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conf.

XXI.

ruiner leur fanté; en quoi chacun doit bien prendre garde à ne pas fe Hatter, puifqu'il n'y a perfonne qui n'ait befoin Caffien. de pénitence. Les premiers Chrétiens jeûnoient fouvent, quelques-uns toute c. 30. l'année, hors les Dimanches & le temps Pafcal; & les premiers Moines fe firent une regle de ce jeûne perpétuel. L'abftinence étoit auffi plus rigoureufe; ils fe retranchoient le vin & le poiffon, & plufieurs fe réduifoient au pain & à l'eau. La charité commençant à fe refroidir, l'on a obligé les Chrétiens a obferver au moins certains jours de jeûne, laiffant le furplus à leur dévotion.

Deut.

LEÇON XXXV.

Des Jours de jeûne & d'abftinence en particulier.

LE

E jeûne le plus folennel eft celui du x. 9. Carême, c'est-à-dire, la quarantaine. Il 1. Reg. eft d'inftitution Apoftolique, à l'exemple Matth. de Moyfe & d'Elie, & principalement

XIX.

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de Jefus-Chrift, qui pafla quarante jours dans le défert fans rien manger. On a placé ce jeûne immédiatement avant la Pâque, pour nous préparer à cette grande folennité, par une férieufe pénitence. Autrefois on jeûnoit en Carême jusqu'à Vêpres, c'est-à-dire, vers fix heures du foir. Aujourd'hui le Carême n'eft dif

tingué des autres jeûnes, que par l'abstinence des œufs, & en quelques pays, des laitages. Le jeûne des Quatre-Temps eft inftitué pour demander à Dieu la confervation des fruits de la terre, en chacune des quatres faifons de l'année, &. pour le prier de donner à fon Eglife de bons Evêques, de bons Prêtres, & d'autres Miniftres dignes de le fervir; car c'est en ces jours que fe font les Ordinations: Luc. & toute l'Eglife fe met en prieres, afin x. 3 qu'il plaife à Dieu d'envoyer des ouvriers dans fa moiffon. Les Vigiles font des jeûnes pour nous préparer aux Fêtes les plus folennelles. On les a nommé Vigiles ou Veilles, parce qu'autrefois on paffoit fans dormir les nuits qui précédoient ces Fêtes, & l'on s'occupoit faintement dans les Eglifes. Il y a des Vigiles que l'on ne jeûne plus, & qui ne font diftinguées que par l'Office. On jeûnoit auffi l'Avent, & les Vendredis & les Samedis, où l'abftinence eft demeurée. C'est le fixieme Commandement de l'Eglife, d'observer tous les Vendredis & les Samedis l'abftinence de la chair, pour honorer la paffion & la fépulture de Notre-Seigneur, & pour nous mieux préparer au Dimanche. D'autres Eglifes obfervent te Mercredi au lieu du Samedi, & chacun doit fuivre de bonne foi la coutume de fon pays. Il y a encore quelques autres jours d'abftinence fans jeûne; favoir, les trois jours des Rogations,

nommés autrement les grandes Litanies, à caufe des proceffions qui s'y font; & les petites Litanies, le jour de Saint Marc. Elles ont principalement pour but la confervation des fruits de la terre. Or, quoiTit. 11. que dans les autres jours il y ait liberté 2. 3. 5. de manger toutes fortes de viandes, &

6.

toutes les fois qu'il est besoin, les Chré

tiens doivent toujours être fobres, & prendre garde que leurs cœurs ne foient Luc. appefantis par les viandes & le vin,comme XXI. 14. dit Notre-Seigneur. C'est pourquoi c'eft un grand abus de diftinguer le temps du carnaval par la liberté que l'on s'y donne de boire & de manger avec excès, dé jouer & danfer plus qu'en tout autre temps de l'année. Cette coutume eft toute contraire à l'intention de l'Eglife, qui commence dès la Septuagéfime à nous exciter à la pénitence, pour nous préparer au Carême. Elle défend de faire des noces pendant l'Avent & le Carême, & les Fêtes qui les fuivent, c'est-à-dire, jufqu'au lendemain de l'Epiphanie & de P'Octave de Pâques; parce que fuivant fon intention, l'ufage du mariage eft inJoël 11. terdit pendant ces temps, & générale ment pendant tous les jours folennels de I. Cor. priere ou de pénitence. Quelques - uns font un feptieme Commandement de l'Eglife de cette défenfe des noces, & y ajoutent celui d'éviter les excommuniés; ce qui ne s'entend que de ceux qui font dénoncés nommément.

16.

II.

VIL. 5.

LEÇON XX X V I.

Des Confeils, & de la Perfection
Chrétienne.

L'EGLISE

'EGLISE ne nous a obligés qu'à ce peu de pratiques extérieures, non qu'elle ait voulu borner là tout l'exercice de la Religion, mais pour laiffer plus de liberté à la piété des vrais Chrétiens. Car nous v. Caff. fommes fous la Loi d'amour, où nous cod. lat. devons fervir Dieu de bonne volonté & xxI. 10 3.6.&c. avec joie, & non pas avec crainte, & comme par une néceffité fâcheufe. Auffi II. Cor, ce peu de Lois Eccléfiaftiques n'ont été IX. 7. faites que dans les derniers temps, depuis que la charité de plufieurs eft refroidie. Elles ne font pas immuables comme les Lois divines; l'Eglife qui les a faites, peut les changer, ou en dispenser quelques particuliers, felon les temps & pour des raifons très-importantes. Voilà donc ce que tout Chrétien eft obligé d'obser- Matth: ver; les Commandemens de Dieu, & xIx. 17. ceux de l'Eglife, qui y font compris, Ibid. 21. Si voulez entrer dans la vie, dit JefusChrist, gardez les Commandemens. Mais Ibid. 13, il ajoute : Si vous voulez être parfaits, allez, vendez tous vos biens & fuivezmoi, & vous aurez un tréfor dans le Ciel. Il dit encore: Il y a des Eunuques qui fe font rendus tels eux-mêmes pour

le Royaume des Cieux ; qui en est capa ble, le faffe; mais il n'y a que ceux à qui

il est donné, qui en font capables. Et 1. Cor. Saint Paul dit : Si vous n'êtes point maVI. 25. rié, ne cherchez point de femme; ajou27. tant que c'eft un confeil qu'il donne, &

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non pas un précepte du Seigneur. Il y a donc différence entre les préceptes & les confeils. Les préceptes ou comman demens font propofés à tous comme des obligations; les confeils font propofés feulement comme les moyens d'arriver Matth. à la perfection. Or, Jefus-Chrift nous 48. exhorte tous à tendre à la perfection, à l'imitation de notre Pere célefte qui eft parfait. En effet, comme notre volonté eft foible,nous faifons toujours moins bien que nous ne voulons; & fi nous ne nous propofons que ce qui eft précisément d'obligation, nous demeurerons toujours en-deçà, c'est-à-dire, dans le péché. Il ne faut donc pas nous contenter de ce que Dieu exige de nous, mais lui donner généreufement tout ce que nous pourrons, puifque nous ne lui devons pas moins que de l'aimer de tout notre cœur & de toutes nos forces. Il faut avoir une haute eftime des confeils de Jefus-Christ, puifqu'il eft la fageffe même, & qu'il fait mieux que nous ce qui nous eft bon, Ecclef. Il ne faut pas chicaner avec Dieu, ni 11. 19. trop s'attacher à diftinguer les préceptes des confeils, mais s'efforcer autant qu'il eft poffible, de connoître & de pratiquer

Rom.

Xu. 2.

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