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Fra-Paolo hift, du conc.1.8. p.

755.

Jefus-Chrift aux nôces de Cana en Galilée

AN. 1563. on avoit choifi exprès cet endroit pour s'accommoder à la matiere du facrement de mariage, qu'on devoit décider dans cette feffion. Ce prélat dans fon difcours dit, qu'il Y avoit déja deux ans que ce faint concile étoit dans le travail de l'enfantement, & tout le monde dans l'attente de fon fruit; que ceux qui compofoient l'affemblée devoient donc bien prendre garde, qu'il n'en fortît rien de mutile, ni de contrefait, pendant que l'on attendoit quelque chofe d'entier & d'accompli. Que pour réuffir il falloit qu'ils ne perdiffent point de vue les apôtres, les martyrs, & l'ancienne églife, afin que le fruit qu'ils alloient mettre au jour, en eût les traits & la reffemblance; que ce fuffent la même doctrine, la même difcipline, la même religion, qui ayant fort dégeneré dans les derniers temps, avoient befoin d'être rétablies dans leur ancienne forme que c'étoit-là ce que toute la chrétienté attendoit depuis fi longtemps. La mefle étant finie, on lut les lettres de Marguerite d'Autriche gouvernante des Païs-Bas, & les lettres de créance des ambaffadeurs de Florence & de Malte, fuivant l'ordre de leur arrivée.

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I I. Enfuite le prélat officiant lut à voix haute Expolition de la docles canons & le decret du mariage précedez tri e tou d'une petite préface, ou introduction, qui chant le contient une expofition de la doctrine fur ce mariage. facrement, & qui eft conçue en ces termes. Labbe collec. conc. Le premier pere du genre humain par l'infpiut fuprà. ration du Saint-Efprit a déclaré le lien du maGen. 11.23 riage perpetuel & indiffoluble, quand il a Ephef. v. dit: C'efi-là maintenant l'os de mes os, Ó 1. Cor. VI. la chair de ma chair. C'est pourquoi l'homMatth. xix ms laißera son pere & fa mere pour s'atta-.

17.

cher à fa femme, ils ne feront tous deux qu'une même chair. Mais notre Seigneur AN. 1563. Jesus-Chrift nous a enfeigné plus ouvertement, que ce lien ne devoit unir & joindre enfemble que deux perfonnes, lorsque rapportant ces dernieres paroles comme prononcées de Dieu-même il a dit: Donc ils ne font plus deux, mais une feule chair. Et auffi-tôt après il confirme la fermeté de ce lien déclaré par Adam fi long-tems auparavant en difant: Que Phomme done ne fépare Marc, x. 9. pas ce que Dieu a joint. C'eft auffi le même Jefus-Chrift l'auteur & le consommateur de tous les auguftes facremens, qui par fa paffion nous a merité la grace néceffaire pour perfectionner cet amour naturel, pour affermir cette union indiffoluble & pour fanctifier les conjoints. Et c'eft auffi ce que l'apôtre faint Paul a voulu donner à entendre, quand il a dit: Maris, aimez vos femmes, Ephef.. comme Jefus-Christ a aimé l'églife, & s'eft livré pour elle à la mort. Ajoutant encore peu après: Ce facrement eft grand, je dis en Fefus-Chrift & en l'églife. Le mariage dans la loi évangelique étant donc beaucoup plus excellent que les mariages anciens, à caufe de la grace qu'il confere par Jefus-Chrift; c'eft avec raifon que nos faints peres, les conciles, & la tradition univerfelle de l'églife nous ont de tout tems enfeigné à le mettre au nombre des facremens de la loi nouvelle. Cependant l'impieté de ce fiecle a pouffé des gens à un tel emportement contre une fi puiffante autorité, que non-feulement ils ont eu de très-mauvais fentimens au fujet de cet augufte facrement; mais fous prétexte de l'évangile, ouvrant la porte, felon leur coutume à une licence toute

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28.32.

charnelle, ils ont foutenu de parole & par AN.1563. écrit au grand détriment des fideles, plufieurs chofes fort éloignées du fens de l'églife catholique, & de l'ufage approuvé depuis le tems des apôtres: c'eft pourquoi le faint concile univerfel défirant d'arrêter leur témérité, & d'empêcher que plufieurs autres ne foient encore attirez par une fi dangereufe contagion, a jugé à propos de foudroier les heréfies & les erreurs les plus remarquables de ces fchifmatiques, prononçant les anathêmes fuivans contre les heretiques-mêmes, & contre leurs erreurs,

III.

Douze canons fur le mariage. CANON I.

CANON II.

CANON III.

Si quelqu'un dit que le mariage n'eft pas veritablement & proprement un des fept facremens de la loi évangelique, inftitué par notre-Seigneur Jefus-Chrift; mais qu'il a été inventé par les hommes dans l'églife, & qu'il ne confere point la grace; qu'il foit anathême. Si quelqu'un dit qu'il eft permis aux chrétiens d'avoir plufieurs femmes, & que cela n'eft défendu par aucune loi divine; qu'il foit anathême. Si quelqu'un dit, qu'il n'y a que les feuls degrez de parenté & d'alliance Levit. vII, qui font marquez dans le Levitique, qui puiffent empêcher de contracter mariage, ou qui puiffent le caffer, quand il eft contracté, & que l'églife ne peut pas donner difpenfe en quelques-uns de ces degrez, ou établir un plus grand nombre de degrez qui empêchent, & annullent ou caffent le mariage, qu'il foit CANON IV. anathême. Si quelqu'un dit que l'églife n'a pu établir certains empêchemens qui caffent le mariage, ou qu'elle a erré en les établifv. fant; qu'il foit anathême. Si quelqu'un dit que le lien du mariage peut être rompu pour caufe d'heréfie, de cohabitation fâcheufe, ou d'abfence affectée de l'une des parties,

CANON

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CANON VI.

CANON VII

qu'il foit anathême. Si quelqu'un dit que le mariage fait & non confommé, n'est pas AN. 1563. annullé par la profeffion folemnelle de religion faite par l'une des parties; qu'il foit anathême. Si quelqu'un dit que l'église est dans l'erreur, quand elle enfeigne, comme elle a toujours enfeigné fuivant la doctrine de l'évangile & des apôtres, que le lien du mariage ne peut être diffous pour le peché d'adultere de l'une des parties, & que ni l'un ni l'autre, non pas même la partic innocente, qui n'a point donné sujet à l'adultere, ne peut contracter d'autre mariage, pendant que l'autre partie eft vivante; mais que le mari, qui ayant quitté fa femme adultere, en épouse une autre, commet luimême un adultere; ainfi que la femme, qui ayant quitté fon mari adultere, en épouferoit un autre; qu'il foit anathême. Si quelqu'un dit que l'églife eft dans Perreur, quand elle déclare que pour plu- v. fieurs caufes il fe peut faire féparation, quant à la couche & à la cohabitation entre le mari & la femme pour un tems déterminé, ou non déterminé, qu'il foit anathême. Si quelqu'un dit que les eccle- CANON 15 fiaftiques, qui font dans les ordres facrez, ou les reguliers qui ont fait profeffion folemnelle de chafteté, peuvent contracter mariage, & que l'ayant contracté, il eft bon & valide, nonobftant la loi ecclefiaftique, ou le vœu qu'ils ont fait; que de foutenir le contraire, ce n'eft autre chofe que de condamner le mariage, & que tous ceux, qui ne fe fentent pas avoir le don de chafteté, encore qu'ils l'ayent voué, peuvent contracter mariage; qu'il foit anathême, puifque Dieu ne refufe point le don à ceux

CANON

CANON X.

CANON XI.

qui le lui demandent comme il faut, & qu'il AN.1563. ne permet que nous foyons tentez au-deffus de nos forces. Si quelqu'un dit, que l'état du mariage doit être preferé à l'état de la virginité ou du célibat, & que ce n'eft pas quelque chofe de meilleur & de plus heureux de demeurer dans la virginité ou dans le celibat, que de fe marier; qu'il foit anathéme. Si quelqu'un dit, que la défense de la folemnité des nôces en certains tems de Fannée, eft une fuperftition tyrannique qui tient de celle des païens, ou fi quelqu'un condamne les benedictions & les autres ceremonies que l'églife y pratique; qu'il foit CANON XI. anathême. Si quelqu'un dit que les causes qui concernent le mariage n'appartiennent pas aux juges ecclefiaftiques; qu'il foit anathême.

IV.

chant le

Le même évêque officiant lut enfuite les Dec et tou- deux decrets qui fuivent, dont le premier concerne le mariage, & contient dix chapitres. Le fecond, qui traite de la réformatron, en comprend vingt-un.

mar age en dix crapi

tres.

V.

Premier chapitre. Des mariages clan

deins &

de ceux

que

Quoiqu'il ne faille pas douter les mariages clandeftins contractez du confentement libre & volontaire des parties, ne foient valides & de veritables mariages, tant que Péglife ne les a pas rendu nuls, & qu'il faille par confequent condamner, comme le des enfans faint concile condamne d'anathême, ccux de famille. qui nient que tels mariages foient vrais & valides, qui foutiennent fauffement que les mariages contractez par les enfans de famille, fans le confentement de leurs patens font nuls, & que les perès & merès les peuvent rendre bons, ou les annuller la fainte églife neanmoins les a toujours eu en horreur & toujours défendu pour de très

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