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Phil. 1. 10.

ce qui lui eft agréable. Jefus Chrift a Ephef.
renfermé l'idée de toute la perfection. 10.
dans ces huit béatitudes: Heureux les
pauvres d'efprit, parce que le Royaume
des Cieux eft à eux. Heureux ceux qui Matth
font doux, parce qu'ils pofléderont la V
terre. Heureux ceux qui pleurent, parce
qu'ils feront confolés. Heureux ceux qui
ont faim & foif de la juftice, parce qu'ils
feront raffafiés. Heureux les miféricor-
dieux, parce qu'on leur fera miféricorde.
Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce
qu'ils verront Dieu. Heureux ceux qui
procurent la paix, parce qu'ils feront
nommés enfans de Dieu. Heureux ceux
qui fouffrent perfécution pour la juftice.
parce que le Royaume des Cieux eft à eux.

LEGON XXX VII,

NOUS

De la Grace.

XII. 3.

ous ne pouvons accomplir les Com- II. Cord mandemens de Dieu, ni fuivre fes con- 11. 5. feils, que par fa grace. De nous-mêmes II. Cor. nous ne pouvons pas former une bonne penfée, ni dire, Seigneur Jefus, que par le Saint Efprit. Ce n'eft pas que Dieu ne Ecclef. nous ait créés libres, & ne nous ait pro- xv. 14 pofé dans fa Loi la vie & la mort, afin que nous choififfions la vie. Mais notre volonté eft tellement affoiblie par le Deut. péché, que de nous-mêmes nous choi- xxx.194

VII. 15.

fiffons toujours le mal; & nous n'avons point de liberté pour bien faire, fi nous ne fommes délivrés par la vérité, qui eft Joan. Jefus-Chrift. Nous connoiffons le bien VIII.32. par la lumiere de la raifon que Dieu a mise en nous, & par la Loi qu'il nous Rom. a donnée : mais nous n'avons pas la &c. force de l'accomplir, parce que notre concupifcence nous entraîne continuellement vers le mal que nous condamnons. Cette concupifcence eft l'amour de nous-mêmes, fans rapport à Dieu, & P'inclination au plaifir fenfible, qui nous fait préférer le bien du corps à celui de Fame. De là viennent les paffions déréglées, l'amour fenfuel, la haine, la colere, la peur, la trifteffe, la joie. Ces paffions nous font commettre toutes fortes de péchés, quand elles font plus fortes que la raifon : & elles font toujours plus fortes, quand nous demeurons dans l'état de la nature corrompue, où nous naiffons tous; parce qu'en cet état il eft impoffible que nous prenions plaifir à autre chofe qu'à ce qui flatte nos lens, & qui eft conforme à notre amour-proRom. pre. C'est pour cela qu'il faut mourir au 1.24. vieil homme, & renaître de nouveau en Aug. Jefus Christ, étant justifiés gratuitement de fpir. par fa grace, afin de faire, par amour de Dieu & avec plaifir, ce qui eft conforme à fa volonté & à la lumiere de la raison,

lit.

LEÇON

LEÇON XXXVIII

Des Sacremens.

La grace nous étant absolument né

A

ceffaire, Dieu ne fe contente pas de nous la donner, il veut bien l'accompagner de fignes fenfibles, proportionnés à notre foibleffe. On appelle ces fignes Sacremens, c'est-à-dire, chofes facrées; ou myfteres, c'est-à-dire, chofes cachées. En effet ce font des chofes matérielles & des actions extérieures, qui nous fignifient l'opération intérieure du SaintEfprit, par laquelle il fanctifie nos ames, en même temps que nous pratiquons ces faintes cérémonies. Ce n'eft pas que Dieu ne nous puifle communiquer la grace fans l'accompagner de ces fignes; mais nous n'en fommes pas alors fi affurés: & ce n'est pas auffi que ces fignes nous donnent une entiere certitude d'avoir reçu la grace, puifque nous avons toujours fujet de douter fi nous y avons apporté les difpofitions néceffaires. C'eft la Ecclef. mifere inévitable en cette vie, de ne favoir IX. 2. jamais fi nous fommes dignes d'amour Lib. II. ou de haine, ni fi nous perfévérerons juf- 12. qu'à la fin; & d'être obligés de travailler à notre falut avec crainte & tremblement. Toutefois, connoiffant la bonté de Dieu, nous avons grand fujet de bien

Trid.

Seff. 7.

efpérer, quand nous nous approchons de ces Sacremens avec foi, confiance, fincérité, humilité & componction. On appelle donc Sacremens des fignes facrés, établis de Dieu, pour fignifier & opérer en nous la grace. L'ancienne Loi, parmi tant de cérémonies, n'avoit aucun de ces Sacremens qui donnent la grace; & c'eft Conc. un avantage de la Loi nouvelle. C'est Jefus-Chrift qui les a tous inftitués, afin san. 1. que fon fang & les mérites infinis, plus que fuffifans pour le falut de tous les hommes, fuffent appliqués en particulier à chacun de ceux que Dieu auroit appelés. Il en a marqué quelques-uns par fes paroles & par les actions rapportées dans l'Evangile; favoir, le Baptême, l'Euchariftie, la Pénitence & l'Ordre. Les Apôtres ont déclaré les autres, en appliquant ce qu'ils avoient appris de lui. Car il n'étoit pas en leur pouvoir d'inftituer des Sacremens : il n'y avoit qu'un Dieu qui pût attacher à des chofes fenfibles l'opération du Saint-Esprit. Il en a inftitué pour tous les befoins de la vie fpirituelle; le Baptême, pour y entrer & naître fpirituellement; pour croître & fe fortifier, la Confirmation; pour fe nourrir, l'Euchariftie; la Pénitence, pour guérir les maladies de l'ame, & même la reffufciter après qu'elle eft morte par le péché; pour nous fortifier au moment de la mort corporelle, l'Extrême-Onction. Les deux autres Sacre

mens regardent l'unité de toute l'Eglife; l'Ordre lui donne des Miniftres publics; le Mariage fert à les perpétuer dans tous les fiecles. Il y a donc fept Sacremens le Baptême, la Confirmation, l'Euchariftie, la Pénitence, l'ExtrêmeOnction, l'Ordre & le Mariage. Pour bien entendre la nature des Sacremens il faut favoir les raisons des faintes cérémonies dont l'Eglife les accompagne.

LEÇON XXXIX,
Du Baptême.
LE Baptême est le plus néceffaire de

tous les Sacremens. En vérité, en vérité, Joan: je vous dis, dit Jesus-Chrift, perfonne . s ne peut entrer au Royaume de Dieu, s'il ne renaît de l'eau & du Saint-Esprit. 1 Ce qui est né de la chair eft chair, & ce qui eft né de l'efprit eft efprit. Or, Rom. fi nous vivons felon la chair, nous mour- viii. Za Irons, puifque la chair n'eft autre chose que l'amour - propre, la concupifcence que nous apportons au monde comme enfans d'Adam, avec le péché originel, dont elle eft une fuite. De là vient que le Baptême est néceffaire, même aux petits enfans, pour effacer ce péché avec lequel ils naiffent: aux adultes, c'est-àdire, à ceux qui font en âge de raison, il efface de plus tous les péchés qu'ils peuvent avoir commis. Mais pour le

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