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virent leur péché découvert, ils voulurent s'excufer, l'homme fur la femme, & la femme fur le ferpent. Alors Dieu maudit le ferpent, c'est-à-dire, le démon qui s'en eft fervi pour tromper la femme,& déclara qu'il mettroit une inimitié eternelle entre eux, & que de la femme vien if celui qui écraferoit la tête du ferpent, c'està-dire, le Sauveur du monde, qui devoit venir un jour détruire la puiance du démon, & naître d'une fenne fans coopération de l'homme; car Dieu le promit dès lors, pour confoler Adam dans fa mifere. Cependant il condamna la femme à accoucher avec douleur, & à être fujette à fon mari, & il condamna l'homme à labourer la terre, à manger fon pain à la fueur de fon vifage, & à travailler toute la vie, jufqu'à ce qu'il retournât à la terre d'où il étoit tiré. Enfuite il les challa du Paradis, & mit un Chérubin armé d'un glaive de feu, pour en garder l'entrée. Adam, par fon péché, fut dépouillé de la fainteté & de la juftice originelle en laquelle il avoit été créé; il devint fujet à la colere de Dieu, & captif du démon, à qui il s'étoit foumis. Il perdit tous les avantages du. corps & de l'ame, qu'il avoit auparavant: il fut expofé aux incommodités des faifons, aux bêtes cruelles ou venimeufes, à la faim, à la pauvreté, aux maladies & à la mort. Il tomba dans l'ignorance; il demeura plein de concupifcence, c'estH

à-dire, de l'amour de lui-même, qui le détourna de Dieu, & le livra au défir des plaifirs fenfibles & à toutes les autres paffions, comme la colere, l'envie, la trifteffe & la crainte; & le rendit capable de faire toute forte de mal, & incapable de faire aucun bien, & deftiné après la mort à une autre mort éternelle, c'est-àdire, aux tourmens de l'Enfer.

LEÇON III.

De la Corruption du genre humain & du
Déluge.

ADAM n'eut des enfans qu'après son péché, & fa femme ayant péché comme lui, leurs enfans naquirent dans la corruption, fujets aux mêmes miferes, & chargés du péché qu'ils tiroient de leur origine. Il a paffé à leurs defcendans, & tous les hommes naiffent tachés de ce péché, que nous appelons originel, & qui les rend ennemis de Dieu, incapables de faire aucun bien, & dignes de Gen. tv. l'Enfer. Les premiers enfans d'Adam &

d'Eve furent Caïn & Abel. Caïn tua fon frere par envie. Dieu lui reprocha fon crime, difant que le fang de fon frere crioit vengeance contre lui; & il fe jugea lui-même digne de mort: mais Dieu défendit de le tuer, pour ne pas multi

plier les meurtres. Les defcendans de Caïn furent méchans; mais Adam eut un Gen, v fils nommé Seth, dont les enfans conferverent la piété & la connoiffance de Dieu. Cette race s'étant mêlée avec l'autre par des alliances criminelles, fe corrompit comme elle: tous les hommes s'écarterent du chemin de la raifon; & leur malice fut fi grande, que Dieu réfolut de les faire tous périr. comme s'il fe fût repenti de les avoir créés. Il n'y eut que Noé, defcendu de Seth, qui trouva grace devant Dieu. Dieu l'avertit du deffein qu'il avoit de purger toute la terre par un déluge univerfel, & lui commanda de bâtir une arche, c'est-à-dire un vaisseau carré & couvert, de la forme d'un grand coffre, capable de contenir une couple de chaque efpece de bêtes & d'oiseaux, & de quoi les nourrir durant une année. Pendant que Noé bâtiffoit l'arche, il ex- 1. Peti hortoit les hommes à faire pénitence & 11. les menaçoit du déluge, ce qui dura plus de cent ans; mais ils ne voulurent point le croire. Le temps étant venu, Dieu fit Genef entrer Noé dans l'arche avec fa femme, fes VIII. trois fils & leurs femmes, & toutes fortes d'animaux terreftres & d'oifeaux, puis il ouvrit les réservoirs du Ciel, & fit tomber une pluie épouvantable pendant quarante jours & quarante nuits; il fit auffi déborder les abymes de la mer, en forte que la terre fut inondée, & que l'eau furpaffa de vingt pieds les plus hautes montagnes.

Tous les hommes & tous les animaux furent noyés, il n'y eut que Noé & fa 1. Pet. famille de fauvés, c'est-à-dire, huit perII. 12. fonnes feulement. L'arche étoit une figure de l'Eglife, où fe fauve un petit nombre d'Elus, tandis que tous les autres hommes périffent dans leurs péchés.

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De la Loi de nature.

Not fortit de l'arche

par l'ordre Genef. de Dieu, un an après qu'il y fut entré; & en fortant il lui offrit un facrifice, pour le remercier de l'avoir fauvé avec tant de bonté. Dieu eut agréable le facrifice de Noé; il lui promit qu'il n'enverroit plus de déluge fur la terre, & que les faifons reprendroient leur cours ordinaire. Il lui donna fa bénédiction & à fes enfans, pour les faire Genef. multiplier & leur foumettre tous les aniIx. 6. maux. Même il leur permit d'en tuer Gen. x. pour les manger; mais il défendit ex

preflément de tuer les hommes : Quiconque, dit-il, répandra le fang humain, fon fang fera répandu; car l'homme est fait à l'image de Dieu. Les trois fils de Noé étoient Sem, Cham & Japhet, qui repeuplerent le monde. Ainfi tous les hommes font freres, & obligés de

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s'aimer. Mais la nature devint beaucoup plus foible depuis le déluge. Au lieu que les hommes vivoient près de mille ans, leur âge se réduifoit peu à peu à cent ou deux cents ans, & ils devinrent encore plus méchans que devant. Il fallut partager les biens & les terres, parce qu'ils ne pouvoient s'accorder à en jouir enfemble; de là vinrent les pillages, les guerres, les fervitudes. Chacun ne cherchoit qu'à fe donner du plaifir, boire, manger & fatisfaire fes défirs, fans regle & fans mefure ;, & pour les contenter plus librement, mé prifer l'autorité des peres & des anciens; & même s'affujettir fes freres & fes égaux, ou par force, ou par artifice. Au lieu d'honorer le vrai Dieu, ils adoroient des créatures, foit les hommes les plus puiffans, foit les aftres, ou : 'd'autres chofes vifibles. Ainfi commença l'Idolatrie. En tout cela ils faifoient contre leur confcience, & contre la lumiere de la raifon qui dit à tous les hommes qu'ils ne doivent rien adorer qui leur foit égal ou moindre qu'eux, mais feulement leur Créateur: qu'ils doivent honorer leurs peres & leurs meres; qu'ils doivent garder l'inftitution du mariage; ne fe point nuire les uns aux autres, ni en leur perfonne,. ni en leurs biens, ni en leur réputation; dire toujours la vérité, & modérer leurs défirs. La raifon dicte tout cela aux hommes

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