Page images
PDF
EPUB

IV. 28.

Car ce Commmandement nous oblige encore à faire l'aumône à ceux qui n'ont pas le néceffaire, principalement s'ils ne peuvent le gagner. Que celui qui Ephef. déroboit, dit Saint Paul, ne dérobe plus; mais plutôt qu'il travaille, faifant de fes mains quelque chofe de bon, afin qu'il ait de quoi donner à celui qui fouffre néceffité.

LEÇON XXIX.

Des trois derniers Commandemens.

, par

[ocr errors]

Ls huitieme Commandement défend premiérement le faux témoignage, porté en Juftice pour faire condamner un innocent. Il défend auffi toute calomnie, c'est-à-dire, toute faulle accufation, tout difcours par lequel on impofe à quelqu'un ce qu'il n'a pas fait. De plus, Levig toute médifance ou détraction laquelle on ruine ou on diminue la réputation du prochain, en publiant le mal qu'il a fait, mais qui n'étoit pas connu; & fur-tout les mauvais rapports, Provi faux ou vrais, qui tendent à mettre la divifion entre les parens ou les amis. Il 22. ne nous eft permis de parler du mal qu'a fait le prochain , que lorfque la charité nous y oblige, ou pour procurer Bafil. fa correction, ou pour la fureté de celui regul. à qui il pourroit nuire; car nous devons 25

XXVI.

Exod.

XXIII.

7.

brevior

Ecclef. plus à l'innocent qu'au coupable. Il déVII. 8. fend encore le menfonge, c'est-à-dire, toute parole dite à deffein de tromper,

[ocr errors]

en faifant entendre le contraire de notre pensée. Il nous eft donc ordonné de dire Ephef. toujours la vérité. Auffi fommes-nous les IV. 25. membres les uns des autres qui par conféquent devons avoir une charité réciproque; & la parole n'eft inftituée que pour fignifier ce que nous pensons. Phil. Or, nous ne devons avoir que des pensées

Iv. 8.

.19. Matth. X11.36.

raifonnables, & par conféquent ne parler Prov. que quand il eft à propos. La multitude des paroles n'eft point fans péché; & nous rendrons compte au Jugement de Dieu, de toute parole oifeufe. 11 faut donc aimer le filence. Nous devons encore procurer la concorde & l'union entre tous les hommes. Car ceux qui procurent la paix, dit Jefus-Chrift, font Matth. appelés enfans de Dieu. Nous devons réparer, autant qu'il eft poffible, le tort que nous avons fait au prochain par tous ces péchés de paroles; mais cette réparation eft très-difficile. Enfin, nous devons éviter les jugemens téméraires, qui font la fource la plus ordinaire des méMatth. difances, Les deux derniers CommandeNII. I. mens condamnent les mauvais défirs: le

N. 6.

Matth. 4.2.

neuvieme défend de défirer ce que le fixieme défend de commettre, c'est-àdire, tout plaifir déshonnête, hors le feul cas du mariage. Quiconque regarde une femme pour la défirer, dit le Sau

veur, a déjà commis l'adultere dans fon cœur. Ce n'eft pas feulement le défir formé qui eft péché, c'eft encore la penfée, quand on s'arrête volontairement à y prendre plaifir, ou que l'on néglige de s'en détourner. Il ne nous est pas permis de défirer la femme d'autrui, dans le cas où elle pourroit devenir la nôtre; comme fous l'ancienne Loi, en cas de divorce; à préfent, en cas de mort; parce que nourriffant ce défir, il feroit facile d'aller plus loin, & de défirer la mort du mari, ou l'adultere. Le dixieme Commandement fe rapporte au feptieme, & nous défend tout défir du bien d'autrui, de fa maison, de fa terre, de fes beftiaux, de fes meubles, & généralement de tout ce qu'il poffede; fi ce n'est pour l'acquérir par des voies légitimes & de fon confentement. Nous ne devons former autres deffeins fur les biens d'autrui, que ceux que nous trouverions bon que les autres formaffent fur les nôtres.

[blocks in formation]

Les deux derniers Commandemens

affurent l'observation de tous les autres, coupant la racine de tous les péchés, qui eft la concupifcence. On ne fait mal que par le défir du plaifir, de l'argent ou de

1

l'honneur. Le défir du bien d'autrui, ou le déplaifir de fa profpérité, caufent l'envie, qui nous porte à la médifance & à la calomnie; & il n'y a guere de faux témoins qui ne foient gagnés par argent. Ce qui fait ordinairement attenter fur la vie du prochain, c'est que nous voulons avoir fon bien, ou ôter un obstacle à notre plaifir ou à notre gloire. Les mêmes raifons portent à méprifer le pere & la mere, & quelquefois à les hair, ou à fouhaiter leur mort. C'eft le défir du gain qui fait travailler le Dimanche, & c'eft l'amour du plaifir qui empêche de l'employer faintement. C'eft l'intérêt qui fait faire les faux fermens. Enfin, ce ne font que les paffions déréglées qui détournent du fervice de Dieu, & qui éteignent la charité. Ainfi ôtant de notre cœur les défirs que condamnent les deux derniers Commandemens, nous nous mettons en état de pratiquer facilement tous les autres. Or, nous ne défirons point les chofes impoffibles; & nous devons compter pour impoffible tout ce qui eft contraire à la Loi de Dieu, quoique nous ayons la liberté de le faire, parce qu'il eft impoffible au moins d'éviter enfuite fa vengeance. Mais le meilleur moyen pour éviter le péché, eft de tendre, autant qu'il nous eft poffible, à acquérir les vertus & la perfection chrétienne. Soyez parfaits, dit JefusChrist, comme votre Pere célefte eft

parfait. Ce n'eft qu'en nous humiliant Mate profondément, que nous éviterons l'or- v1 48. gueil & l'ambition. Il faut méprifer les plaifirs permis, pour éteindre le défir des plaifirs défendus. Pour ne point défirer le bien d'autrui, le plus sûr eft de n'être point attaché à celui que nous poffédons légitimement; & pour arriver à ce détachement, il faut penser souvent à la mort & à la vie future. Le temps eft 1. Cari court, dit Saint Paul; il refte que ceux vi qui ont des femmes, foient comme s'ils n'en avoient point; ceux qui pleurent, comme s'ils ne pleuroient point; ceux qui fe réjouiffent, comme s'ils ne fe réjouifloient point; ceux qui achetent, comme s'ils n'acquéroient point; ceux qui fe fervent de ce monde, comme s'ils ne s'en fervoient point; car la figure de ce I. Tim. monde paffe. Et ailleurs: Ceux qui veu- V., 2 lent devenir riches, tombent dans les tentations & les filets du diable, & dans plufieurs défirs inutiles & nuifibles, qui précipitent les hommes dans la perte & la damnation; car l'avarice eft la fource de tous les maux. Et c'eft ce que Jesus-Chrift Lue. dit lui-même, que pour le fuivre, il faut XI. 16, renoncer à fon pere, à fa mere, à fa femme, à fes enfans, à tout fon bien. Non qu'il foit néceffaire de tout quitter réellement, mais parce qu'il est néceffaire d'en détacher fon affection, pour n'aimer que Dieu feul, & les créatures, fuivant fon ordre. Il faut donc modérer

« PreviousContinue »