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en fureté les gens de bien : & par la même raifon il eft permis de tuer les ennemis de l'Etat en guerre légitime, obéiffant à fon Prince. Mais il n'est jamais Rom. permis de fe venger. Dieu s'est réservé III. I. la vengeance, & il a établi des Princes

& des Magistrats pour l'exercer fur la terre. De là vient que le duel eft un grand crime, parce que le particulier y cherche à fe faire juftice à lui-même; & d'ailleurs il expofe fa vie témérairement. Or, nous ne fommes pas à nous, VI. 20. mais à Dieu; il ne nous eft point permis d'attenter à notre vie, fous quelque pré

II. Cor.

texte que ce foit; il faut attendre en patience que Dieu nous retire de deffus Exod. la terre, où il nous a mis. Ce CommanXXI. 28. dement défend auffi tout ce qui tend à Matth, la mort, comme de bleffer ou de frapper. .31. Il défend la haine ou la colere, qui en

&c.

eft la fource, & tout ce qu'elles produifent, comme les injures de paroles, les affronts, les querelles & les dif putes trop aigres. Au contraire il ordonne de conferver autant qu'il nous eft poffible, la vie & la fanté de notre prochain, même de ceux qui nous haïffent. On rapporte à ce Commandement le fcandale, qui eft comme un meurtre fpirituel, par lequel on tue l'ame du prochain, la faifant tomber dans le péché. Ainfi un Eccléfiaftique fcandaleux, est celui qui, par fa vie déréglée, donne ccafion aux Laïques de vivre mal, à

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fon exemple. Ainfi ceux qui apprennent
à des enfans le mal qu'ils ignorent; ceux
qui composent ou débitent des livres
pernicieux; les femmes qui fe parent pour
fe faire aimer: tous ceux-là donnent fcan-
dale & participent aux péchés de ceux
qui le prennent. Ce péché eft fi grand, Matth
que Jefus-Chrift dit qu'il vaudroit mieux
être jeté avec une pierre au cou au fond
de la mer, que de fcandalifer le moindre
des Fidelles.

LEÇON XXVII.

Du fixieme Commandement.

VIII. 6

LE fixieme Commandement défend aux _Thoms

VI. 17.

Nifs. or.

catech.

créatures raisonnables d'imiter les bêtes . 13.
fans raifon,qui fe mêlent indifféremment; viii. 9.
& d'abufer pour le plaifir, de ce que Dieu a
fagement inftitué pour la multiplication
du genre humain. Car l'ouvrage de Dieu Grega
eft bon en toutes les parties: il n'y
rien de fi mauvais ni de fi honteux que c. 28.
le péché de la concupifcence, qui nous
porte à ufer de nos corps contre la volonté
du Créateur. En défendant l'adultere, Genef.
il défend auffi l'incefte, la fornication, xxvIII.
& toutes les autres efpeces d'impudicité, Levit,
qui font défendues,nommément en divers xvII.
endroits de la Sainte Ecritute, pour Ephef.
montrer combien elles font abominables
devant Dieu; mais dont il ne devroit pas

XXVIII.

10.

IV. 19

v. 4. &c

VI. 32.

IX. 18.

XVII.

49.

.

même être fait mention parmi les Chré tiens, hors la néceffité de les condamner, Il fuffit de favoir que rien n'eft permis, finon dans les faintes regles du mariage. Prov.11. Les plaifirs criminels font la fource de 18. 19. plufieurs maux très-férieux, de maladies incurables, de diffipations de biens, de &c. haines mortelles, de jaloufies, de mauVII. 23. vais ménage entre les maris & les femmes, d'abandonnement des enfans, de fuppofitions de part, d'avortemens, d'empoifonnemens, de meurtres, de toutes fortes Ezech. de crimes. Pour éviter la débauche, Dieu défend auffi tout ce qui y mene, toutes Cor. les actions, les attouchemens, les regards 9. & les paroles déshonnêtes, même jufqu'aux penfées arrêtées & délibérées. En Eph. cette matiere bien plus qu'en aucune autre, Ifai.. il faut être foigneux de fuir les occafions 16. du péché, qui font l'oifiveté, la curioI. Petr. fité, la compagnie des débauchés, les excès de bouche, les danfes, les assemblées profanes d'hommes & de femmes, la parure, & généralement l'amour de tous les plaifirs fenfibles. Il nous est donc 138, 12. Commandé de vivre chaftement, confidérant que Dieu nous voit toujours, & qu'il n'y a point de ténebres pour lui; que nos corps font les temples du Saint-Elprit, confacrés par le Baptême & la Confirmation, & encore plus par la Sainte Euchariftie; & que nos membres font les Cor. membres de Jefus-Chrift. Or, qu'y aVI. I. t-il de plus horrible que de faire des

V. 18.

IV. 3.

Pfal.

membres

membres de Jefus-Chrift les membres d'une perfonne infame, en devenant un même corps avec elle? Pour acquérir ou Luc. conferver la chafteté, nous devons mener Ix. 236 une vie réglée, occupée, laborieuse fobre & mortifiée; nous fouvenir qu'il faut porter notre croix tous les jours, & que cette vie n'est pas le temps du repos & de la joie, mais du travail. Le Sap. principal moyen pour obtenir de Dieu . le don de continence, eft la priere.

LEÇON XXVIIL
Du feptieme Commandement.
LE feptieme Commandement défend

le vol, le larcin, l'ufure, la concuffion,
& généralement toute ufurpation du bien
d'autrui, par fraude ou par violence.
Car puifque les hommes font convenus
du partage des biens, & ont fait des
Lois pour régler la maniere de les ac-
quérir & de les conferver; comme nous
en profitons pour jouir de nos biens en
fureté, il eft jufte d'observer ces Lois;
& nous en devons auffi laisser jouir les
fans nous fervir de notre force
ou de notre adreffe pour les en priver.
Que fi quelque chofe nous manque, il
faut nous appliquer à l'acquérir par les
voies légitimes: par le travail, le trafic,
le fervice. L'ufure eft le profit que l'on

autres,

P

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tire d'un prêt, fe faisant rendre plus que l'on a prêté. La concuffion eft l'abus qu'une perfonne puiffante fait de fon autorité, pour ufurper ou retenir le bien d'autrui. Le larcin domestique eft le plus criminel, à cause de la confiance qu'il eft néceffaire d'avoir à ceux que l'on tient dans fa maifon; & il n'eft pas permis de prendre fecrétement, fous prétexte de fe récompenfer du tort que l'on prétend avoir fouffert. Il n'eft pas feulement défendu de prendre, il eft ordonné de restituer ce que l'on a de malacquis; & il faut le reftituer le plutôt que l'on peut, parce que le garder injuftement, eft comme le prendre de nouLevit. veau. Ce Commandement oblige auffi à xIx. 13. payer exactement les journées des pau

Pfal.

XXXVI.

21.

vres mercenaires les retenir, c'est retenir leur fueur, leur fang & leur vie; & c'eft un crime qui crie vengeance devant Dieu. Ce Commandement oblige à payer toutes les dettes, & défend par conféquent de s'endetter, fi on ne voit com ment on pourra fatisfaire. De là il s'en fuit que chacun doit manger le bien que Dieu lui a donné, en béniffant fon travail ou celui de fes peres ; & le conferver foigneufement, afin d'éviter l'indigence, qui eft la fource ordinaire de l'injuftice. Prov. Mais d'un autre côté il faut fuir l'avarice XXX. & le défir d'acquérir toujours fans mefure; bannir le luxe, & modérer notre

dépense, afin d'avoir de quoi donner.

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