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la voix, n'eft gueie utile, fi elle n'eft accompagnée des penfées & de l'affection du cœur. Au contraire, on peut fort bien prier fans parler, lorfque l'on eft attentif à penser à Dieu, à s'humilier devant lui, lui demander pardon, former de bonnes réfolutions, demander le fecours de fa grace, & pour foi & pour les autres. C'eft ce que l'on appelle Oraifon mentale, c'eft à dire, priere de l'efprit. C'est encore une espece de priere que les bonnes œuvres & les fouffrances, puifque ce font des preuves de l'amour de Dieu, qui eft l'effentiel de la priere. Et c'est ainfi qu'il Luc. eft poffible de prier fans cefle, comme xxvIII. il nous eft recommandé dans l'Ecriture; I. Theff. puifqu'il eft poflible, & même facile, v. 27. quand on aime Dieu, de fe tenir continuellement en fa préfence, non par une contention pénible d'efprit, mais par une fainte difpofition de volonté. Or la priere eft l'état le plus heureux de cette vie, puifque tant qu'il dure, nous fommes unis à Dieu autant que nous en fommes capables.

LEÇON X X.

De l'Amour de Dieu & du prochain.

TOUTE

1.

OUTE la Loi de Dieu le rapporte à Matth. ces deux Commandemens. Tu aimeras XXII. le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,

37.

IV. 30.

de toute ton ame, de tout ton efprit: c'eft là le plus grand & le premier Commandement. Le fecond lui eft femblable.

Tu aimeras ton prochain comme toi1. Joan.. meme. I eft bien jufte d'aimer Dieu, 1. Sap. puifqu'il nous a tant aimés le premier. X1.27. Il aime tout ce qui eft, & ne hait aucun de fes ouvrages, puifque rien ne subsiste

Deut. que par fon amour. Lui, à qui le Ciel & x. 15. la terre appartiennent, a bien daigné s'abailler jufqu'à nous & faire alliance

avec nos peres, les délivrer, & les protéger par de grands miracles, & les Pf. civ. inftruire par fa parole: enfin, il nous a Rom. recherchés lorfque nous étions fes enVI. 6. nemis; & quoique tous les hommes Ibid. 111. fuffent dans le péché, les Juifs auffi-bien

CV.

que les Gentils, & qu'il n'y en eût pas un qui fit le bien, pas même un feul Joan. Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné 11. 16. fon Fils unique, afin que quiconque Pf. XIII. croit en lui, ne périffe pas, mais qu'il Ephef. ait la vie éternelle. Il nous a comblés de

1. 1.

II. 4.

bénédictions fpirituelles; il nous a choisis avant la création du monde, & nous a prédestinés pour être fes enfans d'adopEphef. tion. Nous étions morts par nos péchés, lorfque par fon exceffive charité il nous a donné la vie, nous a reffufcités avec Jefus-Chrift, & nous a fait affeoir avec lui dans le Ciel. Nos peres étant Gentils, étoient éloignés de Dieu, & étrangers de fes promeffes; Jefus Chrift les a rapprochés, réconciliés à Dieu par fa

I.

> doct.

croix, & incorporés à fon Eglife. Il nous II. Petr. y inftruit continuellement par fa parole, 1. 4. & nous donne tous les jours fon propre corps pour notre nourriture, en attendant l'héritage incorruptible qui nous eft réfervé dans le Ciel. Nous ferions bien ingrats de ne pas aimer un Dieu fi bon. Mais fi nous l'aimons, nous de- I. Joan, vons aimer auffi tous fes ouvrages, & iv. particulièrement les hommes nos freres, Auguft. fes images comme nous. Celui qui n'aime chrift.. point fon frere qu'il voit, comment c.2. &c aimera-t-il Dieu qu'il ne voit point? Nous devons aimer notre prochain comme nous-mêmes. Or nous ne devons nous aimer nous-mêmes que pour Dieu, nous conformant à l'amour qu'il a pour nous, & ne défirant autre bien que celui qu'il nous veut faire, parce qu'il n'y en a point d'autre qui foit notre vrai bien. C'eft ainfi que nous devons aimer notre prochain, ne lui fouhaiter & ne lui procurer que le vrai bien, c'eft-à-dire, qui peut lui fervir pour connoître Dieu & Ibid. 27 pour l'aimer de tout fon cœur. L'ordre de la charité eft donc d'aimer Dieu fur toutes chofes; enfuite aimer en nous & en notre prochain l'ame qui eft faite à fon image, & enfin le corps qui eft deftiné à fervir Dieu. La marque de Joam, Pamour de Dieu, c'eft de favoir fes XIV 2. Commandemens, & de les obferver.

Auguft

LEÇON XXI.
Du Décalogue.

Exod. LES dix Commandemens que Dieu

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4.

donna aux Ifraélites fur le mont Sinaï, lorfqu'ils fortirent d'Egypte, contiennent en fubftance ce qui fuit: 1. Je fuis le Seigneur ton Dieu; tu n'auras point d'autres Dieux devant moi. Tu ne te feras ni idole, ni aucune figure pour l'adorer. 2. Tu ne prendras point le nom du Seigneur ton Dieu en vain. 3. Souviens-toi de fanctifier le jour du repos. Honore ton pere & ta mere, afin que tu vives long-temps. 5. Tu ne tueras point. 6. Tu ne commettras point d'adultere. 7. Tu ne déroberas point. 8. Tu ne diras point de faux témoignage contre ton prochain. 9. Tu ne défireras point la femme de ton prochain. 10. Tu ne défireras point les biens de ton prochain. Pour les retenir plus aifément, on les a mis en rime, comme il fuit: Un feul Dieu tu adoreras, &c. On les appelle autrement le Décalogue, c'est-à-dire, les dix paroles : car ce font les paroles que Dieu prononça devant tout le peuple, & qu'il donna à Moyfe, écrites fur deux tables de pierre. On croit que la premiere table contenoit les trois premiers Commandemens qui regardent

Dieu; & la feconde, les fept autres qui regardent le prochain. Il étoit jufte de commencer par nous inftruire de ce que nous devons à Dieu, qui eft premiérement l'adoration, fur-tout le culte intérieur, en efprit & en vérité. Secondement le refpect pour fon Nom. En troifieme lieu, l'obfervation des jours qu'il s'eft réfervés pour l'exercice de la religion. Quant au prochain, le premier devoir eft à l'égard des peres & meres; puifque perfonne ne nous eft plus proche. Il faut que la vie des hommes foit en fureté. Il faut affurer les mariages & la naillance des enfans, les biens & la réputation. Enfin, il faut régler les désirs, qui font la fource de tous les crimes. Voilà l'ordre des Commandemens. Quoique quelques-uns foient affirmatifs, conçus en forme de préceptes, les autres négatifs en forme de défenfes, chacun néanmoins ordonne & défend quelque chose.

LEÇON XXII.

Du premier Commandement. Le premier Commandement ordonne

E

de reconnoître un feul Dieu, l'adorer & le fervir fuivant la Religion qu'il a établie. Il faut donc, pour s'en acquitter, penfer fouvent à Dieu, faire des actes

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