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Pf. 1. 2.

nous ordonne de recevoir avec foumif- Deut: fion les vérités révélées de Dieu, de cap- v1.6.18, tiver notre entendement, d'obéir à la cxvitt. foi, nous commande expreffément de &c. méditer fa loi jour & nuit, de nous appli- Prov. 1. quer de toutes nos forces à l'étude de la &c. fcience & de la fageffe, & de travailler Rom. toute notre vie à connoître la volonté de XII: 2. Ephef. Dieu le plus diftinctement qu'il eft pof- v. 17. fible.

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Coloff.

En effet, quoique le Catéchifme con- 1.9. 10 tienne ce qui eft le plus néceffaire à favoir, il en eft comme de tous les autres Abrégés, que l'on ne fait jamais bien fi l'on n'étudie rien au-delà. Pour entendre & retenir ce peu que contient le Catéchifme, il faut en pefer toutes les paroles, & pénétrer, chacun felon fa portée, la profondeur de la doctrine qu'elles renferment. Quant aux vérités de morale il est vrai que la meilleure manier de les étudier, eft la pratique, & quobus ne favons comme il faut que celles que nous obfervons ; mais il ne s'enfuit pas que nous ne devions les apprendre qu'à mefure que nous les mettons en œuvre. Les occafions d'agir ne fe préfentent pas par ordre; & fi j'attends que j'aye exécuté tous les Commandemens de Dieu, pour connoître les Confeils, je ne les connoîtrai peut-être de ma vie, quoiqu'ils foient donnés pour faciliter l'obfervation des Commandemens. Là négligence à garder les Préceptes que

nous favons déjà, ne nous donne donc pas droit d'ignorer les autres; nous fommes obligés à les garder tous, & par conféquent à les favoir tous.

Enfin, la vraie Religion n'eft pas

comme les fauffes , qui ne confiftent

qu'en un culte extérieur & en de vaines. Deut. cérémonies : c'est une doctrine, une 7: étude, une fcience. Les Fidelles étoient A&t. XI. nommés difciples avant qu'ils euffent Matth. reçu à Antioche le nom de Chrétiens: XXVIII. les Evêques font nommés Docteurs chez

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tous les Anciens; & JESUS-CHRIST fondant fon Eglife, dit aux Apôtres : Allez, inftruifez toutes les nations. Il eft donc impoffible d'être Chrétien & d'être entiérement ignorant; & celui-là eft le meilleur Chrétien, qui connoît le mieux & pratique le mieux la loi de Dieu. Or, quoiqu'on puifle la connoître fans la pratiquer, il eft impoffible d'en pratiquer tout ce que l'on en connoît.

Mais il faut avouer que les particuliers; ne font pas feuls coupables de l'ignorancequi regne depuis long-temps dans l'Eglife: il y a bien de notre faute, je dis de nous autres Prêtres, & de tous ceux qui font établis pour inftruire. Quoique l'on prêche très-fouvent, & qu'il y ait une infinité de livres qui traitent de toutes. les parties de la Religion, on peut dire qu'il n'y a pas affez d'inftruction pour les Chrétiens, même pour les mieux intentionnés. Les livres font de plufieurs for

tes : des traités de Théologie, pleins de queftions curieufes, dont le commnun des Fidelles n'a pas befoin, écrits en latin, & d'un ftyle qui n'eft intelligible qu'à ceux qui ont fréquenté les écoles; des commentaires fur l'Ecriture, la plupart fort longs, & prefque tout en latin; des vies des Saints, qui ne vont qu'à montrer des exemples particuliers de vertu; des livres fpirituels qui donnent de bonnes patiques pour fortir du péché & pour vancer dans la vertu & dans la perfection, mais qui fuppofent des Chrétiens fuffifamment inftruits de l'effentiel de la Religion, & qui par la longueur du style & la groffeur des volumes, ne font pas à P'ufage des gens occupés ou peu attentifs. Il en eft de même des Sermons. On n'y traite que des fujets particuliers, détachés le plus fouvent les uns des autres, felon la fête, l'Evangile ou le deffein du Prédi cateur; on y explique rarement les premiers principes, & les faits qui font les fondemens de tous les dogmes on y parle des hiftoires contenues dans l'Ecriture-fainte, comme de chofes connues de tout le monde.

De là vient que les lectures publiques de l'Ecriture, qui font partie de l'Office de l'Eglife, fervent fi peu pour l'inftruction des Fidelles, pour laquelle on les a inftituées. Tout le monde n'entend pas le latin; peu de gens fe fervent des traductions; & elles ne fuffifent pas, fi l'on

ne connoît les Livres faints, d'où les leçons font tirées, & fi on ne les y lit dans leur fuite. On devroit fuppléer à ce défaut par les Sermons; mais ce n'eft pas expliquer un Evang que d'en prendre un mot pour texte &y faire venir à propos tout ce que l'on veut. Ainfi, on trouve par-tout de bonnes gens, qui fréquentant les Eglifes depuis quarante ou cinquante ans, & étant fort affidus aux Offices & aux Sermons, ignorent chore - les premiers élémens du Chriftianifm

Il n'y a que les Catéchifines qui defcendent jufques à ces premieres inftructions,

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néceffaires à tout le monde : mais il femble qu'ils ne font pas affez eftimés. La plupart croient favoir le Catéchisme parce qu'ils l'ont appris en leur enfance; & ne s'apperçoivent pas qu'ils l'ont oublié, ou qu'ils ne l'ont jamais bien entendu. D'autres ont honte d'avouer leur ignorance & leur mauvaife éducation, & ne peuvent s'abaiffer jufqu'à ces inftructions qui les remettroient, ce femble, aux petites écoles. Les Eccléfiaftiques. je dis ceux qui cherchent leurs intérêts plutôt que ceux de Jesus-Chrift, méprifent cet emploi, parce qu'il eft pénible obfcur & infructueux. S'ils croient avorr de grands talens, ils cherchent de la réputation par l'éloquence de la Chaire; s'ils en ont moins, ils s'appliquent au Con-feffionnal & à la direction. Mais une des plus grandes difficultés de la Confeffion,

eft l'ignorance des Chrétiens; & qui les inftruiroit bien, trancheroit beaucoup de péchés par la racine.

Il eft vrai que la forme & le ftyle des Catéchismes a peu d'attrait pour ceux qui l'apprennent; car pour ceux qui l'enfeignent, il ne faut pas efpérer qu'ils prennent jamais grand plaisir à répéter fouvent des vérités qui leur font familieres: trouvant toujours de nouvelles difficultés de la part des Auditeurs, il n'y a que la charité qui puiffe en faire l'agrément. Mais our les difciples, comme la plupart font des enfans, qui ne peuvent voir l'utilité de ces inftructions, il feroit fort à fouhaiter qu'elles euffent quelque chofe de plus engageant qu'elles n'en ont pour l'ordinaire. Car i femble que ceux qui dans ces derniers temps ont compofé des Catéchismes, n'ont pas eu cette vue ou n'ont pas cru qu'il fût poffible d'y réuffir. Ils ont feulement cherché à renferner en peu de paroles le plus effentiel de la Doctrine Chrétienne à le diftribuer fuivant un certain ordre & à le faire apprendre aux enfans, par des questions & des réponses, qui s'imprimaflent fortement dans leur mémoire,; & c'eft en effer le plus néceffaire. Auffi ces Catéchifmes ont-ils fait de très-grands fruits: & quelle ignorance qui refte parmi les Chrétiens, elle n'eft pas comparable à celle qui régnoit il y a deux cents ans, avant que S. Ignace & fes Difciples euffent

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