Page images
PDF
EPUB

.

Freres de Jefus-Chrift fon Fils, nous qui ne fommes en effet que fes efclaves & fes ouvrages. Car adopter, c'eft prendre pour fils celui qui ne l'eft pas naturellement. Ce nom de Pere marque en- I. Joan core la confiance que nous devons avoir I, I en le priant, telle que l'ont des enfans en priant un bon pere. Nous disons qu'il eft aux Cieux, non qu'il ne foit présent par-tout, puifqu'il fait tout, & foutient tout, mais parce que ce font les Cieux Pfal. principalement qui nous déclarent fa xvi. gloire. De plus, c'est pour nous avertir de ne penfer qu'au Ciel, où regne notre Pere, & de ne lui demander que ce qui fert à nous y conduire. Nous demandons d'abord que fon nom foit fanctifié, que toutes les créatures lui rendent la gloire qui lui eft due, que non-feulement les Chrétiens, mais tous les hommes l'honorent, l'aiment & le fervent comme il mérite. Or, le nom de Dieu n'est pas feulement déshonoré par les blafphêmes & les difcours impies, mais par tous les péchés des Chrétiens, qui donnent occafion aux Hérétiques & aux Infidelles de méprifer la vraie Religion. Nous demandons enfuite que le Royaume de Dieu arrive. Ce Royaume et l'état qui fuivra la Réfurrection générale & le Jugement; & nous ne le demandons pas fincérement, fi nous avons encore quelque attachement à cette vie, & à l'état préfent du monde. La grace nous eft, nécef

faire pour arriver à ce Royaume, & Jefus-Chrift doit régner en nous dès à préfent par fa grace, pour détruire la Rom. concupifcence, & faire que le péché ne VI. 12. regne pas dans notre corps mortel; car fon Royaume ne confifte point en une puiffance fenfible & extérieure, comme celle des Rois de la terre, mais en un empire fur les cœurs & fur les volontés des Fidelles qu'il gouverne par fa grace. Cette feconde demande renferme donc la grace & la gloire que nous demandons non-feulement pour nous, mais pour tous les hommes, afin d'étendre dès à préfent le Royaume de Dieu, autant qu'il nous eft poffible.

LEÇON XV..

Des deux Demandes fuivantes. EN demandant à Dieu que fa volonté

foit faite, nous déclarons que nous ne voulons pas accomplir la nôtre, fi elle elt contraire à la fienne; nous défavouons & rejetons cette volonté, qui ne peut être que mauvaise, puifque le mal n'eft autre chofe que ce qui eft contraire à la Rom. volonté de Dieu. Le principe de cette vii. 25. mauvaise volonté eft la concupifcence, qui nous fait faire, non pas le bien que nous voulons, par la droite raison, mais le mal que la droite raifon nous fait haïr.

&c.

Par cette priere nous demandons la grace néceffaire pour vaincre la concupifcence, afin que toutes nos volontés foient conformes à celle de Dieu. Nous ajoutons la comparaifon du Ciel, pour protefter que nous voulons être autant foumis à Dieu que le font les bienheureux. Le pain quotidien que nous demandons enfuite, fignifie en effet la nourriture & les autres chofes néceflaires pour l'entretien de notre corps. Dieu veut que tous lui demandent leur pain, les riches comme les pauvres, afin que tous reconnoiffent qu'ils le tiennent de lui; que c'est lui qui l'a donné aux riches, en les faifant naître de parens riches, ou leur fournissant des occafions d'acquérir; que c'est lui qui entretient les pauvres, leur donnant la force & l'induftrie pour travailler, ou donnant aux riches de la charité pour les affifter. Le mot de pain comprend toute la nourriture; mais il nous marque que nous devons nous paffer de peu, & être contens d'avoir de quoi nous nourrir & nous couvrir, puifque nous n'avons rien apporté en ce monde, & que nous fommes bien aflurés de n'en rien emporter. Il nous eft dit de le demander pour aujourd'hui, afin de nous apprendre à nous confier à la Providence, de n'avoir point d'inquiétude du lendemain, & afin de nous marquer que nous devons faire cette priere tous les jours. Le pain quotidien s'explique

. Tim; VI. 7.

Matth. VI. 34.

I. 8.

auffi du pain qui furpafle toute fubftance, En effet, fous le nom de ce pain, nous demandons la nourriture fpirituelle pour nos ames, c'eft-à-dire, la grace qui nous eft néceffaire à chaque moment, la parole de Dieu & le corps de Jefus-Christ, qui eft le pain de vie.

LEÇON XV I.

Des trois dernieres Demandes.

com

PAR la cinquieme demande nous nous reconnoiffons véritablement pécheurs. En effet, fi nous difons que nous n'avons 1.Joan. point de péché, nous nous trompons nous-mêmes, & la vérité n'eft point en nous. Il n'y a perfonne qui ne mette au moins des fautes légeres & journalieres, dont cette priere eft le principal remede. Nous reconnoiffons que nous n'efpérons obtenir le pardon qu'autant que nous pardonnerons aux autres, parce qu'il ne feroit pas jufte que nous nous fiffions payer à la rigueur de ce que nous prétendons qui nous eft Matth. du par nos freres, tandis que Dieu nous XVI. remet libéralement les dettes immenfes

dont nous fommes chargés envers lui. Et comme nous avons befoin qu'il nous pardonne, auffi devons-nous toujours être prêts à pardonner. Par la fixieme demande nous prions Dieu de ne nous

pas

[ocr errors]

Joans

Joan. III. 19.

7. 16.

Galat.

V. 16.

pas laiffer fuccomber aux tentations du diable, du monde & de la chair. Le monde, font les hommes corrompus au milieu defquels nous vivons, & qui s'efforcent continuellement de nous corrompre par leurs mauvaises maximes. C'est ce monde qui n'a point voulu connoître la lumiere, c'eft à dire, Jefus- 1. 2. Christ. C'est ce monde pour lequel JefusChrist n'a point prié, & dont il a dé- Joan. claré que fes Difciples n'étoient point, XVII. non plus que lui. On le nomme auth le fiecle; & fes Sectateurs, mondains ou féculiers. La chair eft notre concupifcence, Rom. cette loi, que nous fentons en nos mem- vii. 10. bres, qui combat contre la loi de notreraifon & contre l'efprit. Les œuvres de la chair font l'impudicité, l'idolâtrie, les haines, les homicides, les excès de bouche, & tous les autres péchés qui excluent du Royaume de Dieu. Par la feptieme demande, nous prions Dieu de nous délivrer du mauvais, c'est - à - dire, du démon; ou du mal, c'est-à-dire, de tous les maux de l'efprit ou du corps, mais principalement de tout ce qui peut nuire à notre falut. C'eft principalement dans les occafions de tentation que nous devons dire l'Oraifon Dominicale, avec une grande foi: & comme c'est la plus excellente de toutes les prieres, l'Eglife nous la met à la bouche à toute heure, nous la faisant répéter plufieurs fois à toutes les parties de fon Office. En effet, O

« PreviousContinue »