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font les objets. On peche contre la charité en particulier, par l'attachement aux créatures: qui nous porte la haine & au mépris de Dieu, même fans nous en appercevoir. Et comme ces pechez font les fources de tous les autres, on peut dire qu'il n'y a point de peché qui ne viole en quelque façon ce premier commandement. L'honneur que nous rendons aux Saints, ou à leurs images, n'a rien qui y soit contraire non plus que celui que nous rendons au roi, à fes officiers, & aux marques de leur dignité. Nous ne rendons tous ces honneurs aux créatures, que par rapport à Dieu, & pour l'honorer en elles. Nous honorons donc les Saints comme les amis de Dieu plus dignes d'honneur fans comparaifon, que tous les grands de la terre. Nous implorons leurs fecours, & nous nous recommandons à leurs prieres, comme à celles des hommes vivans, dont nous eftimons la pieté. Nous rendons graces à Dieu Conc. Trida de leurs victoires, qu'il a couronnées, Seff. 25. & nous reconnoiffons que tous leurs

Seff. 22.

mérites font fondez fur le mérite infini de Jefus-Chrift. Quant à leurs images, elles ne fervent qu'à nous faire fouvenir d'eux; les genuflexions, les réverences, & les autres actions exterieures, ne font que des fignes des fentimens que nous avons pour les originaux: & l'efprit dans lequel nous les faifons, eft fuffifamment exprimé par les termes dont nous ufons en nos prieres. Les images qui reprefentent les perfonnes divines, font tirées de l'écriture fainte. Dieu s'accommodant à notre foibleffe, a quelquefois appaDan. v11. 9. tu à ses prophétes, fous la forme d'un venerable vieillard, pour fignifier en quelque maniere fon éternité; & pour nous faire entendre que fon faint-Ef prit eft l'efprit de douceur & de paix, il l'a fait paroître fous la forme d'une colombe.

Apoc. IV. 2.

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ru

LEÇON XXIII.
Du fecond commandement.

L

E fecond commandement
nous oblige à honorer le
nom de Dieu, en l'invo-
quant &, lui rendant les

louanges qui lui font dûës. On l'ho-
nore auffi par les voux, qui font des
promeffes que l'on fait à Dieu, de Num. xxx
faire quelque bonne œuvre, à la-
quelle on n'eft pas obligé : comme
de vivre en continence, ou en pau-
vreté. On rend encore honneur au
nom de Dieu, en le prenant à temoin
de la verité par les fermens qui fe font Deut.
avec refpect & religion. Comme lorf-
que les princes jurent des traitez de
paix & d'alliance, & l'orfque les Offi-
ciers prêtent ferment à leur récep-
tion, ou que les particuliers font fer-
ment en juftice. Mais les hommes mé-

chans & menteurs abusent souvent de ce moyen d'affûrer la verité : en affûrant avec ferment des fauffetez, en joignant des fermens à des veritez peu importantes, ou s'en fervant pour marquer de la colere, & pour fe rendre terribles; ou les mêlant à leurs difcours fans aucun fujet. C'eft pourquoi ce précepte nous défend de prendre le nom de Dieu en vain : c'eft-à-dire, de faire aucun ferment, que dans les ocMatt. v. 34. cafions très-importantes. Notre Seigneur ajoute dans l'évangile : Et moi je vous dis de ne point jurer du tout: c'est-à-dire, de votre autorité privée, & hors les occafions publiques, comme les trois qui ont été marquées : car tout ferment est une impieté, s'il n'eft Levit. xIx. pas un acte de religion. Or dans les rencontres où le ferment eft legitime, c'eft un grand peché de jurer fauffement, ou ne pas accomplir ce que l'on a promis avec ferment, & c'est ce qui s'appelle parjure. C'eft auffi un peché de promettre avec ferment quelque mal: mais ce feroit un fecond peché de l'executer. Un autre grand

II.

Pfal. XIV. S.

peché

péché contre ce commandement, eft le blafphême ; c'est à proprement parler, toute parole injurieufe à Dieu: & l'on peut mettre en ce rang, tous les fermens qui ne font en ufage que parmi les méchans & les infolens, & dont on ne fe fert point en juftice: car ces fermens témoignent un mépris manifeste de Dieu. Les blafphêmes les plus criminels font ceux qui attribuent à Dieu d'être auteur du mal, ou quelque autre qualité indigne de lui, fur tout s'ils font dits avec connoiffance & réflexion. Ce font auffi des blafphêmes, que les paroles qui attaquent la fainte Vierge, ou les autres faints: parce que les injures que l'on leur fait retournent contre Dieu même : comme les honneurs que l'on leur rend se rapportent à Dieu. On péche à l'occafion du vou en plufieurs manieres: en faifant vœu de quelque chofe mauvaife, ou trop legere; en volant temerairement en n'accompliffant pas le vœu bien fait, ou le differant fans grande caufe en accompagnant le vœu de quelque fuperftition.

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