252 LEÇON XXX Des Miracles de Jesus-Chrift. Efus faifoit une infinité de miracles, pour montrer que Dieu l'avoit envoïé, & qu'il parloit de fa part. Ces mira cles n'étoient ni pour l'oftentation, comme ceux des magiciens & des impofteurs, ni pour la terreur, comme la plupart de ceux de Moïfe & d'Elie mais pour gagner les cœurs, fe faifant fur les hommes mêmes, & leur donnant les biens qu'ils eftiment le plus, lá fanté & la vie. Il guerit, en differentes rencontres, une multitude innombrable de perfonnes affligées de toutes fortes de maladies: de la fievre, du flux de fang, de l'hydropifie, de la paralifie, de la lepre. Il les gueriffoit en un momeng; fouvent d'une parole, quelque Marc. 1. 33 fois fans les voir, ni en approcher. Il fuffifoit de toucher le bord de fon manteau pour être guéri. Par tout où il paffoit, on apportoit les malades des environs, & on les mettoit dans Mat. v. se les rues & dans les places des villes. Souvent même on affiegeoit la maison où il étoit logé, & on ne lui donnoit pas le loifir de manger. On le fuivoit pat tout, même dans les lieux déferts, 45. 111. 20 où il étoit contraint de fe rétirer pour éviter la foule. Il rendit la vûë à plu- Joan. 18 fieurs aveugles; entr'autres à un aveugle né, en lui mettant fur les yeux un peu de boue. Il fit parler des muets & entendre des fourds, redreffa des boiteux & des perfonnes courbées. Il chaffa les demons des corps de plufieurs poffedez. Enfin il rendit la vie Marė. 36. à plufieurs morts. L'hiftoire nous en marque trois : une jeune fille qui venoit de mourir, un jeune homme que Pon portoit en terre, & Lazare enterré Jo x1. depuis quatre jours. On vit Jefus marcher fur les eaux, & il y fit mar[y cher faint Pierre. Une fois il appaifa une tempête, en menaçant les vents Luc. VII. II. & la mer. Il fit quelquefois prendre à Joan. v. fes difciples une quantité extraordi naire de poiffon. Un jour il raffafia de cinq pains & de deux poiffons, cinq mille hommes, qui l'avoient fuivi dans le défert, & une autre fois, il en raffafia quatre mille avec fept pains. Ilfe rendit invisible quand il voulut. Il connoiffoit les plus fécretes penfées des Marc, xv 11, hommes, & prédifoit l'avenir. Etant en priere fur le mont Tabor, avec trois Luc. Ix 28. de fes difciples, Pierre, Jacques & Jean; tout d'un coup il fut transfiguré, c'eft-à-dire que fes habits devinrent plus blancs que la neige, & fon vifage plus éclatant que le foleil. Les difciples virent Moife & Elie, qui s'entreteJo x 25. noient avec lui, & ils entendirent une voix qui dit : Celui-ci eft mon fils bien aimé, en qui je me plais, écoutez-le. Tous ces miracles prouvoient manifeftement que Jefus étoit ce qu'il difoit, c'eft-à-dire le Chrift & le fils de Dieu. Il n'en faifoit pas feulement par luimême, mais il donnoit encore à les difciples le pouvoir d'en faire de femblables, & même de plus grands LEÇON XXX I. Des vertus de fefus-Christ. Mattb. '19. N même tems que Jefus, Matth. xx. étoit humble de cœur : il fe difoit fils de l'homme, ce qui fignifioit un homme du commun & de petite naiffance, comme il paroiffoit. Je fuis venu, 28. difoit-il, pour fervir, & non pas pour être fervi. Il cachoit les miracles le plus fouvent, défendant aux malades de dire qu'il les eût gueris, & faifant taire les démons, qui crioient qu'il étoit le fils de Dieu. Il s'enfuit tout feul, lorfque ceux qu'il avoit nourris dans le défert, le vouloient enlever pour le faire leur roi. P. &c. Jo. VI. 137 Math. xii. 28. Ce n'étoit point fa gloire qu'il cherchoit, mais celle de fon pere qui l'avoit envoïé. Il étoit plein de douceur & de bonté, ne conteftoit point, n'élevoit point fa voix, & ne rebutoit perfonne. On lui amena un jour des enfans pour les benir & prier pour eux les apôtres le vouloient empêcher; mais il les en reprit; fit approMath. xix. cher les enfans, les embraffa & les bénit en leur impofant les mains : & dit, qu'il falloit reffembler aux en 13. 2. Math. xv. fans, & être petits comme eux, pour entrer dans, le roiaume des cieux. Il fouffroit avec une patience merveilleufe les défauts de fes difciples, qui étoient des hommes groffiers & ignorans, & les importunitez des malades & des autres, dont il étoit continuellement accablé. Il paffa fa vie dans une extrême pauvreté, n'ayant ni terre, ni maifon, ni feulement où repofer fa tête. Il fubfiftoit de ce que lui fourniffoient liberalement ceux Jo. IV. 6. qu'il inftruifoit, particulierement de faintes femmes, qui le fuivoient pour le fervir. Il fouffroit toutes les in Luc. IX. 58. |