utile, fi elle n'eft accompagnée des penfées & de l'affection du cœur. Au contraire on peut fort bien prier fans parler: lorfque l'on eft attentif à penfer à Dieu, à s'humilier devant lui, le remercier, lui demand.r pardon, former de bonnes refolutions, demander le fecours de fa grace, & pour foi & pour les autres. C'eft ce que l'on appelle oraifon mentale, c'est-à-dire, priere de l'efprit. C'est encore une efpece de priere, que les bonnes œuvres & les fouffrances; puifque ce font des preuves de l'amour de Dieu, qui eft l'effentiel de la priere. Et c'eft ainfi qu'il eft poffible de prier fans ceffe, comme il nous eft recommandé dans l'écriture puifqu'il eft poffible, & Luc. XVIII. même facile, quand on aime Dieu, 1. Thes. v. de fe tenir continuellement en fa pre-7. fence: non par une contention pénible d'efprit, mais par une fainte difpofition de volonté. Or la priere eft l'état le plus heureux de cette vie : puifque tant qu'il dure, nous fommes unis à Dieu autant que nous en fommes capables. Mat. xxij. 37. LEÇON XX. De l'amour de Dieu & du Oute la loi de Dieu fe rapporte à ces deux commandemens. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,. de toute ton ame, de tout ton efprit. C'eft-là le plus grand & le premier commandement. Le fecond lui eft femblable. Tu aimeras Jo. iv. 10 ton prochain comme toi-même. Il est bien jufte d'aimer Dieu, puifqu'il Sap, xj, 25. nous a tant aimez le premier. Il aime tout ce qui eft, & ne haït aucun dẹ fes ouvrages: puifque rien ne fubfifte Deut. x 4. que par fon amour. Lui à qui le ciel & la terre appartiennent, a bien daigné s'abaifler jufqu'à nous, & faire alliance avec nos peres, les délivrer & les proteger par de grands miracles; & les inftruire par fa parole. Enfin il : P. CIV. C nous a recherchez, lorfque nous étions Rom. vi. 6. fes ennemis & quoique tous les ibid. 111.10. hommes fuffent dans le péché, les Juifs auffi-bien que les Gentils, & qu'il n'y en eût pas un qui fift le bien, pfal. pas même un feul: Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné fon fils uni- Jo. 111. 16. que, afin que quiconque croit en lui ne periffe pas; mais qu'il ait la vie éternelle. Il nous a comblez de bene- Eph. 1. z. dictions fpirituelles: il nous a choifis avant la création du monde, & nous a prédeftinez, pour être fes enfans d'adoption. Nous étions morts par nos péchez, lorfque par fon exceffive Eph. 11. 4 charité, il nous a donné la vie : nous a reffufcitez avec Jefus-Chrift, & nous a fait affeoir avec lui dans le ciel. Nos peres étant Gentils, étoient éloignez de Dieu & étrangers de fes promeffes: Jefus-Chrift les a rapprochez, reconciliez à Dieu par la croix, & incorporez à fon églife. Il nous y inftruit continuellement par fa paro le, & nous donne tous les jours fon 1. Pet 1. 4. propre corps, pour notre nourriture, en attendant l'heritage incorruptible, qui nous eft refervé dans le ciel. Nous ferions bien ingrats de ne pas aimer un Dieu fi bon. Mais fi nous l'aimons, nous devons aimer aufli tous fes ouvrages : & particulierement les hommes nos freres, fes images comme nous. Celui qui n'aime point fon 7. Joan. 1v. frere qu'il voit, comment aimera-t'il Dieu qu'il ne voit point? Nous devons aimer notre prochain comme nousmême. Or nous ne devons nous aimer nous-mêmes que pour Dieu,nous conformant à l'amour qu'il a pour chrift. 1. c. nous & ne défirant autre bien, que celui qu'il nous veut faire; parcequ'il n'y en a point d'autre, qui foit notre vrai bien. C'est ainfi que nous devons aimer notre prochain: ne lui fouhaiter & ne lui procurer que le vrai bien; c'eft-à-dire, ce qui peut lui fervir pour connoître Dieu, & pour l'aimer de tout fon cœur. L'ordre de la charité eft donc : aimer Dieu fur toutes chofes, enfuite aimer en nous Aug. doct. * &c, Aug. ibid. c. 27. |