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Sauveur des hommes feroit de fa race; qu'il feroit Roi; qu'il régneroit, nonfeulement fur la maifon d'Ifrael, mais encore fur toutes les nations de la terre, & que fon regne n'auroit point de fin. Qu'il feroit Pontife, non felon l'ordre Pfal. d'Aaron, mais felon l'ordre de Mel- cix. chifedech, plus ancien que la Loi écrite; qu'il feroit fils de Dieu, & Dieu lui-même. Tout cela fut révélé à David. Mais il lui fut auffi révélé que le Sauveur, avant que d'arriver à fa gloire, fouffriroit de grandes afflictions, dont celles de David n'étoient qu'une légere peinture. Depuis ce temps, les Ifraélites nommerent le Sauveur qu'ils attendoient, Meffie ou Chrift, c'est-à-dire, Oint ou facré avec de l'huile fainte, dont on avoit coutume de facrer les Rois & les Sacrificateurs. Ils l'appeloient auffi fils de David.

LEÇON XVII.

De Salomon & de fa Sageffe. ENTRE les enfans de David, Salomon Paraf,

fut choisi de Dieu, pour régner après xxvII. lui, & pour être l'image du Meffie dans 15. fa gloire, car il régna toujours en paix. Ce fut lui qui bâtit le Temple, dont fon pere lui avoit laiffé le deffein & tous les préparatifs. C'étoit un fuperbe bâti

1. Regi

V 1. &c.

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ment, tout revêtu d'or en dedans, & divifé en deux parties, dont la plus fécrete étoit le Sanctuaire où reposoit l'Arche d'Alliance fous les Chérubins. Le Souverain Pontife étoit le feul à qui l'entrée en fût permife, encore n'y entroit-il qu'une feule fois l'année, y portant le fang des victimes. Auffi ce Sanctuaire étoit la figure du Ciel, qui étoit fermé pour les hommes jufqu'à ce que le Chrift Heb. y entrât couvert de fon fang. Devant le *x. 11. Temple étoit l'Autel pour les holocauftes & les autres facrifices, dans une grande cour environnée de galeries, avec plufieurs falles & divers appartemens pour toutes les fonctions des Sacrificateurs & des Lévites. Il n'y avoit que ce feul Temple dans toute la terre d'Ifraël; & il n'étoit permis de facrifier que tur ce feul Autel, pour rendre plus fenfible l'unité de Dieu & de fon Eglife. Salomon vécut dans l'état le plus heureux que l'on puiffe imaginer fur la terre. Il commandoit à plufieurs nations étrangeres, outre le peuple de Dieu : il avoit des richeffes immenfes, une prodigieufe quantité d'or & d'argent, & jouifloit de tous les plaifirs .Reg. de la vie. Mais ce qui étoit bien plus 11. IV. excellent que tous les tréfors & que tous les plaifirs fenfibles, c'est la sageffe, que Dieu lui avoit donnée, & qui le mettoit au-deffus de tous les hommes. Nous la voyons encore dans fes écrits, où il enfeigne la fageffe, véritable, qui est de

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bien régler nos mœurs. On y voit la defcription de la Sageffe de Dieu, fource de celle des créatures. Elle dit qu'elle Prov: étoit en Dieu au commencement, avant VIII. qu'il formât ni la terre, ni la mer, ni les 22. &c cieux, ni les abymes: Qu'elle affiftoit à la production de tous fes ouvrages, & faifoit tout avec lui en fe jouant. Elle ajoute que fes délices font d'être avec les hom mes, & les invite tous à s'approcher d'elle, à s'enrichir de fes tréfors, à se raflafier à fon feftin, c'eft-à-dire, fe remplir de fa doctrine où le trouve la vie & le falut. C'eft ainfi que la Sagefle parle dans les Proverbes our Sentences morales de Salomon. Il a composé un cantique, où il repréfente l'affection de Dieu envers fon Eglife, fous l'image de l'amour le plus fort qui foit entre les hommes, qui eft celui d'un époux & d'une épouse. Mais il profita fi mal des dons de Dieu, qu'il s'égara dans fa vieilleffe, pour s'être trop abandonné aux plaifirs, particuliérement des femmes. III.Reg. Il en aima un nombre exceffif, même x1. d'étrangeres, qui l'engagerent dans l'idolâtrie, tant fa foibleffe fut grande: Dieu le permit ainsi, pour nous montrer par la chute d'un homme fi fage, le danger qu'il y a dans le plaifir & dans la prospérité temporelle, & pour nous convaincre de ce que Salomon a dit lui-même, que tour n'eft que mifere & Each 2 vanité fous le foleil.

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M.Reg. XIII,

26.

LEÇON XVIII.

Du Schifme des dix Tribus

Samarie.

ou de

POUR OUR punition des péchés de Salomon, fon Royaume fut divifé après la mort. Ibid. Il n'y eut que la Tribu de Juda & celle de Benjamin, qui obéirent à fon fils Roboam; les dix autres reconnurent pour leur Roi, Jéroboam, de la Tribu d'Ephraïm. Ce rebelle craignit que les If raëlites ne retournaffent à l'obéiffance de leur Roi légitime, s'ils continuoient d'aller faire leurs prieres & leurs facrifices à Jérufalem. Pour les détourner, il changea de Religion; & comme ils aimoient les idoles, il mit deux veaux d'or en deux endroits de fon Royaume; il éleva plufieurs Autels, fit des Sacrificateurs qui n'étoient point de la Tribu de Lévi, inftitua une fête de fon inven tion; gardant toutefois au refte la Loi de Dieu. Tous les Rois qui fuccéderent à Jéroboam, entretinrent cette fausse Religion; & ce fchifme dura toujours depuis.. On appelle fchifme, la divifion des Eglifes, quand une partie du peuple de Dieu fe fépare de l'Eglife univer1.Paral. felle, qui feule eft la véritable. Or, le fiége de la vraie Eglife étoit à Jérusalem;

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parce que l'on y adoroit Dieu dans le

Temple que David & Salomon avoient bâti par fon ordre , parce que l'on y obfervoit la Loi qu'il avoit donnée par Moyle, & que le fervice s'y faifoit par les Lévites & les Prêtres, enfans d'Aaron, qu'il avoit choifis. Cette Eglife avoit fubfifté depuis le commencement du monde. Car Moyfe avoit recueilli la tradition de la croyance d'Abraham; Abraham, celle de Noé; Noé, celle d'Enoch & des autres Saints plus anciens que le déluge jufques à Adam. L'Eglife qui fervoit Dieu fous la Loi de Moyfe, eft fouvent nommée Synagogue, d'un nom qui fignifie auffi affemblée. Le Royaume des dix Tribus fut nommé Ifraël, ou d'Ephraïm, ou de Samarie, à caufe de la ville qui en fut la capitale ; & le Royaume qui demeura à la race de David, fat nommé le Royaume de Juda; mais il contenoit deux autres Tribus, Benjamin. & Lévi. Car les Sacrificateurs & les Lévites étant privés de leurs fonctions par Jeroboam, quitterent fon Royaume, & fe réunirent tous à Juda; & dans les autres Tribus, plufieurs demeurerent fidelles à Dieu & continuerent à le venir adorer à Jérufalem. Le Royaume de Juda ne fut pas toutefois exempt de vices & d'impuretés; plufieurs Rois defcendus de David ne fuivirent point les exemples: plufieurs furent idolâtres, vicieux, injuftes, cruels: même entre les Juifs qui pratiquoient extérieurement la Loi de

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