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fes puiffances; en un mot tout ce que nous fommes: foit en lui promettant quelque chofe par un vœu ou par une fimple promeffe, foit en lui préfentant quelque bonne œuvre ou quel que fouffrance: foit en agréant fimplement la dépendance entiere dans laquelle nous fommes à fon égard quand même nous ne le voudrions pas: fui donnant de bon cœur la feule chofe qu'il a laiffé dépendre de nous, qui eft notre volonté & l'ufage de notre liberté. Ainfi ceux qui aiment Dieu veritablement, ne manquent jamaisde matiere, pour s'entretenir avec lui. Mais nous ne fçavions ni comment Rom virj. 19 nous devions prier, ni ce que nous devions dire dans la priere, fi le faint Efprit ne nous l'eût enfeigné. C'eft pourquoi Jefus-Chrift nous a donné un modele de priere, qui en renferme parfaitement toutes les efpeces, & c'eft l'oraifon dominicale. Nous adreffons toutes nos prieres à Dieu, par Je- Joan. xvj. fus-Chrift: parce que nous n'efperons Auguft. rien que par les mérites & ne voulons demander, que ce qui eft conforme à

13. & ibid.

fes intentions. Quand nous prions les Saints qui font dans le ciel, ce n'eft que pour leur demander leurs prieres, comme à ceux qui font fur la terre.

eeers

LEÇON XIV.

Des deux premieres demandes

L

du Pater.

'Oraifon dominicale eft telle: Notre pere, &c. Nous ne difons pas au fingulier, mon pere... donnez-moy mon pain... pardonnez-moy mes fautes; mais au plurier, notre pere, notre pain, nos fautes: pour montrer que nous ne prions pas pour nous feuls, mais pour toute l'églife: fuivant ce qui a été dit de la communion des Saints. Cette oraison contient fept demandes, dont les trois premieres regardent Dieu, les quatre autres nous regardent. Nous le nommons notre pere, parce qu'en effet, c'eft de lui que nous tenons la vie, le corps, l'ame, les biens: tout ce que nous fom

Gaf. IV. S.

mes, & tout ce que nous avons ;

il

a

fait nos peres & les peres de nos peres. Il eft encore notre pere par adop tion, c'est-à-dire, par la grace qu'il

nous a faite, à nous autres Chrétiens de nous mettre au rang de fes enfans, comme freres de Jefus-Chrift fon fils: nous qui ne fommes en effet que fes efclaves & fes ouvrages. Car adopter, c'eft prendre pour fils celui qui ne l'eft pas naturellement. Ce nom de pere * Joan. 3. j· marque encore la confiance que nous devons avoir en le priant; telle que P'ont des enfans en priant un bon pere. Nous difons qu'il eft aux cieux : non qu'il ne foir préfent par tout, puifqu'il fait tout & foûtient tout; P. xvij inais parce que ce font les cieux principalement, qui nous déclarent fa gloire. De plus, c'eft pour nous avertir de ne penfer qu'au ciel, où regne notre pere : & de ne lui demander que ce qui fert à nous y conduire. Nous demandons d'abord que for nom foit fanctifié que toutes les créatures lui rendent la gloire qui lui aft dûë: que non-feulement les Chré

tiens, mais tous les hommes l'honorent, l'aiment & le fervent comme il mérite. Or le nom de Dieu n'eft pas feulement deshonoré par les blafphêmes & les difcours impies: mais par tous les péchez des Chrétiens, qui donnent occafion aux héretiques & aux infideles de méprifer la vraie religion. Nous demandons enfuite que le roïaume de Dieu arrive. Ce roïaume eft l'état qui fuivra la refurrection generale & le jugement ; & nous ne le demandons pas fincerement fi nous avons encore quelque attachement à cette vie, & à l'état prefent du monde. La grace nous eft neceffaire, pour arriver à ce roïaume : & JefusChrift doit regner en nous dès à préfent par fa grace, pour affoiblir la concupifcence, & faire que le péché ne regne pas dans notre corps mortel.. Car le roïaume de Jefus-Chrift ne Rom. v.22: confifte pointen une puiffance fenfible & exterieure, comme celle des rois de la terre; mais dans un empire fur les eœurs & fur les volontez des fideles, qu'il gouverne par fa grace. Cette fe

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