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leur incapacité. On a cru qu'ils pouvoient ignorer les noms des Patriarches & des Prophetes, l'alliance avec Abraham, la fervitude d'Egypte & de Babylone, pourvu qu'ils fuffent qu'en Dieu il y a trois Perfonnes, que la feconde s'eft fait homme, qu'il y a fept Sacremens, & le refte. Cependant on n'a pu éviter de mêler beaucoup de faits à la doctrine. On ne peut expliquer le premier article de ce Symbole,fans parler de la création; ni le Baptême, fans parler du péché de notre premier pere; ni le commencement du Décalogue, fans parler de Moyfe, de l'occafion & de la maniere dont la Loi lui fut donnée. On ne peut s'exempter de raconter affez en détail la Naiflance de Jesus-Christ fes principaux Miracles, fa-Paffion, fa Réfurrection, fon Afcenfion, quand ce ne feroit que pour rendre raifon des fêtes par lefquelles on honore ces mysteres; ce qui eft une des inftructions dont le peuple a le plus befoin. Or, ces faits feroient bien plus intelligibles & plus agréables, s'ils étoient racontés de fuite, dans leur ordre naturel & avec une étendue raifonnable, qu'ils ne le font quand on ne les dit que par occafion, fuivant l'ordre des parties du Catéchifme; quand on ne les dit qu'en paffant, & comme à regret, craignant d'y perdre du temps.

C'eft ce qui mérite d'être fort considéré; car je crains que les Catéchifmes les plus courts ne contiennent plufieurs chofes

B

moins néceffaires que ces narrations. Il n'y en a guere qui ne difent rien au-delà de ce qui eft précisément de la foi, & ce furplus eft tiré pour l'ordinaire, ou des opinions de l'école, ou des méditations des Spirituels. Il n'y a en point qui ne foient remplis de termes de fcolaftique qui deinandent une grande explication pour pouvoir être entendus du peuple: Vertus infufes, vertus Théologales, Cardinales, Culte de latrie, de dulie, d'hyperdulie. Mais quand on pourroit, fans connoiffance des faits, favoir les vérités les plus abfolument néceffaires au falut, ne fautil pas fonger à rendre les Chrétiens capables de profiter des Livres de piété, des Sermons, de l'Ecriture même, s'ils peuvent y arriver? Ne faut-il pas qu'ils entendent, autant qu'il eft poffible, ce qui fe lit publiquement, & ce qui fe chante à la Meffe & aux autres Offices, & ce qui eft fignifié par les faintes cérémonies de l'Eglife? Or, que peuvent y entendre ceux qui n'ont jamais ouï parler ni de Patriarches, ni de Prophetes, ni d'Abraham, ni d'Ifraël, ni de Moyfe, ni de David, ni de Jérufalem, ni du Temple, ni des Sacrifices anciens, ou qui en ont ouï parler fi confufément, qu'ils n'en ont aucune idée claire?

Voilà les motifs qui m'ont fait entreprendre ce Catéchifme, dont le but eft de foutenir par la connoiffance des faits L'explication du Symbole & des autres

parties de la Doctrine Chrétienne. L'expérience a déjà fait voir que cette méthode n'eft pas inutile; & ce qui m'en a fait bien efpérer d'abord, eft qu'elle approche de celle que Dieu même nous a enfeignée dans la fuite de fes faintes Ecritures. Les premiers Livres & les plus anciens, ne font la plupart que des hiftoires : les Préceptes de morale viennent après; puis les Livres des Prophetes, mêlés d'exhortations & de prédictions: par-tout l'ordre des temps eft fuivi. Il en eft de même dans le nouveau Teftament. D'abord eft l'histoire, dans les Evangiles & les Actes des Apôtres; puis les inftructions & les exhortations, dans leurs Epîtres; & enfin les prédictions, dans l'Apocalypse : en forte que l'ordre des Ecritures renferme toute la fuite des deffeins de Dieu. Le premier Livre commence par la création du monde, & le dernier finit par l'efpérance du dernier avénement de Jefus Christ.

Si tous les Chrétiens étoient encore capables, comme dans les premiers temps, de lire l'Ecriture & de l'entendre, il ne leur faudroit point d'autre inftruction, puifque ce feroit Dieu même qui les inftruiroit, parlant par fes Prophetes. Mais il n'eft que trop évident que toutes fortes de gens ne font pas en état de lire utilement l'Ecriture. La plupart font arrêtés à toutes les pages, par les manieres de parler & par les locutions hébraïques,

que l'on ne peut éviter dans les meilleures traductions, ou par les mœurs des anciens Orientaux, fi différentes des nôtres. Quoique chacun des Livres foit court, tous enfemble font un affez gros volume; & le commun des Chrétiens ont peu de loifir pour lire, peu d'application, ou peu de mémoire. De plus, quoique toute l'Ecriture foit très- utile pour notre falut, toutes fes parties ne font pas néceffaires à tous. Les Livres purement hiftoriques font plus néceffaires que Job, le Cantique & les Prophetes; le nouveau Teftament plus que l'ancien, quoique l'on ne puiffe bien entendre l'un fans l'autre. Dans la Genese & dans les autres Livres d'hiftoires, il y a bien des faits qui ne nous importent pas autant qu'à ceux pour qui ils ont été premiérement écrits, comme les origines des nations & les généalogies. Dans la Loi, nous avons bien plus befoin des préceptes de morale, que des cérémonies qui font abolies. Or, il eft impoffible de démêler d'abord tout cela, fi l'on n'eft averti par quelqu'un qui ait bien lu l'Ecriture.

L'obfcurité de l'Ecriture eft encore un obftacle confidérable. Car, fans parler de ce qui a été écrit obfcurément tout exprès, pour exercer notre foi & notre foumiffion, & pour exciter notre attention; ce qui étoit écrit le plus clairement est devenu obfcur en plufieurs endroits, par des caufes fort naturelles; par l'imper

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fection des traductions, qui ne peuvent jamais atteindre à la force des expreffions originales; par la différence des mœurs; par la longueur du temps, qui a fait perdre la tradition de mille circonstances des lieux & des perfonnes. On ne peut lever ces difficultés que par une longue étude & une grande application, qui doit être le partage des Prêtres & des Pasteurs. C'eft à eux d'étudier continuellement la Loi de Dieu, pour l'expliquer en public & en particulier, au peuple, qui a droit de la chercher dans leur bouche. Mais avant que d'en venir au détail de chaque Livre & de chaque paffage,il eft néceffaire de leur montrer en abrégé le fommaire de la doctrine que contiennent ces Livres divins, pour les conduire à la lecture qu'ils en pourront faire enfuite, leur marquant ce qu'ils y doivent principalement chercher, ce qu'ils doivent lire d'abord, & où il faut le plus s'arrêter. Or j'efpere que ce Catéchisme pourra fervir à cette forte d'inftruction.

Après avoir rendu compte du deffein que je me fuis propofé, je crois devoir expliquer la méthode dont je voudrois me fervir pour le réduire en pratique. Je ne prétends pas que ce Catéchifme doive être regardé comme un livre fait fimplement pour être lu, ou même pour être appris par cœur, ce doit être plutôt un modele d'inftruction, que le Prêtre, ou tout autre qui enseigne, puiffe fuivre felon fon

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