Page images
PDF
EPUB

Dans les mémoires e Caftelnan,

cb. 11

[ocr errors]

142

Hiftoire Ecclefiaftique.

&

defdites villes. III. Que les feigneurs & gena AN.1563 tilshommes hauts-jufticiers auroient le même exercice libre dans toutes leurs terres pour eux & leurs jufticiables feulement, que ceux qui n'auroient point de haute juftice, jouiroient feulement de ce droit dans leurs maifons particulieres. IV. Que tous les prifonniers de guerre feroient rendus fans rançon de part & d'autre. V. Que les gens de guerre étrangers feroient congediez & renvoyez dans leurs pays,tant Calviniftes Catholiques. VI. Que le roi accorderoit une que abolition genérale au prince de Condé, à l'amiral, & à tous ceux qui les avoient fuivis & fervis durant les derniers troubles; fa majefté déclarant , que tout avoit été fait pour fon fervice, fans qu'ils puffent être recherchez de tout ce qui s'étoit paffé. VII. Que ceux de ladite religion prétendue réformée ne pourroient contracter alliance avec les étrangers, ni les appeller en France pour quelque caufe que ce foit; ni faire aucune levée de gens de ni de de guerre, niers fans commiffion & permiffion expreffe de fa majesté.

XXI.

mandie

L'amiral qui au premier bruit de cette négoL'amiral ciation étoit accouru pour la traverser,voiant part de Nor- qu'elle étoit terminée lorsqu'il arriva,tenta au moins d'en empêcher l'effet: mais il le tenta inutilement. L'édit fut envoyé au parlement de Paris pour être vérifié. Mais la plupart des confeillers ne pouvant le réfoudre à enregistrer un édit qui laiffoit un libre exercice dans le roiaume à une religion juitement prefcrite, ne voulurent point y donner les mains; & tout ce que le parle ment crut pouvoir faire fut d'ordonner que cet édit feroit mis entre les mains des gens du roi, C'étoit multiplier"

pour empêch-rla paix. Beze hift. ecclef. t. 2. De Thou, bift. 1. 251. mitio

:

XXII. L'édit eft envoyé au de Paris parlemens

fes obftacles à l'enregistrement le roi le prévit bien, & pour y remedier, il envoya AN.1563 le duc de Bourbon & le duc de Montpenfier, qui le vingt-feptiéme fe rendirent au parlement accompagnez du maréchal de Montmorency gouverneur de Paris, pour exhorter la cour à la vérification de l'édit, & ils réuffirent. Le parlement de Provence réfifta long-tems, de même que celui de Toulouse; mais enfin ils obéirent aux lettres de juffion de fa majefté comme les au

tres.

Comme par la paix les Calviniftes devoient évacuer la ville d'Orleans, ils en fortirent le vingt-huitiéme de Mars après avoir fait publiquement la céne dans l'églife de fainte Croix. Dans le même tems l'on congedia la cavalerie Allemande, & le prince Porcien fut chargé de la conduire : mais comme elle n'avoit point été payée, elle demeura long-tems en Champagne, où elle fit beaucoup de ravages en attendant qu'on lui eut compté ce qui lui étoit dû.

pour être verifié.

XXIII, Les Calvi

niftes eva

cuent la

ville d'Or leaus,

XXIV.

fommer le

[ocr errors]

comte de Varvich de

endre

le Havre. De Thou bift. 1. 35

Il s'agiffoit enfuite de rentrer dans le Havre de Grace, que les Calviniftes avoient li- Le roi fai vré aux Anglois l'année précédente, c'étoit encore une des conditions de la paix. Ainfi le roi envoya un trompette pour fommer le comte de Warvick qui commandoit dans la ville, de la lui rendre. Le comte dit qu'il falloit s'adreffer à la reine d'Angleterre fa maîtreffe, qui l'avoit chargé de la garder en fon nom, & de la défendre contre tous ceux qui l'attaqueroient, comme il y étoit réfolu au péril de fa vie, & de tous ceux qui étoient avec lui. Sur cette réponse la guerre fut déclarée à Elifabeth reine d'Angleterre le fixiéme de Juillet, & la régente trou

น. 3.

XXV.

va fi bien le fecret de réunir les deux par☞ AN.1563. tis, en obligeant les uns & les autres de travailler à l'envi au recouvrement du Havrede - Grace, que fi les Catholiques eurent l'honneur de commencer le fiége, les Calviniftes remporterent la gloire d'avoir agi dans les tranchées avec beaucoup de valeur, Il n'y eut que l'amiral, qui voulant fe conferver l'amitié des Anglois pour quelqu'au¬ tre occafion, ne voulut point s'y trouver. Le Havre fut affiegé le vingtiéme de JuilMemoires let, & le vingt-huitiéme les Anglois capideCaftelnau tulerent à ces conditions.

Sur le refus

du comte, les François affiégent la ville qui fe

rend.

7. 5. ch. 2. Belcarius in

Comment. 1. 30. n.21.

Que le comte de Warvick remettroit la place entre les mains du connétable de Montmorency, avec tout le canon, & les munitions que les Anglois y avoient trouvez, en y entrant : qu'il laifferoit auffi tous les vaiffeaux qui étoient au roi, & à fes fujets, avec les équipages, les marchandises & autres effets appartenans aux François ; que la groffe tour feroit dans le moment même remife au connétable; & qu'on y mettroit garnifon Francoife, qui néanmoins ne pourroit entrer dans la ville, ni arborer l'étendart de France; & que la porte qui regardoit la ville demeureroit au comte de Warvick en donnant quatre ôtages. Que le lendemain matin l'on feroit fortir les foldats du fort de l'Heure, qu'on livreroit enfuite au connétable; Que les prifonniers de part & d'autre feroient rendus fans aucune rançon; Qu'il feroit permis au comte & aux Anglois qui étoient dans la ville, d'en fortir librement avec tout ce qui étoit à eux; ce qu'ils feroient dans l'efpace de fix jours, s'ils n'en étoient empêchez par les vents contraires. Que pour cela il feroit libre aux vaiffeaux Anglois

'Anglois & aux autres deftinez à l'embarquement des troupes, d'entrer dans le port, & qu'ils en fortiroient de même, fans qu'on pût les en empêcher.

La reine régente, en faisant la paix, avoit promis au prince de Condé de le pourvoir de la lieutenance générale dans tout le royau me, mais craignant avec raifon l'autorité que ce pofte alloit lui donner, elle l'en exclut, en perfuadant au roi de fe faire déclarer majeur; c'étoit en effet l'unique moyen de pouvoir gouverner feule fous fon autorité. Mais comme le roi n'avoit pas encore l'âge requis, c'eft à-dire quatorze ans pleins & entiers, & que le parlement de Paris toûjours oppofé au dernier édit qu'il falloit néanmoins que le roi confirmât pour premier acte de fa majorité, n'auroit pas manqué de relever ce défaut d'âge; on réfolut pour prévenir les difficultez que cette cour pourroit faire, de mener le roi à Rouen, & le parlement de cette ville entra facilement dans les vûes de la cour.

:

AM. 1563

XXVI. Charles IX.

déclaré ma

jeur au par

lement de

Rouen.

Charles IX. y fut déclaré majeur le dixfeptiéme du mois d'Août, & dans le difcours qu'il fit à cette occafion, il dit entr'autres qu'il prétendoit que l'Edit qu'il avoit rendu fût religieufement obfervé dans tout le roïaume, jufqu'à ce que les differends de la reli- De Thou gion fuffent décidez par le concile de Trente, in hift. lib. ou qu'il en eût lui-même autrement ordon- 35.2. 4. né: que ceux qui le violeroient fuffent punis comme rebelles & refractaires à fes ordres. Qu'il vouloit auffi, que dans les villes & villages de fon roïaume, on quittât les armes, & qu'il défendoit fur peine d'être punis comme criminels de leze-majefté, à tous fes fujets fans même en excepter fes freres, d'aTome XXXIV,

G

Belcarius in comment.

1.

30. n. 23,

voir fans fa permiffion aucun

commerce

AN.1563. avec les étrangers, ni aucune alliance fecrete avec les princes ou alliez ou ennemis. Que de plus on ne levât aucun argent fans fes ordres, & qu'il feroit là-deffus un édit qui seroit publié dans toutes les cours du roïaume. Il avertit enfin les confeillers de rendre exactement la juftice, en forte que chacun vivant en paix & en affurance demeurât dans l'obéiffance qui étoit due au fouverain. Le chancelier de l'Hôpital, & le premier préfident parlerent après le roi, dont ils ne firent prefXXVII. que qu'étendre le difcours, après quoi la La Reine fe reine s'étant levée dit qu'elle remettoit libredémet de la ment entre les mains du roi fon fils devenu régence. majeur, l'adminiftration que les états lui De Thon avoient confiée, & dans le même temps pour ibidem. rendre un témoignage public de fa foumiffion, elle s'approcha du roi, qui descendant de fon trône, vint la tête nue la recevoir & l'embraffa en l'affurant qu'il ne recevoit fa démiffion dans le deffein de partager avec elle l'autorité fouveraine : le roi enfuite s'étant remis fur fon trône, les princes & les feigneurs qui étoient préfens, s'approcherent de lui, & lui baiferent la main à genoux. Après cette ceremonie, on ouvrit les portes afin de permettre au peuple d'entrer; & le premier fecretaire de la cour lut à haute voix Î'édit dont on a parlé, qui fut verifié & enregiftré fur la requifition du procureur general, fuivant la coutume. Entre ceux qui rendirent leurs devoirs au roi dans cette occafion, on y vit Odet de Coligny, cardinal de Châtillon. Quoiqu'il eût été excommunié par le pape dans un confiftoire, déposé du cardinalat & de la dignité épifcopale; il y parut néanmoins avec toutes les marques du cardi

[ocr errors]

que

« PreviousContinue »