Page images
PDF
EPUB

AN. 1563.

il

il n'y a plus d'efperance de les voir ici,
eft inutile de perdre le temps, les affaires

du concile fe trouvent dans un état, où rien
n'empêche qu'on ne le finiffe quand on
voudra.

Il s'étendit enfuite fur la réformation qui étoit l'autre but du concile, il rappella ce qui avoit été reglé dans la feffion précedente, &. dit qu'en obfervant exactement fes décrets, on verroit bientôt le clergé rétabli dans fon ancienne discipline. Qu'il étoit vrai qu'on pouvoit mieux faire, mais que ceux qui compofoient le concile étoient des hommes, & non pas des anges', & qu'eu égard aux malheurs des temps, on devoit fe contenter de ce qu'ils avoient pu faire, laiffant à Dieu le foin de faire le refte. Que les peres avoient devant les yeux le peu qui reftoit, tant pour la doctrine que pour la réformation, que le tout avoit été bien examiné & digeré, qu'on n'avoit pas befoin d'en difputer davantage; que le chapitre des princes avoit été réformé, & qu'on devoit les engager à faire le bien plûtôt par le bon exemple que par des cenfures & des anathêmes. Qu'enfin l'on pouvoit tout finir dans la prochaine feffion; que fa fainteté le fouhaitoit fort, de même que P'empereur & les François, fuivant le témoignage du cardinal de Lorraine : le concile ayant été principalement affemblé pour cesderniers, dont les états étoient fi cruellement ravagez par l'herefie. Que le roi Catholique étoit entré dans ces vûes, afin de pourvoir au falut de l'Allemagne & de la France. Il eft donc temps, continua ce cardinal en adreffant la parole aux peres, que vous ailliez recueillir le fruit de vos travaux; brebis vous attendent, & ne peuvent plus

VOS

fupporter une plus longue abfence; expediez donc ce que vous avez entre les mains, finiffez le concile en mettant fin à vos veilles & à vos fatigues, perfectionnez votre ouvrage, & attirez par vos prieres la benediction du Seigneur fur une fi fainte œuvre, afin que les peuples en retirent tout l'avantage qu'ils en peuvent efperer.

AN.1563

XLVIII.

derniere

par neuviéme fous Pie IV.

pour

Labbe col-. lect, conc. tom. 14. På 894. & feq.

& p. 16590

Pallav. ibid. lib.z4

cap. 5. n. 4. Raynald. annal. hoc

Le même jour deuxième de Decembre on reçut la nouvelle que le pape étoit non-feu- Vingt-cine lement hors de danger, mais que fa fanté quiéme, & même devenoit beaucoup plus ferme qu'elle feffion du ne l'étoit avant fa maladie. Le pape lui-mê- concile, la me confirma le lendemain cette nouvelle une lettre, & fe fervit de cette occafion prier de houveau les peres de finir promptement le concile. Ses vœux furent exaucez: dès le jour même troifiéme Decembre, on tint la vingt-cinquième feffion, qui fut la derniere depuis le commencement du concile, & la neuviéme fous le pontificat de Pie IV. Les peres s'étant rendus à l'église avec les céremonies ordinaires, la meffe y fut célebrée folemnellement par Zambeccari évêque, de Sulmone; & le fermon en latin prêché par Jerôme Ragazzoni Venitien évêque de 209.& feqi Nazianze, & alors coadjuteur de Famagoufte. Il prit pour texte ces paroles du pfeaume 48. Peuples, écoutez ces chofes, habitans de la terre, prêtez tous l'oreille. Il'invita toutes les nations à être attentives à cet heureux. jour auquel le temple de Dieu fe rétabliffoit & le vaiffeau arrivoit au port après de fi longues & de fi furieufes tempêtes. Il dit que fa joie eût été beaucoup plus grande, fi les Proteftans euffent voulu participer à la conftruction de ce grand édifice; mais que ce n'étoit la faute ni du pape, ni du conci

anno n.

le; qu'on avoit choifi pour tenir le concile AN. 1563 une ville en Allemagne, qui étoit comme à leur porte, fans fe fortifier par aucune garde, afin qu'ils n'euffent rien à craindre pour leur liberté qu'ils avoient été priez, invitez, attendus; qu'on n'avoit rien épargné pour les guérir, foit du côté des dogmes de la foi catholique qu'on avoit expliquez, foit par rapport au rétablidement de la difcipline de l'églife dans les articles de la réformation.

Il recapitula enfuite tous les décrets faits par le concile en matiere de foi; il montra combien il avoit retranché d'abus dans les céremonies: que quand il n'y auroit pas eu d'autre fujet de convoquer le concile, il eût toujours fallu le faire pour arrêter le cours des mariages clandeftins; venant enfuite aux articles de la réformation, il fit voir de point en point l'utilité qui en reviendroit à l'églife, & ajouta que ce concile avoit travaillé plus exactement que tous les autres précedens à la réformation des mœurs : Que les argumens des herétiques avoient été difcutez à diverfes reprifes & fouvent avec beaucoup de difputes & de conteftations, nonpas qu'il y eût de la divifion & de la difcorde parmi les peres, n'y en pouvant avoir parmi des perfonnes d'un même avis; mais pour développer la verité, de la même mamiere qu'on eût fait, fi les herétiques euffent été prefens. Il conjura tous les peres d'en faire exécuter les décrets, dès qu'ils feroient de retour dans leurs diocéfes, & de remercier après Dieu, le pape Pie IV. qui n'avoit épargné ni peines, ni fatigues, ni dépenfes pour conduire une ceuvre fi fainte à un heureux fuccès. Il conclut par un éloge des légats & fur-tout du cardinal Moron, & felicita ton

les peres fur la gloire qu'ils alloient s'acquerir dans toute la pofterité, & fur la joie AN. 15636 qu'ils devoient procurer à leurs peuples par leur retour.

XEIX. Premier dé cret touchant le purgatoire.

Lubbe col> lect.conc.n

Juprà.

Pallavi

-Enfuite le célebrant monta dans la tribune & lut à voix haute les décrets, dont le premier concernant le purgatoire étoit conçu en ces termes: L'églife Catholique inftruire par le Saint-Efprit, ayant toujours enfeigné fuivant les faintes écritures, & la tradition ancienne des peres dans les faints conciles précedens, & depuis peu encore dans ce con- ibidem. cile general, qu'il y a un purgatoire, & que les ames qui y font détenues font foulagées par les fuffrages des fidéles, & particulierement par le facrifice de l'autel, fi digne d'être agréé de Dieu. Le faint concile ordonne aux évêques, qu'ils ayent un foin particulier , que la foi & la créance des fidéles touchant le purgatoire, foit conforme à la faine doctrine qui nous a été donnée par les faints peres & par les faints con ciles, & qu'elle foit prêchée & enfeignée de la forte en tous lieux. Qu'ils banniffent des prédications publiques qui le font devant le peuple ignorant & groffier, les queftions difficiles & trop fubtiles fur cette matiere, qui ne fervent de rien pour l'édification, & defquelles d'ordinaire il ne fe tire aucun avantage pour la pieté. Qu'ils ne permettent point non plus qu'on avance, ni qu'on agite fur ce fujet des chofes incertaines, & qui ont apparence de fauffeté: & qu'ils défendent comme un fujet de fcandale, & de mauvaife édification pour les fidéles, tout ce qui tient d'une certaine curiofité, ou maniere de fuperftition, ou qui reffent un profit fordide & mefféant: mais que

[ocr errors]
[blocks in formation]

les évêques s'appliquent à faire enforte que les fuffrages des fidèles, comme les meffes les prieres, les aumônes, & les autres œu→ vres de pieté que les fidéles qui font en cette vie ont coutume d'offrir pour les autres fidéles défunts, foient faites & accomplies avec pitié & dévotion, felon l'ufage de l'églife, & que ce qu'on leur doit par fonda

foit ac

tions teftamentaires ou autrement,
quitté avec foin & exactitude, & non par
maniere de décharge par les prêtres, ou par
ceux qui fervent à l'églife, ou autres qui y
font tenus.

[ocr errors]

Ce décret fut fuivi de celui qui regarde l'invocation des faints, leur culte, leurs reliques & les images, dont voici la teneur. Le S.concile enjoint à tous les évêques & à tous autres qui font chargez du foin & de la fonction d'enfeigner le peuple, que fuivant l'afage de l'églife Catholique & apoftolique recu dès les premiers temps de la religion chretienne, conformément auffi au fentiment unanime des faints peres, & aux décrets des faints conciles, ils inftruifent fur toutes chofes les fidéles avec foin touchant l'interceffion, & l'invocation des faints, l'honneur qu'on rend aux reliques, & l'ufage légitime des images; leur enfeignent que les faints quiregnent avec Jesus-Chrift, offrent à Dieu des prieres pour les hommes; que c'est une chofe bonne & utile de les invoquer, & fupplier humblement, d'avoir recours à leurs prieres, à leur aide & à leur affiftance pour obtenir des graces & des faveurs de Dieu par fon fils Jefus Chrift notre Seigneur, qui eft feul notre Redempteur & notre Sauveur ; & que ceux qui nient qu'on doive invoquer les faints qui jouiffent dans le ciel d'une fe

« PreviousContinue »