lien du mariage, au nom du Pere & du Fils, & du Saint-Esprit, ou se servira d'autres termes, suivant l'usage reçu en chaque pays. Mais s'il arrivoit qu'il y eût apparence ou quelque présomption probable, que le mariage pût être malicieusement empêché, s'il fe faifoit tant de publications auparavant, alors ou il ne s'en fera qu'une feulement, ou même le mariage se fera sans aucune, en présence au moins du curé & de deux ou trois témoins, & puis enfuite avant qu'il foit confommé, les publications fe feront dans l'églife, afin que s'il y a quelques empêchemens

« PreviousContinue »