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LEÇON XLVII.

De la tradition & de l'écriture ;
Des conciles.

Es apôtres n'enseignerent la plupart que de vive voix, à l'imitation de leur divin maître, car Jefus - Chrift

n'avoit rien écrit: mais ils avoient grand foin de former des difciples, qui puffent perpetuer la doctrine. Ce que vous avez appris de moi, dit faint Tim. 11. 2. Paul à Timothée, confiez-le à des hommes fideles, qui foient capables d'en inftruire d'autres. Et c'eft ce que l'on appelle tradition: ce facré dépôt de doctrine qui a paffé de Jefus-Chrift aux apôtres, des apôtres aux premiers évêques, de ceux là à leurs fucceffeurs:

& ainfi de fiecle en fiecle, jufques à Eufeb. 111 ceux qui enfeignent aujourd'hui. Le hift. 23. premier qui écrivit, fut l'apôtre faint Mathieu, qui compofa fon évangile pour les Juifs convertis. Saint Marc difciple de faint Pierre en fit peu de tems après comme l'abregé. Saint Luc difciple de faint Paul écrivit enfuite, pour oppofer la verité aux fables, que débitoient plufieurs faux apôtres. Enfin S. Jean écrivit fon évangile, plus de foixante ans après la refurrection de Jefus-Chrift, pour confondre des heretiques qui nioient fa divinité. Il avoit écrit l'apocalypfe auparavant; & pour les épitres de faint Paul & des autres apôtres, ce font des lettres, qu'ils ont écrites à diverfes églifes, ou à quelques particuliers, en differentes occafions. Il n'y a que fix apôtres, dont nous aïons des écrits. S. Pierre, S. Paul, S. Jean, S. Jacques, S. Mathieu, S. Jude. Nous n'avons rien des fept autres. Tous ces écrits des apôtres & des évangeliftes ne font pas leurs penfées propres; ils leur ont été dictez par le faint-Efprit, comme ceux de 2, Per. 1. 21

Moïse & des prophétes; c'eft pour quoi la foy nous oblige à croire fermement tout ce qu'ils contiennent. Mais comme les apôtres ont enfeigné beaucoup plus, qu'ils n'ont écrit: le refte de leur doctrine s'eft confervé par la tradition feule; & les Chrétiens ont toujours regardé comme traditions apoftoliques, les points de doctrine ou de difcipline qu'ils ont trouvez univerfellement reçus dans toutes les églifes, fans que l'on en connût le commencement, principalement ceux dont l'église a fait des décifions. Les Aa. xv. plus folemnelles font celles des conciles; & les apôtres mêmes nous en ont laiffé l'exemple. Car lorfque les Gentils commencerent à fe convertir en grand nombre, il y eut des Juifs fideles qui vouloient les obliger à fe faire circoncire, & à obferver tout le refte des cérémonies de la loi de Moïfe. Les apôtres s'assemblerent à Jerufalem avec les prêtres pour décider cette queftion. Saint Pierre y parla le premier, Saint Paul & Saint Barnabé furent oüis, & faint Jacques rapporta

les

Les paffages de l'écriture, qui prouvent que toutes les nations doivent un jour chercher le Seigneur. Enfin ils formerent leur décifion, & la conclurent; en ces termes. Il a femblé bon au S. Efprit & à nous, de ne vous impofer aucune autre charge que ces points néceffaires: que vous vous abfteniez des viandes immolées aux idoles, du fang des animaux fuffoquez, & de la fornication. A l'exemple de cette affemblée des apôtres, on en a tenu de tems en tems dans l'églife, pour vuider les queftions de doctrine ou de difcipline, qui fe font préfentées, & on les a appellées conciles ou fynodes. Les évêques y ont toujours éré les juges, & le faint-Efprity a préfidé, toutes les fois qu'ils ont été legi-timement affemblez. Leurs décifionsont été reçues par tous les fideles, avec refpect: & ceux qui ne s'y font pas foû mis, ont été retranchez de l'églife comme heretiques, c'eft-à-dire atta-. shez opiniâtrement à des erreurs.

Tome II

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Eufeb. 111.

hift. cap. S. 6. 7. &c.

LEÇON XLVIII.
De la ruine de Jerufalem.

Nviron quarante ans après l'afcenfion de JefusChrift, Jerufalem fut rui née comme il l'avoit prédit. Les Juifs fe revolterent contre les Romains, fous prétexte qu'ils étoient le peuple de Dieu, qui ne devoit pas être fujet des Gentils. Il y en eut grand nombre de maffacrez en divers lieux; & enfin Jerufalem fut affiegée & prife, après un long fiege, par Titus fils de l'empereur Vefpafien. Il n'y eut jamais de guerre plus cruelle. La famine fut fi horrible pendant ce fiege, qu'il y eut une mere qui mangea fon propre enfant. Il perit

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