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et charnue, parce que s'étalant sur la terre où elle forme des étoiles de verdure, elle ne craint point les vents: elle est découpée profondément en dents de scie, pour ouvrir un passage aux graminées; et ses dentelures se recourbent en dedans pour recevoir les eaux de pluies, et les porter à la racine. Ainsi la nature proportionne les moyens à chaque sujet, et redouble d'attention pour les plus faibles. La sphère du pissenlit est plus artistement faite que le cône du cèdre, et est sans contredit bien plus volatile. Il faut des tempêtes pour porter au loin la semence des cèdres; il ne faut que des zéphyrs pour ressemer celle des pissenlits. Il faut de plus un Liban pour planter le premier, et à l'autre il suffit d'une taupinière. Ce petit végétal est aussi bien plus utile dans le monde que le cèdre; il sert à la nourriture de plusieurs quadrupèdes, et de beaucoup de petits oiseaux qui se repaissent de sa graine. Il est fort salutaire à l'homme, sur-tout au printems. Aussi on voit alors beaucoup de pauvres gens qui cueillent ses jeunes pousses dans les campagnes. C'est le seul aliment que la nature présente encore gratuitement à l'homine dans notre climat. Il vient par-tout dans les lieux secs, et jusque dans les intervalles des pavés. Il tapisse souvent les cours des hôtels dont les maîtres n'ont pas beaucoup de cliens, et semble y appeler les misérables. Ses fleurs dorées émaillent très-agréablement le pied des murs, et sa sphère de plume relevée sur une longue hampe au sein d'une étoile de verdure, ne laisse pas d'avoir son agrément.

C'est donc la feuille qui détermine particulièrement le site naturel d'un végétal; car, comme nous l'avons vu, il y a des plantes aquatiques qui ont leurs graines

volatiles, parce qu'elles croissent sur les bords des lacs ou des marais qui n'ont pas de courans, tels que le saule et le roseau; mais leurs feuilles alors n'ont point d'aqueducs. Il y en a même qui sont pendantes, et qui, par cette attitude, refusent les eaux du ciel. L'érable de Virginie, qui se plaît sur les bords des lacs, des marais et des criques, a des graines attachées à des. ailes membraneuses, semblables à celles d'une mouche, comme celle de l'érable de montagne qui est représentée ici. Mais il y a cette grande différence entreeux, que la large feuille du premier est pendante, et attachée à une longue queue, que cette queue, loin d'avoir un aqueduc, a une arrête ; et que la feuille de l'érable de montagne, qui est d'une moyenne grandeur, anguleuse et corticée pour résister aux vents, s'élève presque verticalement, et porte un aqueduc sur sa queue pour recevoir les eaux du ciel.

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GRAINES AQUATIQUES;

PLANCHE V.

Tome second, page 379.

Les graines aquatiques ont des caractères entièrement opposés à ceux des graines de montagnes, si on en excepte, comme je l'ai dit, celles qui viennent sur les bords des eaux stagnantes; mais celles-ci même ont à la fois des caractères volatils et nautiques, car elles sont amphibies. Elles surnagent dans l'eau, et elles volent en l'air; telle est celle du saule, etc. C'est la feuille qui détermine le site, comme je l'ai dit : car les plantes aquatiques n'ont jamais d'aqueduc sur leurs feuilles. La plupart même repoussent les eaux. Jamais les feuilles de nymphæa et de roseau ne se mouillent. Il en est de même de celles de la capucine, qui ne sont jamais humides quelque pluie qu'il fasse, quoique cette plante aime beaucoup l'eau; car elle en consomme des quantités prodigieuses dans sa culture. Je suis persuadé que, si un marais était ensemencé de cette sorte de plante, il serait bientôt desséché. La feuille du martinia de la Vera-Crux, qui est représentée ici dans les plantes aquatiques, est au contraire toujours humide. Elle a même dans son premier développement une cannelure sur la queue. Par ce double caractère montagnard, je soupçonne que le martinia croît sur les bords arides et sablonneux de la mer; car la nature, pour

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EXPLICATION DES FIGURES.

varier ses harmonies, met des lieux fort secs sur les
bords des eaux, comme elle met des flaques d'eau et
des marais dans les montagnes. Mais par la forme de la
gousse du martinia, qui ressemble à un hameçon de
dorade, je la crois destinée aux lieux exposés aux dé-
bordemens de la mer, tel qu'est en effet le terrain de
la Vera-Crux, d'où cette espèce est originaire. Je pré-
sume donc, que lorsque les rivages de la Vera-Crux
sont inondés par les grandes marées,
les grandes marées, on doit voir des
poissons accrochés à cette plante; car la tige de sa
gousse est très-difficile à rompre, ses deux crochets
sont pointus comme des hameçons, et élastiques et
durs comme de la corne. De plus, quand on la trempe
dans l'eau, ses sillons ombragés de noir brillent comme
s'ils étaient remplis de globules de vif-argent. Or,
l'éclat de la lumière est encore un appât qui attire les
poissons. Ce ne sont là que des conjectures; mais je
les fonde sur un principe bien véritable, c'est que la
nature n'a rien fait en vain.

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Faiblesse de la raison. Du sentiment; preuve

de la Divinité et de l'immortalité de l'ame

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