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qui étoient demeurez à Jerufalem, l'aïant appris, leur envoïerent faint Pierre & faint Jean, pour les confirmer & les perfectionner dans la foy. Ils prierent fur eux & leur impoferent les mains, & ces nouveaux fideles reçurent le faint-Efprit ; c'eft-à-dire une grace plus abondante, & le don des miracles. Entre ceux qui avoient été baptisez à Samarie, il y avoit un magicien nommé Simon: qui voïanţ que les apôtres donnoient le faint-ELprit, par l'impofition de leurs mains, leur offrit de l'argent, pour avoir la même puiffance. Saint Pierre lui dit: Que ton argent périffe avec toi, puifque tu crois que le don de Dieu fe puiffe acheter, & l'exhorta à faire pénitence. On a toujours depuis appellé fimonie le crime de ceux qui trafiquent des chofes fpirituelles.

LEÇON XLV.

De la converfion des Gentils.

Uelque-tems après les Gen- A&. I.
tils commencèrent auffi à
entrer dans l'églife. Il y
avoit un capitaine Ro-

main nommé Corneille, qui tout
Gentil qu'il étoit, ne laiffoit pas de
connoître qu'il n'y avoit qu'un Dieu,
de le craindre & le fervir : le priant
fans ceffe, & faifant de grandes au-
mônes. Un ange lui vint dire de la
part de Dieu, que fes prieres avoient
été exaucées ; & qu'il envoïât querir
Pierre, pour fçavoir ce qu'il avoit à
faire. Saint Pierre, de fon côté, eut
une vifion, qui lui apprit, qu'il n'y a
aucune créature immonde ni impure:

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& l'efprit de Dieu lui dit d'aller avec ceux que Corneille avoit envoïez. Tout cela étoit néceffaire, pour vaincre l'horreur que S. Pierre, comme tous les autres Juifs, avoit des Gentils & le faire refoudre à converfer avec eux. Quand il fut venu chez Corneille, il le trouva avec plufieurs de fes parens & de fes amis, qu'il avoit affemblez; & comme il eut commencé à les inftruire, ils reçurent le faint-Efprit, & publierent les louanges de Dieu, en diverfes langues. De forte que faint Pierre leur fit auffi-tôt donner le baptême de l'eau; voïant qu'ils avoient déja reçu celui de la grace. Les apôtres & les autres fideles furent d'abord fcandalifez, quand ils apprirent que faint Pierre étoit entré chez des incirconcis, & avoit mangé avec eux. Mais quand il leur eut raconté comment la chole s'étoit paffée, ils demeurerent fatisfaits, & dirent avec étonnement. Quoi donc! Dieu a donné même aux Gentils la pénitence pour entrer dans la vie : L'experience leur

fit alors comprendre le myftere de la vocation des Gentils, qui étoit mar qué dans toutes les écritures : & c'eft faint Paul qui l'a le mieux expliqué: aufli a-t'il été principalement l'apôtre des Gentils. Il nous apprend que Rom. ix. 70 les vrais Ifraëlites & les enfans de &c. Dieu ne font pas feulement les enfans d'Abraham felon la chair, mais les enfans de la promeffe, & les imitateurs de fa foy: ceux que Dieu choifit par fa pure mifericorde, & qu'il appelle, non feulement d'entre les Juifs, mais encore d'entre les Gentils. D'où il s'enfuit; que la circoncifion n'eft plus rien: puifque l'alliance de Dieu n'eft plus attachée à une certaine race, & fe communique à toutes les na→ tions, par la regeneration fpirituelle. La vocation des Gentils fait que ceux qui n'étoient point le peuple de Dieu, deviennent fon peuple : & ceux qui étoient fon peuple, font rejettez la plûpart, pour leur incredulité. Leur Rom. X1. I péché eft le falut des Gentils, font appellez à leur place, & incorporez au veritable Ifraël. Car le peu

qui

X¡.

de Juifs qui ont cru l'évangile, & font fauvez par leur foy, font la racine & Rom. xi. 17. la fouche, qui porte toute l'églife, & fur laquelle les Gentils font inferez & entez: comme des branches d'olivier fauvage fur l'olivier franc. Cependant les Juifs endurcis ont été rejettez : jufques à ce que tous ceux que Dieu a réfolu de fauver d'entre les Gentils, foient entrez dans l'églife. Car Dieu fauvera les reftes des Juifs, à la fin des fiécles. Les Gentils aiant commencé d'entrer dans l'églife, les apôtres fe difperferent par tout le monde, fuivant l'ordre qu'ils en avoient reçu de A XI. 44 Jefus-Chrift. Ils s'adreffoient toujours aux Juifs les premiers, dans les lieux où ils en trouvoient: & à leur refus ils fe tournoient vers les Gentils.

Rom. XI. 15.

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