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fréquens de foi, d'efpérance & de cha rité, le prier & lui rendre honneur par nos difcours, & par toutes les marques extérieures de Religion. Les péchés contre ce Commandement, font premiérement l'infidélité, c'eft-à-dire, l'exercice d'une fauffe Religion,comme: l'Idolâtrie, qui confifte à adorer Dieu fous une forme corporelle, croyant qu'il eft tel en effet, ou à adorer la créature pour Dieu : le Judaïfme, qui fait adorer Dieu avec les mêmes cérémonies que fi le Chrift n'étoit pas encore venu: l'Héréfie, qui, sous le nom de Chriftianifme, s'attache à quelque erreur condamnée par l'Eglife la fuperftition, qui fait pratiquer, sous prétexte de Religion, ce qui n'en eft point: la magie, le fortilége, la divination, par quelque moyen que ce foit: l'impiété, qui combat la Religion, fans prétendre en établir d'autre: enfin, l'irréligion, c'eft-à-dire, l'indifférence des libertins qui vivent comme s'il n'y avoit ni Dieu, ni Religion. Tous ces péchés attaquent la foi. Contre l'efpérance, on peche par le défefpoir ou la défiancedu fecours de Dieu, par la trop grande confiance en nous, & la présomption de nos forces. Or, quoique la charité, par laquelle nous accompliffons les Commandemens de Dieu, fuppofe la foi & l'efpérance, toutefois elle les fortifie; & on ne peut aimer Dieu, que l'on ne le plaife à exercer ces vertus, & à mé-..

diter les vérités qui en font les objets. On peche contre la charité en particulier, par l'attachement aux créatures, qui nous porte à la haine & au mépris de Dieu, même fans nous en appercevoir; & comme ces péchés font la fource de tous les autres, on peut dire qu'il n'y a point de péché qui ne viole en quelque façon ce premier Commandement. L'honneur que nous rendons aux Saints ou à leurs images, n'a rien qui y foit contraire, non plus que celui que nous rendons au Roi, à fes Officiers & aux marques vifibles de leurs dignités. Nous ne rendons tous ces honneurs aux créatures que par rapport à Dieu & pour l'honorer en elles. Nous honorons donc les Saints, comme les amis de Dieu, plus. dignes d'honneur, fans comparaifon, que tous les Grands de la terre; nous implorons leur fecours, & nous nous recommandons à leurs prieres, comme à celles des hommes vivans, dont nous estimons la piété. Nous rendons graces à Dieu de _Con leurs victoires qu'il a couronnées; & Trid. nous reconnoiffons que tous leurs mérites & 25. font fondés fur le mérite infini de JesusChrift. Quant à leurs images, elles ne fervent qu'à nous faire fouvenir d'eux: les génuflexions, les révérences & les autres actions extérieures ne font que des fignes des fentimens que nous avons pour les originaux; & l'efprit dans lequel nous les faifons, eft fuffifamment exprimé

Seff. 21

par les termes dont nous ufons en nos prieres. Les images qui repréfentent les Perfonnes divines, font tirées de l'Ecriture-Sainte: Dieu s'accommodant à notre Dan. foiblefle, a quelquefois apparu à fes ProVII. 9 phetes fous la forme d'un vénérable vieilIv. 2. lard, pour fignifier en quelque maniere fon éternité; & pour nous faire entendre Luc. que fon Saint-Efprit eft l'efprit de douII. 22. ceur & de paix, il l'a fait paroître fous la forme d'une colombe.

Num.

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Du fecond Commandement.

LE fecond Commandement nous oblige

XXX. à honorer le Nom de Dieu, en l'invoquant & en lui rendant les louanges qui lui font dues. On l'honore auffi par les vœux, qui font des promeffes que l'on fait à Dieu de faire quelque bonne œuvre à laquelle on n'est pas obligé, comme de vivre en continence ou en pauvreté. On rend encore honneur au Nom de Dieu, en le prenant à témoin de la vérité, par les fermens qui fe font avec respect Deut.x. & religion: comme lorfque les Princes jurent des traités de paix & d'alliance & lorfque les Officiers prêtent ferment à leur réception, ou que les particuliers font ferment en Juftice. Mais les hommes méchans & menteurs abusent sou

vent de ce moyen d'affurer la vérité, en aflurant avec ferment des fauffetés, en joignant des fermens à des vérités peu importantes, ou s'en fervant pour marquer de la colere, pour se rendre terribles, ou les mêlant à leurs difcours fans aucun fujet. C'est pourquoi ce précepte nous défend de prendre le Nom de Dieu en vain, c'est-à-dire, de faire aucun ferment, que dans les occafions très importantes. Notre-Seigneur ajoute dans l'Evangile: Matth. Et moi je vous dis de ne point jurer du V. 34 tout, c'est-à-dire, de votre autorité pri

Pfal.

vée, & hors les occafions publiques, comme les trois qui ont été marquées; car tout ferment eft une impiété, s'il n'eft pas un acte de religion. Or dans Levit: les rencontres où le ferment eft légi- XIX. 2 time, c'eft un grand péché de jurer faufle- xiv. 3. ment, ou ne pas accomplir ce que l'on a promis avec ferment; & c'est ce qui s'appelle parjure. C'eft auffi un péché de promettre avec ferment quelque mal; mais ce feroit un fecond péché de l'exécuter. Un autre grand péché contre ce Commandement eft le blafphême; c'est à proprement parler, toute parole injurieufe à Dieu; & l'on peut mettre en ce rang tous les fermens qui ne font en ufage que parmi les méchans & les infolens, & dont on ne fe fert point en Justice; car ces fermens témoignent un mépris manifefte de Dieu. Les blafphêmes les plus criminels font ceux qui attribuent

Dieu d'être auteur du mal, ou quel que autre qualité indigne de lui, furtout s'ils font dits avec connoiffance & réflexion. Ce font auffi des blafphêmes, que les paroles qui attaquent la Sainte Vierge ou les autres Saints; parce que les injures qu'on leur fait, retournent contre Dieu même; comme les honneurs qu'on leur rend, fe rapportent à Dieu. On peche à l'occafion du væu, en plufieurs manieres: en faifant vœu de quelque chofe mauvaife, ou trop légere; en vouant témérairement; en n'accompliffant pas le vœu bien fait, ou le différant fans grande caufe, ou en accompagnant le vœu de quelque fuperftition.

LEÇON XXIV.

Du troisieme Commandement. SOUVIENS-TOI de fanctifier le jour du Sabbat. Ces paroles, Souviens-toi, marquent que ce n'étoit pas un nouveau précepte du temps que Dieu donna la Loi écrite, & qu'il s'obfervoit dès le Genef. commencement du monde. Sabbat fiD. 3. gnifie repos; & la fanctification de ce jour eft ordonnée pour honorer le repos de Dieu. Car après qu'il eut créé le monde en fix jours, il eft dit qu'il fe repofa le septieme, non qu'il fût fatigué,

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