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un fils. C'eft de ce fils que traite le fe cond article du fymbole & les fuivans. Nous croions donc que Dieu étant un efprit fe connoît lui-même, & qu'étant très-parfait il fe connoît très-parfaitement. De-là vient le Verbe, ou la parole interieure par laquelle il fe dit à lui-même tout ce qu'il eft, & fe reprefente tel qu'il eft. C'eft pourquoi le Verbe s'appelle auffi image & figure de la fubftance de Dieu. On le nomme encore fon fils,, Heb. X. 3 parce qu'il eft produit de fa fubftance; & ainfi tous ces noms, le fils, le verbe, l'image du pere, la fageffe, ne fignifient en effet que le même, c'eftà-dire la feconde perfonne divine & la premiere fe nomme pere, principe, ou fimplement Dieu, ou Seigneur. Cela n'empêche pas que le fils ne foir Dieu & Seigneur com me le pere, car le fils eft confubftantiel au pere, l'un & l'autre font le même Dieu; & quand on norme Fun le premier & l'autre le fecond, ce

n'eft pas à dire que l'un foit plus angien ou plus grand que l'autre. Dieu

n'a jamais été fans fe connoître ; & il fe connoît auffi grand qu'il eft: le verbe étoit en Dieu au commencement, & le verbe étoit Dieu. Ainfi l'ordre que pan. 1. nous obfervons en nommant les perfonnes divines, marque feulement que l'une procede de l'autre. Dieu ne peut fe connoître auffi parfait qu'il eft fansfe complaire en lui-même, & s'aimer d'un amour parfait; de-là vient le faint-Efprit, nommé aufli l'amour de Dieu : & comme le fils n'aime pas. moins le Pere que le Pere aime le Fils, le faine Efprit et l'amour com-mun de l'un & de l'autre, & procede de tous les deux. Il est égal à tous deux, puifqu'il n'y a rien en eux qu'ils n'aiment, & il eft par confequent & Dieu & Seigneur comme eux. Il ne s'enfuit pas pour cela qu'il y ait trois Dieux, mais trois perfonnes en un feul Dieu. Car le Fils n'a rien qu'il ne tienne du Pere, & le S. Efprit n'a rien qu'il ne tienne du Pere & du. Fils; & ils en procedent fans en for tir. Ce miftere n'a rien qui fe conedife: quifque nous ne. disons. pas

1

une perfonne, mais trois perfonnes, ni trois Dieux, mais un Dieu. Il est vrai que nous ne comprenons pass comment trois perfonnes diftinctes font un même Dieu. Il faut fe con-tenter de ce qu'il lui a plû de nous reveler, quoi qu'il ne nous l'ait pas expliqué évidemment. Si nous fommes fideles à pratiquer fes commandemens, il nous en donnera dans le ciel la vifion parfaite, qui fera no-tre felicité éternelle, & qui fait en attendant le fujet de notre efperance. Nous ne laiffons pas de voir en nous Aug. XI. ciune image imparfaite de la Trinité: car nous fentons que nous fommes, que nous connoiffons & que nous voulons, nous fçavons bien que connoî tre n'eft pas vouloir, & que nous pou-vons être fans connoître ou vouloir telle ou telle chofe: & nous fentons bien que tout cela eft nous mêmes. Mais il yea cette difference entre autres ; qu'en Dieu ce font des perfonnes diftinctes,/ & qu'en nous, ce ne font que des actrons de notre ame, qui avec notre: corps ne fait qu'une feule perfonne...

vit. 2. C. 26.

LEÇON IV.

De l'Incarnation du Verbe.

L

E fecond article du fym--
bole nous marque le myf

tere de l'incarnation, en
difant que le Fils de Dieu

eft Jefus-Chrift notre Seigneur. Nous Loan, 1.
croïons donc que le Verbe qui étoit
en Dieu au commencement, par qui
toutes chofes ont été faites, qui eft la
vie & la luiniere, que ce même verbe
s'eft fait chair, & a habité avec nous: #
c'eft-à-dire qu'il s'eft fait veritable-
ment homme, lui qui étoit Dieu de
toute éternité. Il a montré fur la terre
qu'il étoit l'un & l'autre. Conme Flavian.
Dieu il faifoit des miracles, comme
homme il fouffroit les incommoditeza
de la vie.. Comme homme il avoit

S. Leo ep. ad

faim, comme Dieu il multiplioit les pains: comme homme il pleuroit Lazare mort; comme Dieu il le reffuf citoit. Comme homme il a été tourmenté, crucifié, tué, enfeveli: comme Dieu il s'eft reflùfcité, a monté au Ciel. Or il eft Dieu & homme fans aucune confufion des deuxnatures divine & humaine, qui font demeurées Heb. iv. 15. en leur entier. Il est Dieu égal à son Pere & tout ensemble il eft homme femblable à nous, hors le péché. Il a comme nous un corps, & une ame, une chair veritablement fortie d'A dam, une ame créée à l'image de Dieu, Mon & ad avec fa volonté propre & fon entiere liberté. Quoiqu'en Jefus-Chrift les natures foient diftinctes, il n'y a toutefois aucune divifion de perfonne l'Homme Dieu eft un: il n'y a point deux Fils, ni deux Chrifts. Jesus-Chrift eft une feule & même perfonne, qui eft le verbe incarné. Le fils de Dieu eft le même que le fils de Marie :, &il eft vrai de dire que Marie eft mere: de Dieu, & que cet homme qui s'apgelle Jefus a fait des miracles. Ainst

Cyril. ep. ad

Regin.

on

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